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Scène de rue : un étrange et audacieux nécessiteux !

 
 
 
 
Je.9.2.2023
 
Scène de rue.
 
Il était 18 heures, hier, quand je suis sorti du Monoprix de la place de l’Hôtel de Ville, mon pack de 6 bouteilles d’eau d’un litre et demi à la main. Devant moi, une dame, charmante, était à l’arrêt, son caddie à ses pieds. Un homme, la trentaine environ, long et d’apparence décente, s’est avancé timidement vers elle. Je me suis rapproché, un peu troublé par le comportement de cet individu et j’ai attendu qu’il se décide à prononcer quelques mots afin de m’assurer que la scène se dénouerait sans incident. Il était enfin parvenu face à la dame au caddie, dont je pensais qu’elle devait avoir le double de son âge. Elle épluchait, concentrée, son ticket de caisse. Il s’est alors penché, lentement, à hauteur d’yeux pour ne pas la brusquer et lui a demandé sur un ton grave et solennel : « Madame ! on peut avoir un contact sexuel ? » Qui lui a répondu, surprise, sans agressivité, avec une pointe d’ironie appuyée cependant « Ah ! Ça non ! » Sur ce, nous avons tous trois repris notre chemin. Comme si rien ne s’était passé…
 
 
 

Tout homme est responsable de son sourire…

 
 
 
 
 
 
Me.8.2.2023
 
Moments de vie. Sourires !
 
J’aime regarder les gens. Je suis attentif à leur façon de bouger et de se déplacer ; à leurs gestes et leurs démarches. À leurs visages surtout. Qui traduisent souvent leurs pensées, leurs émotions. Des visages qui deviennent, les années passant, le reflet de leurs vies. Bonnes ou mauvaises. J’en croise chaque jour des dizaines, dans la rue. Beaucoup sont penchés sur les écrans de leurs téléphones. Ceux-là ont le sourire banal ou béat. Parfois vulgaire ou insolent. D’autres sont perdus dans leurs pensées. Leur visage semble figé, triste ou mélancolique. Au contraire de ce visage souriant croisé ce matin. Celui d’une dame inconnue qui hier encore tenait par la main une personne plus âgée au visage tendu par la fatigue et les douleurs. Lors de nos quotidiennes rencontres, nous échangions un sourire de politesse. Aujourd’hui, son visage n’était pas tourné vers le mien. Il souriait dans le vide. Aux anges, dit-on. J’ai souri aussi. Sans raison. C’est Camus qui écrivait : « Au-delà d’un certain âge, tout homme est responsable de son visage. »
 
 
 
 
 
 

Souvenirs de février, brûlures d’enfance…

 
 
 
 
 
 
Moments de vie.
 
Souvenirs de février.
 
Ce matin-là il faisait froid
dehors aussi pesait la nuit
et le silence et son odeur
de café au lait mal dosé
qui nouait tripes et voix
Pas un mot ne fut prononcé
ce matin-là où je devais
abandonner mon enfance.
Des images grises seules
restent encore vivantes
mais floues Comme sa présence
lourde et discrète effacée
Ce boulevard mal éclairé
cette gare sinistre et
ventée Et ce long voyage
solitaire et cette neige
et ce château de Montbéliard
dans lequel je rêvais plus tard
d’amandiers en fleurs de soleil
et d’étés
 
 
 
 

Mes amis virtuels sont-ils de vrais amis ?

 
 
 
 
 
Je.2.1.2023
 
Attachements.
 
J’ai des centaines d’amis virtuels sur Facebook. Je ne peux évidemment pas lire tout ce qu’ils publient sur leurs pages. Le rejet du blablabla et de la répétition, mes goûts ont fini par en sélectionner quelques-uns. D’autres aussi lisent mes textes sans que je le sache, et certains, souvent les mêmes, réagissent à mes publications. Finalement, ce commerce quotidien que j’entretiens avec ces derniers et le cercle de ceux que je fréquente régulièrement leur donne à tous un semblant de réalité. Jusqu’à m’inquiéter de leur silence. Pour apprendre un jour le suicide virtuel ou la mort réelle de l’un deux. Je sais alors qu’il va me manquer. Comme peut nous manquer un ami de chair dans la « vraie vie ».
 
 

Quelques images et quelques mots resteront. Si peu pour une vie !

 
 
 
Di.29.1.2023
 
Le monde est plein de secrets. Nous croyons connaître ceux qui sont près de nous, mais le temps nous révèle que nous en savons toujours moins ; que la zone d’ombre sur leur vie enfle et s’étend toujours plus. Je la regarde assise à mes côtés dans cette salle désespérément silencieuse. Que sais-je d’elle et de son histoire ? De son enfance, de ses amours et de ses peurs. Quelques phrases seulement prononcées par d’autres. Et trop tard. Elle parlait peu et n’avait pas d’amis. Elle n’ouvrait sa porte qu’à ses enfants. Je sais à présent qu’elle avait peur du monde. Fille d’un violeur anonyme, elle était sans doute là quand des miliciens vinrent arrêter son père adoptif pour l’expédier à Buchenwald ? Je sais aussi qu’elle n’a jamais connu la tendresse. Celle qu’on peut attendre d’un être aimé. Et qu’elle n’a jamais pu, ou su, vraiment aimer. Je la regarde assise à mes côtés. Autour de nous, des regards vides. Toute la sourde douleur d’êtres en détresse. Et elle, si petite, si menu. Si fragile. Les jambes et les genoux serrés, elle noue et dénoue ses mains légèrement bleutées. C’est sa façon de crier, essaie-t-elle de me dire. Toute sa vie, elle aura ainsi retenu ses angoisses et ses colères. Son amour aussi. Je ne la quitte pas des yeux. Et le temps passe. Lourd. Il étend son ombre. Toujours plus dense. Je ne saurai jamais ce qu’elle cache. Quelques images et quelques mots resteront. Toujours les mêmes. Si peu pour une vie !
 
 
 
 
 
 

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