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Des mémoires inutiles.



La Servitude volontaireOn tombe, au hasard de ses livres et de leurs pages, sur La Boétie et son célébrissime « Discours de la servitude volontaire » et l’on se dit que cet éblouissant « ancien » vaut tout ce qui se publie de prétendument moderne. A le lire et le méditer, que pèsent en effet les mémoires d’un de nos derniers Président de la République et celles de son dernier premier ministre ? Certes, elles figurent en tête du palmarès des meilleures ventes et leurs éditeurs s’en portent bien. Mais que nous enseignent elles qui nous informe sérieusement sur la marche du monde et ceux qui prétendent la gouverner ? Rien ! La seule chose dont nous soyons en revanche certain est qu’elles seront le prétexte à deux ou trois « Vivement dimanche » où nos mémorialistes viendront compléter la longue liste des saltimbanques de la scène et de la chanson venus y promotionner leur prose, en général écrite par d’autres. Aussi, et parce que l’actualité dans ma ville et ma région est à la romanité, je ne résiste pas à l’envie de conclure ce billet d’humeur sur la vacuité de ces textes politiques qui se veulent édifiants par cette observation faite à 18 ans par un jeune homme qui, aujourd’hui, en aurait 447 : « 
Les empereurs romains n’oubliaient surtout pas de prendre le titre de Tribun du peuple, parce que cet office était tenu pour saint et sacré ; établi pour la défense et la protection du peuple, il jouissait d’une haute faveur dans l’État. Ils s’assuraient par ce moyen que le peuple se fierait mieux à eux, comme s’il lui suffisait d’entendre ce nom, sans avoir besoin d’en sentir les effets. Mais ils ne font guère mieux ceux d’aujourd’hui qui, avant de commettre leurs crimes les plus graves, les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux. On connaît la formule dont ils font si finement usage ; mais peut-on parler de finesse là où il y a tant d’impudence ? » On rêve à ce genre d’audace si finement brodée dans nos gazettes de province, et d’ailleurs !

De Rome à Narbonne…


Georges Frêche est un grand humaniste. Amoureux de culture et des plus grandes œuvres de l’esprit, il promène le sien, subtil et éclairé, dans tous les sites marqués et dotés par l’histoire d’œuvres emblématiques du Languedoc-Roussillon. Toujours à la recherche de ce qui pourrait donner du lustre à son ouvrage de grand bâtisseur, à l’image du Laurent Médicis qu’il se figure incarner pour la ville de Montpellier, il égrène, en ces temps de campagne électorale, un chapelet de projets régionaux qui feront assurément la renommée de notre beau département de l’Aude. On savait son désir d’installer un téléphérique à Peyrepertuse pour soulager des touristes tendanciellement en surpoids, le voilà à présent décidé à les installer, à Narbonne, dans un musée de la romanité pour y faire la claque. Un musée
qui ,selon ses dires, devrait être : « un mélange ultra scientifique pour les spécialistes comme (lui) et un truc pour les touristes, du style arènes en carton pâte avec des tournois de gladiateurs bidons » . La raison sans doute pour laquelle il a nommé l’ancien conservateur du musée de la bande dessinée d’Angoulême pour en styliser les grandes lignes. Du grand art ! Ave Georges…

Qui parle encore de Copenhague?



Qui parle encore de Copenhague ? En décembre, nous avions, nous martelaient les médias, 15 jours pour sauver la planète. Les déserts, inexorablement, progressaient et les eaux, fatalement, montaient. Et notre survie dépendait d’une révolution existentielle centrée sur l’agriculture bio, l’électricité solaire et la bicyclette. Depuis, la France et une grande partie de l’Europe se gèle et skie, même en milieu urbain. Les routiers rouspètent, les automobilistes râlent et Duflot, aux Maldives, s’énerve. Quant à la taxe carbone, pauvrette, elle repasse à la cuisine gouvernementale. Pas assez salée pour les Sages ! Ainsi va le temps qui prend toujours à contrepied nos oracles et professeurs de vertus.

La leçon de Camus.

Le 4 janvier 1960, Albert Camus se tuait dans un accident d’automobile. Il y eut des éloges sincères. Et d’autres qui ne l’étaient pas, prononcés par ceux qui, de son vivant, ne « voulant pas désespérer Billancourt » au nom de la défense du « socialisme réel », l’avait traîné dans la boue. Ceux là même qui préférèrent avoir eu tort avec Sartre et qui occupent toujours les esprits d’une « petite bourgeoisie intellectuelle » toujours prête à cautionner, au nom d’un anti-américanisme pathologique, les diverses formes de terrorisme et de fanatisme pourvues qu’elles se présentent sous les traits d’un peuple idéalisé ou d’une classe dominée.

Camus avait pourtant averti que le bacille de la peste veillait et veillerait jusqu’à la fin du monde; et qu’il était tapi au plus profond de nos consciences, fussent-elles éclairées par la recherche du bonheur ici-bas.

Cette leçon, je l’ai comprise un peu tard. L’attrait et le charme d’une posture romantique sans risque, théorisée  par les détracteurs de Camus, étaient à l’époque trop puissants pour des jeunes gens avides de changer le monde.

Depuis, il est mon compagnon de route…