Jeudi matin 7 heures, départ de Mateille (Gruissan) pour Saint- Pierre- la- Mer, par les plages. Le « Grec » (un vent de nord-est humide) avait amené durant la nuit une masse indistincte de nuages présentant une riche palette de gris. Ce matin sera donc sans aube ; et les hommes et les choses en porteront le deuil : aucune lumière, ou si peu, ne permettra dans distinguer les traits, les formes et les couleurs.
J’ai quitté ma « cabane » hier après-midi. J’avais deux ou trois choses à faire en ville. Une ville pleine comme un oeuf, envahie par d’imposantes troupes de touristes ayant fui des plages balayées par un vent violent soufflant par rafales. Une désolation esthétique ! Je n’avais jamais vu autant d’obèses : surtout des femmes, en shorts ultra courts et tatouées ; et d’hommes : bedonnants, en bermudas multi-poches.
Je ne m’en étais pas encore rendu compte jusqu’à ce que ce matin enfin je vous lise. Soyons précis : que je lise un commentaire d’une de vos amies publié sur votre page Facebook ; et fort positivement «liké» par de longues et brillantes cohortes, disons, pour aller vite, « d’intellectuels » : professeurs de philosophie, à la retraite ou pas, gens d’esprit et de lettres etc.
J’écris sur cette page depuis maintenant quelques années. Certains jours, je me dis qu’il faudrait arrêter. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien. Un peu de lassitude ! Un ennui dont je sors assez vite cependant.
Il est avéré que, selon le principe d’incertitude d’Heisenberg, (dont je ne puis évidemment douter), le vide est un plein d’énergie, a un poids. Ce qui semble définitivement admis par la théorie physique, l’est- il donc aussi en sciences humaines, songeais–je ? Une pensée, une proposition, un discours, une campagne électorale, une installation « artistique », enfin, vide de sens, par exemple, aurait-elle un poids, une « valeur » – marchande ! – ? À l’épreuve de l’expérience empirique la plus banale, indubitablement ! Impossible en effet de s’en débarrasser : le vide emplit notre quotidien, nos vies… Et, parfois, souvent en vérité, je l’avoue, il me pèse… Mais à un point ! Si vous saviez !