Cannes !
J’en faisais la confidence à un ami : tout ce cirque médiatique autour du festival de Cannes m’exaspère. Au point que je ne peux plus voir un tapis rouge sans me figurer de pompeuses starlettes aux bras de tragiques barbons ; une croisette aussi où s’exhibe un croustillant mélange de bêtise, de vanités et de puériles mondanités, alliant un ostentatoire luxe à d’insignifiants bavardages.
Pendant que le bourgeois dort tranquillement…
Humeur !
Bénédicte Bonzi est chercheuse associée au Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales de l’EHESS. Sous le titre « Le don de nourriture est devenu la béquille d’un système alimentaire prédateur » – Oui ! prédateur ! –, elle répond, dans le Monde d’hier, aux questions de Youness Bousenna. J’en extrais ce passage – qui m’a fait sursauter ! –, car, débarrassé des afféteries rhétoriques obscures propres au milieu universitaire des sciences humaines, il me semble très révélateur des parti-pris idéologiques et politiques des très nombreuses cohortes de « chercheurs » – sociologues, anthropologues, politologues et divers – régulièrement invités dans les colonnes des quotidiens Le Monde et Libération, notamment. L’intérêt de ce genre de publications – entretiens, chroniques, etc., oui ! l’intérêt, est, en effet, d’en faire ressortir les idées directrices qui, banalement militantes, ne se distinguent guère, si l’on en retire le vernis pontifiant, de celles abondamment exposées dans les tracts des diverses obédiences « wokistes et insoumises ». Il arrive même, parfois, pour mon plus grand plaisir en tout cas, comme ici, qu’une ou deux phrases en révèle aussi le caractère hautement et bêtement comique. Voici :
Ce clocher de Saint Paul, qui résiste.
De ma terrasse !
Ce clocher de Saint Paul, qui résiste. Ces hirondelles, qui chassent. Ces mousses, qui colorent les tuiles. Cette coulée verte, qui frissonne. Ce yucca, qui plastronne. Ce ciel gris, qui grimace. Ce soleil, qui viendra. Ce silence, sous les toits. La Clape, qui s’étire. Ces mots, qui hésitent. Tout persiste. Le monde gronde. L’horizon écoute.
Inexorablement vieux, oui ! Mais…
Moments de vie. Sur la vieillesse.
Il suffit de quelques jours à peine pour que celui que nous connaissions toujours alerte et vivant malgré son âge – le mien ! – montre à son insu et sur son visage les signes d’une humeur sombre et affligé. Celui de René, rencontré hier sur la promenade des Barques, exprimait de manière frappante ce brusque changement d’état. Je m’en étonnai à haute voix. Il me répondit sur un ton faible et las, qu’il avait été hospitalisé récemment. Entre-temps, un ami commun s’était joint à nous. Qui s’empressa de nous raconter ses ennuis prostatiques et ses nuits hachées par de vaines et furieuses envies d’uriner. L’âge, affirmaient-ils avec fatalité. Pourtant, aucun de ces maux, disons très pénalisant, ou maladies propres, paraît-il, à de presque octogénaires comme nous, ne m’affecte, plaisantai-je. Je devais toutefois constater et admettre, plus sérieusement, qu’autour de nous, nombre de nos relations en souffraient. Je ne comptais pas celles, en effet, boiteuses en attente d’opérations des genoux ou des hanches, ou d’autres souffrant de maladies beaucoup plus graves. Ce qui requiert de grands efforts de l’esprit pour les accepter ; et ne pas les subir comme un outrage, une offense à notre propre image, songeai-je à haute voix. Il faut donc agir à temps, dis-je, à mes amis. Inexorablement vieux, oui ! Mais le plus possible ingambe et indépendant. La vieillesse a un plus grand besoin d’activités physiques et intellectuelles : lecture, écriture, notamment, ajoutai-je. Allez ! mes amis, je vous laisse à présent : j’ai précisément l’idée d’un petit travail d’écriture !








