𝐌𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐞 : 𝐋𝐞 𝐓𝐞𝐩𝐩𝐚𝐳, 𝐑𝐚𝐳𝐢𝐦𝐛𝐚𝐮𝐝 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐕𝐢𝐠𝐧𝐞𝐬 𝐌𝐨𝐫𝐭𝐞𝐬.

Elle est allée dans sa chambre. Elle est revenue. Elle tenait un disque. Marcel Amont.
« Je l’ai trouvé dans les affaires de Maman. »
C’était le premier chanteur. Mince et élégant. Mon père le passait. Le Teppaz tournait. « Bleu, blanc, blond. »
Nous étions dans les années soixante. L’appartement à loyer modéré à Razimbaud. Quatre immeubles. Des vignes mortes. Des terrains nus pour les futurs travaux.
Le Teppaz. Avant la télévision. Avant la première voiture. Une Ami 6.
Il n’y avait pas de commerces. Les ambulants passaient. Le laitier. Le boucher. Pas de transports publics.
Notre bloc, c’était le Jaune. C’était la couleur de nos volets. Devant : une forêt d’étendoirs. Les hommes les avaient posés.
Nous avions treize ou quatorze ans. L’âge où le corps se souvient de tout. Les peurs, les désirs. Le plaisir et la peine. Tout s’écrivait en nous.
La campagne autour était notre terrain. Une aire de jeu immense pour les enfants. Un monde.
Cette France est finie.
Je racontais ça à Dany. Elle ne se souvenait de rien. Elle m’a regardé. Le disque dans sa main. Elle s’enfonce. Le passé est sans mémoire. Les chansons s’arrêtent pour elle.
𝐈𝐥𝐥𝐮𝐬𝐭𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 : Razimbaud, deux, trois ans avant les premières livraisons d’appartements.
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