« Ni fielleux, ni bilieux, il joue jusqu’au bout du rouleau la partition du désespoir gai, du nihilisme fugueur. Il est rare qu’on sente autant, en pleine lecture, la chance qu’on a d’être un lecteur. » C’est pour ces lignes de Beigbeder, que je lis en ce moment, le matin, tôt de préférence, les derniers « carnets 2009-2011 » d’André Blanchard publiés sous le titre « À la demande générale », aux éditions « Le Dilettante ». On y trouve ceci, à la page 101 :
Monsieur Jerphagnon a rassemblé dans un petit livre disponible en format de poche les meilleures pensées des esprits les plus vifs sur ce continent en expansion continue qu’est la sottise.Vingt-huit siècles qu’on en parle! Et les raisons qu’on continue d’en parler encore dans les Vingt-huit siècles prochains et ceux qui suivront ne sont pas près de disparaître. Les médias modernes s’en chargent! On se souvient peut-être de cette phrase désormais célèbre de l’ancien patron de TF1, qui disait de son métier qu’il consistait à occuper le maximum du temps disponible des cerveaux tout entier fixés sur des écrans à absorber continûment des images; son objectif, comme celui de ses confrères, étant de former les esprits à l’imprégnation spontanée et inconsciente des injonctions publicitaires de sa chaîne, et partant de maximiser ( c’est son vocabulaire ) sa rentabilité financière et les ventes de ses entreprises clientes. Il n’est pas trop exagéré de dire aussi que ce langage publicitaire, fait de peu de mots qui ressemblent à de vagues images, est devenu celui d’une classe politique tout entière formatée par les nouvelles techniques de la communication, et d’une large part de l’opinion publique. Twitter en est la forme la plus aboutie, et son succès planétaire témoigne de cette extension de l’empire du peu sur nos consciences . De sorte que les » idées reçues « , qui, jadis, étaient recensées et voyageaient dans un fameux dictionnaire, circulent aujourd’hui , si je puis dire, à la vitesse de la lumière. N’allez pas croire cependant que je serais rétif à toute forme d’expression littéraire courte et ramassée. J’éprouve ainsi le plus grand plaisir, par exemple, à lire les nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon. Hilarantes, elles sont un parfait antidote au langage fats foot contemporain et aux sottises qu’il véhicule. Pour vous en donner le goût, en voici deux, en guise d’entrée :
― A Oyonnax, Mlle Cottet, 18 ans, a vitriolé M.Besnard, 25 ans. L’amour, naturellement. (Havas)
et celle ci :
― Mal en prit à Renaud de se hasarder à portée de fusil du professeur Thalamas, qui chassait à Gambais. A cette heure, il agonise.
Et puis quand même celle ci encore, plus en rapport avec notre sujet :
― Les filles de Brest vendaient de l’illusion sous les auspices aussi de l’opium. Chez plusieurs la police saisit pâte et pipes. (Havas) .
Défendons nos valeurs ! Cette expression souvent entendue, méritait une sérieuse mise au point. J.L Marion l’a faite dans ce beau texte daté du 04 octobre 2012. Texte relu hier soir dans mon bloc-notes. Le voici:
Jacques Bascou voulait envoyerl’aspirateur à déchets de Michel Moynierà la poubelle, il va le recycler en centre de traitement et de valorisation d’œuvres dites «d’art contemporain». Connaissant bien les deux, et sans risque de me tromper, j’y vois à la manœuvre les amis Privat (Louis) et Moget (sa fille). Inutile de dire que ça va décoiffer et retourner la tuque des narbonnais. La présentation de ce qui n’était jusqu’ici qu’une proposition sera officiellement faite aujourd’hui, nous dit le Midi Libre. Je ne gênerai pas les journalistes locaux ni le maire de Narbonne en livrant ce que je devine de ce projet, mais peut-être conviendrait-il aussi de réfléchir d’ores et déjà à ce qui demain pourrait accueillir les œuvres et les collections de Piet Moget, le père.
C’était au temps où j’exerçais le métier de DGA à la Région Languedoc-Roussillon. Avec, plus précisément, dans mon champ d’intervention et de responsabilités, l’économie, l’enseignement supérieur, la recherche et la formation professionnelle. Parmi mes interlocuteurs, des chefs d’entreprises, dont certains, comme Laurent Spanghero, sont devenus depuis des amis. Lui et tant d’autres s’étonnaient toujours de « l’énergie » que je dépensais, inutilement à leurs yeux, à lire ce que l’on appelle communément les grands auteurs (en réalité les miens correspondent assez peu à ce cliché aux contours ostensiblement balisés). Invité à déjeuner chez lui, à l’occasion d’un match du tournoi des cinq nations regardé devant sa télévision, je lui avais amené le classique« Art de la guerre » de Sun Tzu.« Tout est là Laurent, tu gagneras du temps et de l’énergie à le lire ! ». Et je lui conseillais aussi, pour faire bonne mesure, le« Lucien Leuwen » de Stendhal.Cette scène m’est revenue à l’esprit, ce matin, après voir pris connaissance des réactions des proches de Patrice Millet, à l’annonce de son retrait brutal de la vie politique locale. Coïncidence étrange, je lis en ce momentSimon Leys et son savoureux : « Le bonheur des petits poissons ».J’y ai noté ceci, pas plus tard qu’hier au soir : « En d’autres mots : les gens qui ne lisent pas de romans ni de poèmes risquent de se fracasser contre la muraille des faits ou d’être écrabouillés sous le poids des réalités. Et il faut alors appeler de toute urgence le Dr Jung et ses collègues pour essayer de recoller les morceaux. » Et un peu plus loin encore : « Ce que je voulais souligner est simplement ceci : notre équilibre intérieur est toujours précaire et menacé, car nous sommes constamment en butte aux épreuves et agressions de la réalité quotidienne ; l’issue des luttes de l’existence demeure à jamais incertaine, et finalement c’est peut-être un personnage de Mario Vargas Llosa qui a donné la meilleure description de notre commune condition : « La vie est une tornade de merde, dans laquelle l’art est notre seul parapluie. » Je ne connais pas les goûts littéraires de Patrice Millet, mais si je devais lui recommander trois livres à lire, à tête à présent reposée, ces trois là surement s’imposeraient…
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