Faut-il en parler de ce personnage dont tout le monde parle ?

 
 
 
 
 
Mardi
En parler ici, en mal, je serai malgré ce la victime et le jouet de son entreprise de séduction idéologique et politique. Pour son créateur et ses agents chargés d’en faire la promotion par algorithmes et hashtag seul compte en effet que son nom, sa marque en quelque sorte, soit reprise et multipliée sur les réseaux sociaux ; qu’elle sature l’espace médiatique : l’objectif visé et, en l’occurrence, hélas ! atteint. Mais que je n’en dise rien, pour éviter de tomber dans ce redoutable piège, après m’être cependant exprimé une bonne fois pour toutes sur ce personnage, mon silence serait probablement interprété aussi comme la preuve inconsciente, ou pas, d’une hypocrite approbation de ses idées et ambitions, au pire ; pour une indifférence coupable, au mieux. Ne me resterait donc plus qu’à parler d’autres « choses » tout en parlant aussi de lui. Possible ! Mais, à l’expérience, difficile de se faire comprendre ! On ne lit plus qu’au premier degré, en surface. Je me demande même si, écrivant ces mots à la volée, je serai finalement entendu. Peut-être aurais-je mieux fait de me taire, après tout… Oui ! Sans doute.
Autrement, il fait très beau aujourd’hui. Soleil, ciel bleu et petit vent du Nord. Bonne après-midi !
PS : La mienne se passera sur la plage à marcher et respirer le plein air du large.

Fable : Le notaire et le goéland.

           

« Fiction »

Notaire, il est jeune, riche et de droite. Épuisé par son labeur misérablement rémunéré, il part le week-end au volant de son bolide « quatre anneaux » se « ressourcer » dans les plus beaux hôtels et restaurants de la côte. Bon garçon aussi, il prend à témoin ses amis en leur expédiant des photos où le luxe sort du cadre et des assiettes. Là, sur la terrasse de sa chambre, les pieds en éventail, face à la mer, il philosophe. Car notre jeune « patron » a mal à la France et le fait savoir en postant et tweetant de façon compulsive. Il se désespère, c’est peu dire, de la perte de « la valeur travail », le loisir prenant désormais toute sa place. Et puis ce gouvernement qui « aide à tout va », distribue des milliards… alors que lui-même et tant d’autres chefs d’entreprise ne trouvent plus de collaborateurs. Collaborateurs qui ont bien raison de rester à la maison, soupire-t-il le regard plongé dans les volutes de son « Partagas » puisqu’ils « gagnent » autant en restant chez eux devant leurs écrans plats. Ah ! si seulement tous ces « assistés » voulaient bien vivre au-dessous de leurs moyens, se prend-il à rêver… C’est à ce moment précis de forte intensité philosophique qu’un goéland a traversé en criant l’étroite mais pittoresque baie couverte d’un beau ciel bleu, sans nuages. Ce cri, affreux, résonne encore à ses oreilles. Il le réveille la nuit. Il ne sait toujours pas quoi en penser. Demain il ira consulter.

Qui n’est pas « philosophe » aujourd’hui ?

 
 
 
 
 
 
L’inflation contemporaine de « philosophes », qu’ils se présentent eux-mêmes ainsi dans les salles de professeurs des lycées, à la cafétéria des universités ; sur les réseaux sociaux, dans les pages de grands journaux, hebdos nationaux, feuilles de choux provinciales ; ou au dos de leurs derniers « opus » publiés à compte d’auteur, de prestigieuses (ou pas) maisons d’édition, comme pour la monnaie, hélas ! dévalue et « fait tomber à rien » (Paul Valery), ceux, rares, que l’histoire a pourtant consacré de toute éternité. Finalement, combien dans cette multitude sont utiles voire nécessaires à nos vies ? Un, deux, trois… Que pèsent-ils vraiment dans l’ordinaire des jours et nos tracas quotidiens ? Si peu. Et puis : « C’est désespérant : tout lire, et ne rien retenir ! Car on ne retient rien. On a beau faire effort : tout échappe. Çà et là, quelques lambeaux demeurent, encore fragiles, comme ces flocons de fumée indiquant qu’un train a passé. » (Jules Renard)
 

Se tenir à bonne distance des hommes…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Une dose d’impertinence.
Dans son duel avec un toro tiré au sort, tout l’art du torero repose sur sa capacité à trouver la bonne et juste distance – quels qu’en soient les risques. De même il convient de demeurer toujours à bonne distance des hommes, songeai-je, en querencia, devant ma première tasse de café – entre deux petits pains grillés.

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