Entre les murs de la lutte des classes.






A propos du fim  Entre les murs dont on nous bombarde les oreilles depuis ce matin sur France culture, M. Chevènement, nous dit qu’il est d’une  » inspiration (pédagogiste) qui a conduit l’école là où elle est aujourd’hui « . Jugement que le grand théoricien et propagandiste militant Philippe Mérieu conteste tout en précisant, dans l’Express, qu’à l’inverse de celle montrée dans le film: « Une pédagogie de gauche donne la parole aux élèves et préconise de se mettre à leur portée et non à leur niveau  » Oui, vous avez bien lu ! Et comme le ridicule ne tue plus et la bêtise prospère, il rajoute un petit zeste de lutte des classes : »Pour moi la gauche parie sur l’éducabilité des élèves alors que la droite à tendance à traiter l’échec par l’exclusion. » Ce que confirme, pour ce qui concerne le ridicule et la bêtise, un de ses anciens élèves, dans le Monde, un nommé Sébastien Ledoux, enseignant au collège Jean-Vilar de Grigny – la Grande Borne (Essonne) et précise-t-il, chercheur associé à l’Institut national de recherche pédagogique ( on s’en serait douté ) :  » son succès ( du film ) relève une fois de plus de la bonne conscience française face aux problèmes de ségrégations ethnico-sociales qui minent le sentiment d’appartenance collective. » Bref, ce film d’inspiration pédagogiste de droite dédouanerait l’Etat en masquant sa politique d’apartheid et d’exclusion. Je n’ai pas vu  cet Entre les murs et m’abstiens donc de tout jugement sur le travail de Laurent Cantet. Travail qui, quoiqu’il en soit de sa valeur esthétique, n’a visiblement pas fini d’offrir à certains l’occasion de pousser les murs de l’école entre le zéro de la démagogie pédagogiste et l’infini de la surenchère politicienne.

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Besson! un Chardonne qui aurait « fait 68″…

 Un extrait de la dernière chronique de Patrick Besson , dans Le Point de cette semaine. C’est vif et vrai. Stylé et plein d’humour :  » Cohn-Bendit : sur quel ton il s’est adressé à notre président. Il l’a pris pour un CRS de 1968. Ou alors c’est un ex non répertorié de Carla. Le trémolo de l’indignation dans la culotte du dalaï-lama. Ayant abandonné la lutte des classes depuis plusieurs décennies, Cohn-Bendit est obligé de trouver de nouveaux prolos pour faire entendre sa voix de stentor qu’il adore. Tibétains de tous les pays, unissez-moi. Il va chercher un combat de gauche au bout du monde, tellement il ne veut pas en trouver un chez nous. Ça le démoderait de lutter contre les conditions de vie et de travail des ouvriers et employés européens. Lui ferait perdre son aura dans les médias. Ses complicités dans les journaux. On pourrait le confondre avec Besancenot, Chevènement ou Aubry. Ce qui ne serait pas moderne. Dany, c’est le styliste de la révolution. Comme Lagerfeld, pas comme Stendhal. « 
Besson, lui, est  un sceptique amusé,un virtuose du paradoxe. Chaque phrase de sa prose pourrait servir de citation:  » Le maigre est méchant car il a faim et il envie le gros parce que l’autre a bien mangé. »  Comme un Chardonne qui aurait  » fait 68 « …

Les rats rodent…

Si l’on veut avoir une idée jusqu’à quel degré de complaisance perverse peuvent tomber les meilleurs esprits quant il s’agit de juger de la valeur d’une exposition de photos présentée comme un évènement culturel par la quasi totalité de la critique parisienne, je vous recommande de consulter le billet de Pierre Assouline  » Controverses «   et les réactions de ses lecteurs de la République des livres, dont je fais encore partie…Une image, en effet, cet expo, du caractère maniaco-dépressif d’une prétendue élite intellectuelle prête à toutes les   » expériences de pensée ( !!! ) « . Les rats rodent

Sur la route de Tolède.

Dans la foulée de l’ancienne municipalité centre droit, la nouvelle, de gauche et d’ouverture, s’en est allée sur la route de Tolède, conduite par le même président de la Commission Archéologique de Narbonne. Un rituel qui, chaque année, se déroule en juin, à l’occasion de la Fête-Dieu. Et qui serait justifié par le passé Wisigothique commun à Narbonne et Tolède.
On sait en effet qu’après avoir eu Toulouse comme capitale, les Wisigoths l’installèrent à Tolède  lorsque Clovis les battit à la bataille de Vouillé en 507,  ne conservant que la Septimanie (le Languedoc d’aujourd’hui, enfin, à peu près…). Bien ! Mais c’est oublier que cette « capitale spirituelle de l’Espagne », cette « ville de magies et d’occultisme », « ésotérique et cabalistique » (voir le dictionnaire amoureux de l’Espagne de Michel Del Castillo) est aussi une ville qui occupe une place bien particulière dans l’imaginaire des nostalgiques du franquisme. C’est là, en effet, et a
lors qu’il envisageait une offensive sur Madrid, que le général Franco et son armée se rendît afin de soutenir les rebelles assiégés depuis le 22 juillet 1938 et , qu’après deux mois de résistance et la destruction de l’Alcazar, les républicains furent mis en déroute.De cette victoire Franco en tirât certainement sa reconnaissance officielle par l’Italie et l’Allemagne. Quant à la capitale espagnole, elle fut prise le 28 mars 1938, mettant fin à la guerre civile espagnole.

Les très nombreux espagnols de Narbonne venus d’Alicante, de Murcia, d’Aragon ou d’Almeria chassés par la faim ou la guerre civile, leurs fils ou leurs petits fils, savent cela. Aussi, grande est leur surprise d’entendre parler de jumelage avec une cité qui, par delà la très académique référence au royaume wisigoth, représente encore dans leur esprit un syncrétisme politico-religieux aux antipodes de leurs valeurs républicaines.
En ce samedi 14 juin 2008, je lis dans le journal  » l’Indépendant  » que le club Ferroul , lui, s’en est allé visiter l’exposition « Il était une fois la République espagnole », à Argelès- sur- Mer.Une expo itinérante qui tombe à l’heure, si je puis dire, pour rafraîchir les mémoires et les prémunir contre les manipulations de toutes sortes.Qu’à grandes foulées, elle prenne vite la route de Narbonne !