Voyage au long du temps…
Ma.9.4.2024
Texte publié sur ma page Facebook.
Ce matin tôt, il devait être quatre heures, la pluie et le vent m’ont réveillé. Heureux présage ! Depuis, vous avez été très nombreux à me souhaiter un bon anniversaire via Messenger. Une attention réconfortante dans ce voyage au long d’un temps qui ne se déroule jamais comme nous le souhaiterions. Mais soyons malgré tout optimiste et chantons en cœur avec Antonio Machado son magnifique poème ; poème trop rarement cité en son entier.
Merci encore à vous tous.
« Jamais je n’ai cherché la gloire
Ni voulu dans la mémoire des hommes
Laisser mes chansons
Mais j’aime les mondes subtils
Aériens et délicats
Comme des bulles de savon.
J’aime les voir s’envoler,
Se colorer de soleil et de pourpre,
Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,
Puis éclater.
À demander ce que tu sais
Tu ne dois pas perdre ton temps
Et à des questions sans réponse
Qui donc pourrait te répondre ?
Chantez en cœur avec moi :
Savoir ? Nous ne savons rien
Venus d’une mer de mystère
Vers une mer inconnue nous allons
Et entre les deux mystères
Règne la grave énigme
Une clef inconnue ferme les trois coffres
Le savant n’enseigne rien, lumière n’éclaire pas
Que disent les mots ?
Et que dit l’eau du rocher ?
Voyageur, le chemin
C’est les traces de tes pas
C’est tout ; voyageur,
il n’y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur ! Il n’y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.
Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer »
Antonio Machado
(1875-1939).
Poème extrait de Champs de Castille, précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre. Traduit de l’espagnol par Sylvie Léger et Bernard Sesé. Collection Poésie, Gallimard.
Rétrolien depuis votre site.
GG De La Cueva
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J’étais il y a peu à Soria où il avait commencé à ecrire « campos de Castilla » et où feu Leonor sa première épouse, a été inhumée quelques semaines après sa publication.
Il n’est plus jamais retourné dans cette ville où il était simple professeur de Français quand il a épousé sa jeune 《Leonor》 à peine âgée de 15 ans.
Le Parador de la ville où je logeais porte d’ailleurs le nom d’Antonio Machado.
Et c’est dans son Andalousie natale à Baeza, qu’il publie une nouvelle édition de « campos de Castilla » incluant des poèmes relatifs à la mort de Leonor.
Outre l’œuvre du poète je retiens de lui cette anecdote de
1931 quand il proclame la République à Ségovie, en hissant le drapeau républicain sur l’hôtel de ville au son de La Marseillaise.
Triste fin et comme un clin d’œil à l’histoire, c’est à quelques pas de son pays, dans cet autre pays qu’il a tant aimé, à Collioure, qu’il ferma les yeux pour toujours.
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Michel Santo
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Merci ! Si vous ne l’avez pas déjà vu, je vous recommande le beau documentaire le concernant sur Netflix : Los dias azules. Bonne soirée.
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