Auguste Comte et sa vision  » scientifique  » de la femme !

Auguste Comte et sa vision " scientifique " de la femme !

C'est la journée de la femme! Mon ami Alexandre Moatti a eu l'excellente idée de ce billet sur Auguste Comte en nous donnant à lire quelques unes des considérations du "père de la sociologie " sur nos " soeurs ". Ce Montpelliérien, comme son maître et complice Saint Simon, était persuadé que l’organisation politique de la société n’était pas encore « scientifique ». Le pouvoir y est détenu par des juristes et des militaires, alors qu’il devrait être aux mains des savants. Voilà sans doute pourquoi Comte a toujours fasciné les Polytechniciens et les ingénieurs – et au plan plan politique les hommes de "progrès", souvent persuadés que l’on peut concevoir les plans d’une société parfaite. Alexandre Moatti montre ici que se reférencer à la science et au progrès, même pour des esprits puissants comme celui de Comte, n'exclut pas d'affirmer ce qui s'avère aujourd'hui scientifiquement nul et idéologiquement réactionnaire :

" Normand écrit à juste titre à propos des philosophes et de la femme : « on trouve dans tout cela le meilleur et le pire, bien entendu, et il est (parfois) important de contextualiser ces écrits pour ne pas être injuste à l’endroit de ces auteurs ». Bien évidemment. Appliquons cette maxime de précaution à Comte, dont l’œuvre est tellement protéiforme qu’on y trouve, là aussi, le meilleur comme le pire. Mais relevons un certain nombre de ses propos (Cours de philosophie positive, tome IV, 50e leçon, 1839, Gallica, extraits choisis p. 568-572):

Comte1[la nouvelle philosophie politique est sous la plume de Comte sa philosophie positiviste – le terme anarchie, tel qu’employé ici et en général par Comte, signifie un désordre dans la connaissance]

 

Comte2[la phrénologie de Gall, 1757-1828, est l’étude, aujourd’hui totalement abandonnée, des caractères humains par la forme du crâne] [ici Comte conforte son jugement de manière qu’il estime scientifique, en appui sur la science expérimentale, très valorisée dans sa philosophie] [vu de nos jours : une pseudo-science vient à l’appui d’un préjugé]

Comte3[la biologie positive, c’est la biologie suivant l’état positiviste défini par Comte, qu’il appelle de ses vœux en remplacement de « l’état métaphysique »] [le mythe de la femme-enfant est très présent à l’époque, analogue à celui de la femme inachevée, déjà mentionné dans ce blog au sujet de la télégonie]

Comte4[ce passage suit immédiatement le précédent : dans l’ordre comtien des connaissances, la sociologie – dont il est un des précurseurs – vient parachever l’œuvre de la science biologique]

Comte5[dans les sciences abstraites, mais aussi dans les arts, apparaît « l’irrécusable subalternité organique du génie féminin »]

On l’aura compris, le titre de ce billet est un clin d’œil, puisqu’aujourd’hui on n’emploie quasiment plus jamais positive au sens de positiviste. Mais il est toujours utile de relire ainsi les penseurs du passé à la lumière d’aujourd’hui : comme l’écrit Bachelard, « l’ancien doit être pensé en fonction du nouveau [2] ». Ceci nous permet à la fois de mieux comprendre la pensée globale de Comte (ou de tout autre penseur d’importance) et de mieux analyser rétrospectivement l’influence qu’il a pu avoir, et qu’il a encore.


  • [1] L’historien des sciences Ernest Coumet (1933-2003), dans un article de 2003 (revue Mathématiques et Sciences humaines), souligne que les attaques de Comte contre la théorie des probabilités naissante sont à chaque fois brèves mais précises, et constantes à travers son œuvre (voir mon ouvrage Alterscience, p. 201 ; le chapitre XIII traite des positions de Comte contre la « science officielle » et les nouvelles théories scientifiques de son temps, et le chapitre XIV d'une certaine influence néfaste du positivisme sur le développement de la science en France)
  • [2] Gaston Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique, Vrin, 1938.

Petit hommage à Simon Leys : « Il n’y a nulle perversion dans le dictionnaire ! »

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Dans « Le bonheur des petits poissons » , de Simon Leys, cette remarque – emplacement 499 sur ma Kindle – qui, aujourd’hui le ferait convoquer devant le tribunal des Biens-Pensant pour s’entendre signifier une « mise en examen » au motif d’avoir porté atteinte à la dignité des femmes et incité à la discrimination raciste :

Réserves financières sur les Fonds régionaux d’art contemporain ( Frac )…

 

 

 

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La Cour des Comptes vient de publier son rapport et fait état de nombreuses dépenses publiques inutiles, injustes, mal gérées ou dont le coût de gestion est largement supérieur aux sommes récoltées. Ce travail n’est malheureusement pas fait en région. Ou plutôt nous n’avons pas l’équivalent d’un rapport de synthèse qui permettrait d’avoir une idée précise des sommes en jeux. Ce qui est bien dommage, on en conviendra ! Bien dommage en effet car , en cette période de recherche d’économies budgétaires – nous en avons au moins pour 15 ans – les gisements régionaux sont considérables. J’en veux pour preuve un seul exemple, celui des Frac. Au nombre de 23, ces Fonds régionaux d’art contemporain ont été créé il y a tout juste trente ans, à l’initiative de Jack Lang. Ils amoncellent 27 000 œuvres achetées grâce aux subventions des régions et de l’État, qui s’élevaient à 24 millions d’euros en 2010 – l’une des plus importantes collections d’art contemporain au monde, répartie dans toute la France. Problème : à force d’accumuler des œuvres sans les vendre, les Frac sont obligés de faire construire des super-réserves et des salles d’exposition temporaires ou permanentes ! Quelques exemples : la construction du nouveau bâtiment coûte 17,8 millions d’euros pour le Frac Bretagne, 20 millions d’euros pour le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et jusqu’à 52 millions d’euros pour le Frac Aquitaine… Ils mobilisent aussi des budgets de fonctionnement conséquents pour des lieux très peu visités : entre 14 000  et 16 000 visiteurs seulement par an. Une muséification  qui va à l’encontre de la mission originelle de ces Fonds qui est de soutenir les artistes et de diffuser l’art contemporain à un public le plus large possible. Ainsi recentrés, les Frac pourraient se financer par la vente d’une partie de leurs fonds, complétée par du mécénat privé … Je sais, cette proposition peut paraître démagogique mais tiens à rappeler qu’à l’heure ou le gouvernement demande aux musées nationaux de se comporter en « entreprises culturelles », elle me semble au contraire dans la droite ligne du souci de rigueur budgétaire qui  est demandé à l’ensemble de nos institutions publiques… Pour les Frac, on peut estimer l’économie potentielle à 15 millions d’euros par an… Ce n’est pas rien !

 

Michelet, le Midi et Narbonne, notamment …

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Dans le second volume de sa monumentale Histoire de France, rédigé de 1833 à 1867, Jules Michelet propose un tableau des provinces françaises au double point de vue de leur histoire et de leur géographie. Ce tableau est publié à part en 1876, par les soins de sa veuve, sous le titre Tableau de la France géographique, physique, politique. Il évoque ici, dans un style admirable, les marques de l’histoire en Languedoc, « pays de ruines ». Narbonne y est cité à trois reprises…