Un dimanche pas comme les autres où des supporters du RCN, aussi, chantaient…

 
Dimanche ! Joseph a retrouvé sa cabane, son balai, son râteau et son pinceau. Il faisait beau. Le ciel et le vent étaient au repos. Loin de la ville et des écrans, le chant de deux oiseaux donnait une grande intensité au calme qui l’environnait. Il ne ressentait aucune fatigue et n’éprouvait aucun autre désir que celui de peindre une petite bordure en ciment. Intellectuellement, il souffrait cependant de ne pouvoir mettre un nom sur ces deux oiseaux que les trilles, frais et légers, ravissaient. Comme souvent dans ce genre de circonstances, il mesurait l’étendue de son ignorance des choses les plus élémentaires de la vie : il en était vraiment attristé. À quoi bon tant et tant lire, si c’est pour rester muet devant l’alphabet d’une nature si prolixe en beautés. Il pensait à cela et au déluge quotidien d’informations et de débats sur la marche du monde qui l’assaillait. Là, peignant, qu’en restait-il ? Rien, ou si peu. Des images floues, toujours les mêmes, comme autant de prétextes à occuper et nourrir indéfiniment son esprit d’un scepticisme capricieux, disons modérément « joyeux »… Le soir venu, confortablement assis dans son fauteuil, devant sa fenêtre grande ouverte, de bruyants coups de klaxons le firent sursauter alors qu’il lisait, détendu, quelques pages du journal de Matthieu Galey. C’étaient des supporters de l’équipe locale de rugby. Ils chantaient, façon de parler, tant ils braillaient, la victoire et l’accession de leur club en Pro 2. La gazette du lieu, ce matin, enthousiaste, lyrique et chauvine, a repris leurs mots et leur joie ; les élus passés, présents et à venir aussi – qui en ont « rajouté » : « fierté d’être narbonnais » ; le « peuple narbonnais dit merci au RCN » etc. Des airs et des slogans simplets ou intéressés qui laissaient Joseph, perplexe, dubitatif. Mais il ne s’attarda pas trop, en pensée, sur ces manifestations outrées de liesse populaire et politique : il lui fallait à présent « monter » une chaise IKEA, en bois, sophistiquée, sur laquelle installer le petit Milo pour le repas du soir. Un travail qui nécessite la plus grande attention…
 

 

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