Un petit hommage à Gérard Bobillier.

bobillierLe directeur et fondateur des Editions Verdier, à Lagrasse, Gérard Bobillier, est mort, lundi. Je ne le connaissais pas et sa disparition me rend pourtant très triste. Je ne le connaissais pas mais ma bibliothèque est pleine de ses livres. Quand Gil Jouanard et Anne Potié, des amis chers, dirigeaient le Centre Régional des Lettres de Montpellier, je me rendais régulièrement dans leurs locaux pour me plonger dans les cartons remplis des nouvelles éditions que leur adressait Gérard Bobillier. Que d’heures passées à feuilleter et  lire, seul, dans cette grande pièce à l’odeur prégnante de papier…Et que d’auteurs découverts en ces occasions : Bergougnioux, Michon, Delibes, Llamazares… Erri de Luca et son « Une fois, un jour » que je ne quitte plus depuis et qui après quelques années de prison est devenu maçon pour gagner sa vie. Un maçon qui, tout au long de ses années de vie d’ouvrier, feuilletait « les Saintes Ecritures et leur hébreu ancien une heure avant de partir au travail. » (Première heure. Rivages poche page 7) «  en homme qui ne croit pas », sans être pour autant athée… Pour y constater que le métier de maçon y était même un titre honorifique, comme le prouve le prophète Isaïe lorsqu’il écrit à propos d’un homme juste : « Et je t’appellerai maçon de brèche, celui qui répare les chemins pour vivre. (Is 58,2) » (Page 18). Gérard Bobillier était lui aussi du métier, si je puis dire. Il lui en a fallu en effet du courage et de l’obstination pour construire, au cœur des Corbières, loin des bavardages mondains et médiatiques, une «  maison » qui «  refusait obstinément – et quoi qu’il lui en coûtât – la pénombre de la Caverne et le jeu des apparences trompeuses… pour s’approcher de la lumière des idées »

Chronique de Narbonne: lecture de Max Rouquette.

 

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C’est Jean Tuffou qui m’a remis en mémoire ce texte de Max Rouquette, que l’on trouvera dans les  » roseaux de Midas « . Un ensemble  » d’écrits au quotidien « , entre 1945 et 1999, traduit de l’occitan par l’auteur et publié par l’ami Max Chaleil aux   » Editions de Paris  » ( 2000 ).

La première phrase, page 51 datée du 6 juin 1978, m’avait alors à proprement parler saisi :  » J’avais besoin – je le croyais – d’éclaircissements. Je croyais nécessaire de reproduire la vérité telle qu’elle est. » Et la dernière, encore aujourd’hui, ne cesse de m’habiter :  » Car écrire ce n’est pas copier le monde, mais le refaire, l’inventer dans l’air de la liberté, les lambeaux de vérité n’étant que le bois de ce grand feu, un bois qui se meurt en cendre. » Beaucoup considère Max Rouquette comme le plus grand écrivain d’expression occitane. Sans doute ! Mais c’est aussi et surtout un de nos plus grands écrivains; un maître de la prose poétique:  » Arbres dans la forêt. Droits et tendus vers le ciel. Silencieux, ils s’écoutent. Ils écoutent la voix des autres.Cette écoute engendre un silence terrible. Pour que l’on puisse entendre le rouge-gorge.  » ( page 108, à la date du 7 avril 1981)

Indispensable, vous dis-je!

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Les arbres


…C’est qu’ils portent en eux, les arbres fraternels,
Tous les débris épars de l’humanité morte
Qui flotte dans leur sève et, de la terre, apporte
A leurs vivants rameaux ses aspects éternels.

Et, tandis qu’affranchis par les métamorphoses,
Les corps brisent enfin leur moule passager,
L’Esprit demeure et semble à jamais se figer
Dans l’immobilité symbolique des choses.

Photo Gilbert BRUN ; extrait d’un poème d’Armand SILVESTRE  

Un petit hommage à Willy Ronis.

Image Hosted by ImageShack.usWilly Ronis, l’un des derniers représentants de la photographie humaniste française, est décédé dans la nuit du vendredi 11 septembre, à peine un mois après son 99e anniversaire. Au-delà des scènes capturées sur les pavés parisiens, Ronis était aussi le photographe de la condition ouvrière. Des clichés simples et d’une puissance saisissante comme celui, devenu mythique, de cette femme qui harangue la foule aux usines Citroën en 1938. Il disait : « J’ai de l’empathie naturelle pour mes semblables et sans faire d’angélismej’ai rencontré assez peu de salauds. » Une chance dans ce monde où ils pullulent…