La démocratie n’aime pas les « Grands Hommes » !

 pantheon_c2ab-aux-grands-hommes-la-patrie-reconnaissante-c2.jpg

 
 

Contrairement à mes habitudes, je vous renvoie pour ce faire à la tribune de Brice Couturier de ce matin sur France Culture. En voici les premières phrases : « Les héros, les grands hommes, les fondateurs d’Etats, les législateurs à la Lycurgue et Solon n’ont pas bonne presse en nos temps démocratiques. La démocratie n’aime pas ceux qui s’élèvent au-dessus de la moyenne. Peut-être parce que les héros nous font singulièrement défaut, leur absence nous renvoie à la médiocrité de l’époque : elle ne suscite plus de vocations…

Jean Claude Pirotte est aussi un peu d’ Aude !

 

1491726_781123405246580_948224_n.jpg

Jean Claude Pirotte écrit des poèmes et des récits dans une langue magnifique. Né en Belgique sous la pluie… Il a exercé par défaut la profession d'avocat pendant onze ans; il défendait les exclus, les marginaux, des délinquants, les pauvres, les immigrés. Choisissant la cavale plutôt que la prison, faussement accusé de complicité d’évasion d’un de ses clients, il commence alors une vie d’errance et de clandestinités dans toute la France profonde, avec une prédilection pour les terres à vignobles ; jusqu’à se poser quelque temps dans l’Aude, dans une maison du village de Montolieu, près de l’égliseAujourd’hui, il vit à La Pannebourgade flamande à 25 kilomètres de Dunkerque, dans le «  capharnaüm d’un déménagement annoncé faute de droits d’auteurs suffisants pour assurer le droit d’ici demeurer… ». C’est donc de Flandres que nous vient ce dernier et merveilleux petit livre : « Brouillard, aux éditions du Cherche Midi. » Un voyage intérieur où il se souvient de ses lectures : Larbaud, Thomas, Dhôtel…, d’un village, de sa petite fille… Les phrases de Pirotte vous tombent dessus , et ne vous quitte plus leur douce et tendre mélancolie. Certaines, sur la vigne et le vin, sont sans doute parmi les plus belles qui aient jamais été écrites : « Je sais vraiment peu de choses. On croirait même que je ne sais rien. Il convient parfois de tromper son monde. J'écoute parler le vent qui vient de la mer avec son goût salin, et le terroir qui recueille la lumière du ciel et porte la vigne, j'écoute le feu qui brûle et accorde ses fibres, et je recueille aussi la parole silencieuse du temps. » Et celle ci encore: « Je crois, oui, je crois que la vie, le vin, ne cessent de nous ménager des surprises en nous restituant le passé, l'enfance, les belles images au détour d'une ruelle, ou dans l'éclat soudain de l'automne jaillissant d'un vignoble. » (Jean-Claude Pirotte, Autres arpents). Et enfin: « L'écriture est la quête d'un vin qui n'existe pas. » Lisez vite Pirotte !

L’imposture de l’art contemporain s’expose à la FIAC.

th.jpeg

 

 

Je viens de lire la chronique de Brice Couturier sur, disons «  l’économie de l’art contemporain », texte dans lequel il montre que le pouvoir y est détenu par les collectionneurs en connivence avec les galeristes . En conclusion , il se demande à quoi peuvent bien servir ces collections d’objets aux formes les plus saugrenues actuellement exposées à la FIAC de Paris. J’ai le souvenir de m’y être promené avec certains de mes amis férus d’art contemporain qui, tous les dix mètres, ne cessaient de répéter « c’est intéressant, c’est intéressant ! », sans jamais pouvoir répondre à ma question : « mais quoi d’autre, quoi d’autre ? ». Dire que je m’y suis ennuyé serait en dessous de la vérité. J’y ai surtout vu une immense imposture orchestrée par de jeunes et moins jeunes marchands  au style vestimentaire légèrement décalé: celui de leur clientèle, cette grande bourgeoisie financière qui fait les cotes , avec le zeste de petite provocation qui sied à tout contemporain aisé et branché.  André Blanchard exprime bien le fond de ma pensée sur ce sujet : « Si familièrement sollicité, je ne me fais pas prier pour placer ma salade, toute prête depuis le temps que je fulmine en voyant certain public qui simule de mouiller devant la peinture. « Foin du snobisme, dis-je, c’est une matière où je n’entrave pas grand-chose, qui m’ennuie en rien de temps même. Si ! si ! non, ne me faites pas crédit de ma franchise, tout le plaisir est pour moi : que voulez-vous, arrive un âge où on fait copain-copain avec ses tares… Donc, face à un tableau, soit j’aime, d’instinct, soit je déteste, itou, soit cela me laisse de marbre, et sans qu’il y ait bien souvent le moindre rapport avec la valeur du tableau. Je crois que, de tous les arts, la peinture est celui où le jugement se révèle le plus délicat, pour un profane s’entend. » Mais, poli, je m’abstiens d’ajouter le fond de ma pensée, savoir que, de tous les arts, c’est aussi celui où l’imposture est la plus aisée – à l’opposé : la musique. »

Un vent de folie et de bêtise souffle maintenant sur le monde…

 

 

 

 

9782070133482_4_75.jpg

 

Allez ! du  » raide  » ce matin, et un beau morceau de littérature. Qui, aujourd’hui, est capable d’écrire ainsi ? Rien de mieux que la correspondance de Gustave en effet pour réveiller les esprits. À ne pas mettre dans les mains de bigots, cependant…Qui prennent tout au pied de la lettre. Pauvres âmes ! 

 

 

À GEORGE SAND. [Croisset, fin juin-début juillet 1869.]

Quelle bonne et charmante lettre que la vôtre, maître adorée ! Il n’y a donc plus que vous, ma parole d’honneur ! Je finis par le croire. Un vent de bêtise et de folie souffle maintenant sur le monde. Ceux qui se tiennent debout, fermes et droits, sont rares.

Voici ce que j’ai voulu dire en écrivant que le temps de la politique était passé. Au dix-huitième siècle, l’affaire capitale était la diplomatie. «Le secret des cabinets» existait réellement. Les peuples se laissaient encore assez conduire pour qu’on les séparât et qu’on les confondît. Cet ordre de choses me paraît avoir dit son dernier mot en 1815. Depuis lors, on n’a guère fait autre chose que de disputer sur la forme extérieure qu’il convient de donner à l’être fantastique et odieux appelé l’état.

L’expérience prouve (il me semble) qu’aucune forme ne contient le bien en soi ; orléanisme, république, empire ne veulent plus rien dire, puisque les idées les plus contradictoires peuvent entrer dans chacun de ces casiers. Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de m qu’il est temps de n’en plus avoir du tout. À bas les mots ! Plus de symboles ni de fétiches ! La grande moralité de ce règne-ci sera de prouver que le suffrage universel est aussi bête que le droit divin, quoiqu’un peu moins odieux !

La question est donc déplacée. Il ne s’agit plus de rêver la meilleure forme de gouvernement, puisque toutes se valent, mais de faire prévaloir la Science. Voilà le plus pressé. Le reste s’ensuivra fatalement. Les hommes purement intellectuels ont rendu plus de services au genre humain que tous les saint Vincent de Paul du monde ! Et la politique sera une éternelle niaiserie tant qu’elle ne sera pas une dépendance de la Science. Le gouvernement d’un pays doit être une section de l’Institut, et la dernière de toutes.

Avant de vous occuper de caisses de secours et même d’agriculture, envoyez dans tous les villages de France des Robert Houdin pour faire des miracles ! Le plus grand crime d’Isidore, c’est la crasse où il laisse notre belle patrie. Dixi.

 J’admire les occupations de Maurice et sa vie si salubre. Mais je ne suis pas capable de l’imiter. La nature, loin de me fortifier, m’épuise. Quand je me couche sur l’herbe, il me semble que je suis déjà sous terre et que les pieds de salade commencent à pousser dans mon ventre. Votre troubadour est un homme naturellement malsain. Je n’aime la campagne qu’en voyage, parce qu’alors l’indépendance de mon individu me fait passer par-dessus la conscience de mon néant.

Les Barques à travers les films de Jean Eustache (1938 – 1981)

  mes-petites-amoureuses-1  
 

De 1951 à 1957, Jean Eustache habitait Narbonne place Albert Thomas (actuelle place des Quatre-Fontaines). Il se souvient de son adolescence narbonnaise dans un court métrage tourné dans notre ville l’hiver 1965-1966, Le père Noël a les yeux bleus, avec Jean-Pierre Léaud, et dans un film réalisé durant l’été 1974, Mes petites amoureuses avec dans les rôles principaux Martin Loeb et Ingrid Caven.

Articles récents

  • Autour d’un trait d’union…
    Ma 8.4.2025 J’ai ouvert, hier, le roman de Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021, « La plus secrète mémoire des hommes. » Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]
    Aucun commentaire
  • Les mots de tous les jours.
    Sa 5.4.2025 « Comment ça va (ou allez-vous) ? ». « Bien et toi (ou vous) » Ces mots, sont toujours les premiers mutuellement prononcés lors de mes premières rencontres quotidiennes. Avec le risque, […]
    Aucun commentaire
  • L’inéligibilité de Marine Le Pen sonne-t-il le glas du RN ?
    Me 2.4.2025 L’inéligibilité de Marine Le Pen, si elle est confirmée en appel en 2026, ne sonne pas le glas du RN comme je l’entends et le lis ici ou là. Au contraire, je pense qu’elle […]
    Aucun commentaire
  • Le bon goût et le luxe prennent parfois des formes inattendus…
    Di 30.3.2025 Moments de vie. Dans la foule animée des dimanches matin, aux Halles, un petit groupe de touristes espagnols s’arrête devant l’étal de mon fromager ; un étal magnifique garni de toutes […]
    Aucun commentaire
  • La liberté selon Don Quichotte.
    Ve 28.3.2025 Iñaki URIARTE : Baîller devant Dieu. Séguier. 2019. Pages 137 et 138 : «La liberté, Sancho, est un des biens les plus précieux que le ciel ait accordés aux hommes. De tous les trésors […]
    Aucun commentaire