La fourmi, l’araignée et l’abeille de Francis Bacon

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Allez donc savoir pourquoi, je trouve cette petite fable philosophique de circonstances!

Les philosophes qui se sont mêlés de traiter des sciences se partageaient en deux classes, savoir: les empiriques et les dogmatiques. L’empirique, semblable à la fourmi, se contente d’amasser et de consommer ensuite ses provisions. Le dogmatique, tel que l’araignée, ourdit des toiles dont la matière est extraite de sa propre substance. L’abeille garde le milieu; elle tire la matière première des fleurs des champs et des jardins; puis, par un art qui lui est propre, elle la travaille et la digère. La vraie philosophie fait quelque chose de semblable; elle ne se repose pas uniquement ni même principalement sur les forces naturelles de l’esprit humain, et cette matière qu’elle tire de l’histoire naturelle, elle ne la jette pas dans la mémoire telle qu’elle l’a puisée dans ces deux sources, mais après l’avoir aussi travaillée et digérée, elle la met en magasin. Ainsi notre plus grande ressource et celle dont nous devons tout espérer, c’est l’étroite alliance de ces deux facultés: l’expérimentale et la rationnelle….

De savoir regarder. Un texte de Rumi!

images De savoir regarder : « Des Indous avaient amené un éléphant ; ils l’exhibèrent dans une maison obscure. Plusieurs personnes entrèrent, une par une, dans le noir, afin de le voir. Ne pouvant le voir des yeux, ils le tâtèrent de la main. L’un posa la main sur sa trompe ; il dit: « Cette créature est telle un tuyau d’eau. » L’autre lui toucha l’oreille: elle lui apparut semblable à un éventail. Lui ayant saisi la jambe, un autre déclara : « C’est un pilier. » Après lui avoir posé la main sur le dos, un autre dit « En vérité, c’est un trône. » De même, chaque fois que quelqu’un entendait une description de l’éléphant, il la comprenait d’après la partie qu’il avait touché. Leurs affirmations variaient selon ce qu’ils avaient perçu. L’un l’appelait « dal », l’autre « alîf ». Si chacun d’eux avait été muni d’une chandelle, leurs paroles n’auraient pas différé. L’oeil de la perception est aussi limité que la paume de la main qui ne pouvait cerner la totalité de l’éléphant. L’œil de la mer est une chose, l’écume en est une autre ; délaisse l’écume et regarde avec l’œil de la mer. Jour et nuit, provenant de la mer, se meuvent les flocons d’écume ; tu vois l’écume, non la mer. Que c’est étrange ! Nous nous heurtons les uns contre les autres comme des barques ; nos yeux sont aveuglés ; l’eau est pourtant claire. Ô toi qui t’es endormi dans le bateau du corps, tu as vu l’eau ; contemple l’Eau de l’eau. »

L’Épiphanie, et les rois mages, c’est aujourd’hui 6 janvier…

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Ce soir, nous fêterons, L’Épiphanie et partagerons la galette des Rois.  Elle a lieu effectivement le 6 janvier, mais dans les pays, comme le notre, où l’Épiphanie n’est pas un jour férié, elle peut se fêter également le premier dimanche qui suit le 1er janvier. Ce jour-là est traditionnellement partagé  un gâteau contenant une fève qui rend «roi» quiconque la trouve dans sa part de galette. Par sa forme ronde et sa couleur dorée, la galette symbolise le soleil. À l’origine, en effet, L’Épiphanie fait partie du cycle de Noël et tire son fond et son sens des célébrations païennes de la Lumière. Noël, avant d’être un jour, est d’abord un cycle qui atteint son apogée au jour marquant le solstice d’hiver, le 22 décembre.

Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle.

nouvel-an__myrrpr « Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc.

Fabrice Luchini : « Il faut reconnaître que la bêtise prend des proportions inouïes »

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FABRICE LUCHINI : « IL FAUT RECONNAITRE QUE LA BETISE PREND DES PROPORTIONS INOUÏES »

Interview pour Le Figaro, 13 décembre 2014

LE FIGARO. – Vous commencez le 5 janvier un spectacle intitulé « Poésie ? ». Vos choix sont de plus en plus exigeants…

Fabrice LUCHINI. – La poésie ne s’inscrit plus dans notre temps. Ses suggestions, ses silences, ses vertiges ne peuvent plus être audibles aujourd’hui. Mais je n’ai pas choisi la poésie comme un militant qui déclamerait, l’air tragique : « Attention, poète ! » J’ai fait ce choix après avoir lu un texte de Paul Valéry dans lequel il se désole de l’incroyable négligence avec laquelle on enseignait la substance sonore de la littérature et de la poésie. Valéry était sidéré que l’on exige aux examens des connaissances livresques sans jamais avoir la moindre idée du rythme, des allitérations, des assonances. Cette substance sonore qui est l’âme et le matériau musical de la poésie.

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