J’ai alors vu sur leurs épaules se poser deux colombes…

   

Je.10.8.2023

Le Vent du Nord s’est brusquement levé en début d’après midi. Un vent violent, sec et chaud. Avec des rafales tempétueuses. Elles couvraient tout le ciel et la terre. Je voyais les quelques pins noueux et tordus qui bordent ma cabane tenter de s’accorder à leurs rythmes délirants. J’entendais aussi les craquements sinistres de leurs branches mortes, brûlées sous l’effet combiné du soleil et du sel. Et du vent. Un cyprès seul gardait son insolente élégance. Qui semblait se jouer de cette vaine et brutale agitation. Il signait de belles arabesques sur un fond de ciel dur, minéral. Sans nuage. Et la mer dont je m’étais approché était plate, vide et sournoise. À l’abri de rochers, je regardais ainsi la plage. Des nuages de sable filaient à toute allure vers le rivage. Au loin, sur la ligne d’horizon, deux voiles blanches immobiles paraissaient prisonnières d’un temps indifférent à leurs angoisses. Indifférents de même à ce tumulte venteux et torride, était ce couple de sterne en chasse dont j’admirais les plongées sur leurs proies d’une précision diabolique. Et qui s’envolaient paisiblement ensuite, le bec serré sur de minuscules poissons – leurs écailles brillaient comme des diamants. Je songeai en cet instant à ce long et paradoxal regard sur le calme des Dieux qu’évoque Valery, quand une voix enfantine s’est fait entendre derrière moi. Une petite fille tenait par la main sa petite sœur. Du moins, je le crois. Légère et pleine d’assurance elle m’a demandé ce que je faisais là, seul. Rien, lui ai-je répondu. Rien ! Je regarde la mer, le ciel et soleil.  J’écoute le vent. Vous n’allez pas vous baigner, l’eau est fraîche, a-t-elle insisté. Peut être ! Elles m’ont vite quitté en souriant pour s’installer un peu plus loin face à mer. J’ai alors vu sur  leurs épaules se poser deux colombes. 

   

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