C’est un matin d’hiver où les corps cèdent à la violence de la Tramontane. Se courbent ! Nulles vies dans un ciel platement bleu. Très haut cependant le doux sillage blanc d’un grand oiseau d’acier.
Est -il permis de plaider contre le procès intenté à l’État français, par quatre ONG : Greenpeace, Oxfam, la Fondation Hulot et « Notre Affaire à Tous », au motif qu’il serait coupable d’inaction face au changement climatique . Comme si cette « Affaire du siècle » allait de soi, alors que le réchauffement climatique se constate au niveau planétaire et que la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ne peut s’organiser que dans un cadre international. Il est d’ailleurs bon de rappeler ici, qu’à cette échelle, la France ne contribue à ces émissions de gaz à effet de serre que pour un petit 1% – une« performance » qu’elle doità son choix historique d’une production électrique à base d’énergie nucléaire et hydraulique. De sorte qu’en demander la sortie – du nucléaire –dans cette même pétition, comme s’il était possible d’assurer une production d’électricité et l’ensemble des transports routiers, maritimes et aériens uniquement avec les énergies renouvelables, est tout simplement absurde. Une absurdité que l’on peut mesurer par une expérience de pensée très simple : effacer la France de la carte du monde. La Chine représentant près de 30% des émissions totales de gaz à effet de serre, les États-Unis 15%, l’Inde 7%… le réchauffement continuerait sa progression sans elle. (Voir le graphique ci-dessous) L’État français, que l’on veut envoyer devant les tribunaux, ne peut donc pas à lui tout seul tout régler. Comme il ne peut imposer par la contrainte fiscale la modification de comportements sociaux et individuels sur son propre sol. La protestation des Gilets Jaunes contre la « taxe carbone », et les mouvements qui ont suivi son établissement, en est la parfaite démonstration. Qu’il faille s’inscrire dans une politique assurant la transition écologique et énergétique de notre modèle de développement, sans doute. Que ce dernier ne doive plus dépendre d’une consommation effrénée de biens, de services… et d’énergies fossiles, bien sûr. Mais, encore une fois, ce n’est pas en faisant des procès à l’État français que l’on diminuera le réchauffement climatique et réalisera la transition énergétique et écologique souhaitée. Le premier est affaire des États au niveau international, la seconde dépend d’abord de notre responsabilité individuelle.
*ONG dont les trois premières appartiennent au réseau subventionné par l’État : le Réseau Action Climat.
Elle avait de vilaines jambes arquées et souffrait de son dos trop souvent courbé sur des éviers qui n’étaient pas les siens, et des jardins potagers où elle cueillait des légumes ou des fruits arrivés à maturité.
C’est désespérant : tout lire, et ne rien retenir ! Car on ne retient rien. On a beau faire effort : tout échappe. Çà et là, quelques lambeaux demeurent, encore fragiles, comme ces flocons de fumée indiquant qu’un train a passé. (Jules Renard, dans son Journal).
280 000 personnes, puis 166 000, 136 000 dans les rues marchant, gueulant, cassant, flinguant derrière la banderole d’une intersyndicale ou de LFI, c’est banal, et les commentateurs zappent. Mais vêtues d’un gilet jaune, c’est le peuple, et les mêmes buzzent. Seraient-ils 100 à zader 10 ronds points, ce peuple toujours, Tood, Piketti, Onfray et Alain de Benoist, bouches d’or, en chanteraient les beautés.
Ce matin, au marché de plein air de Bourg, s’adressant à une dame, un marchand de fruits et légumes au traits disons « orientaux », lui demande : « Et avec ça, ma nine ? ». Qui peut encore douter de la puissance assimilatrice de notre langue ?
Ai terminé, hier soir, « Visite à Godenhom » de Ernst Jünger. Synopsis : dans un pays nordique austère et gris, plongé dans un crépuscule perpétuel hanté par le vent et les oiseaux de mer, une barque emporte 3 jeunes gens, en quête de vérité, vers l’île de Godenholm où vit Schwarzenberg, un vieux sage reclus. Éblouissant ! Voici ce qu’en disait Robert Kanters, dans Le Figaro littéraire : « Le court récit de M. Ernst Jünger est une oeuvre proprement admirable. Rarement la beauté plastique d’un texte apparaît avec autant d’évidence comme le rayonnement de sa vérité profonde. Par-delà le brouillard de tristesse et de désespoir que nous laissons parfois monter dans notre âme de la sottise et de la méchanceté des hommes et de notre propre orgueil, nous rapportons de cette Visite à Godenholm l’assurance que le soleil intelligible existe pour notre réconfort et notre joie. On n’a pas très souvent l’occasion de parler ainsi d’un livre. Le reste n’est que littérature, et même cabotinage.» (Robert Kanters, Le Figaro littéraire). Pas mieux ! Extraits :
La richesse et la puissance, avec toutes leurs images, ne semblaient être que les intérêts, le profit terrestre issus d’un capital invisible. Celui-ci ne s’épuisait jamais, et recommençait à ruisseler comme une source, en tous lieux où survenaient leurs princes, leurs poètes et leurs découvreurs.
Il y avait toujours une conscience, une sapience supérieure à la contrainte de l’Histoire.
Son tourment, l’inquiétude qui l’agitait consistaient en une quête incessante de choses qu’il ne possédait pas. Comme il ne les avait non plus jamais possédées, ces aspirations n’avaient rien de romantique. C’était un malaise, un sentiment confus des pertes imposées par le temps, qui l’agitait. Il ressemblait à la mouche prisonnière de la bouteille, lorsqu’il tournoyait ainsi le long du mur invisible qui le retenait captif. Bien qu’il ne le discernât pas, il ne souffrait que plus profondément de cette limite inexplicable dans l’espace de la liberté. Comme nombre de ses contemporains, et même presque tous, Moltner était écrasé par un sentiment de privation.
« Vous tenterez toujours de vous dérober derrière des mots, quand la situation devient sérieuse : d’où vos souffrances. »
À vous tous, amis lecteurs, connus ou pas, qui prenaient le temps de me lire, je vous souhaite un joyeux Noël. En pensées aussi avec ceux pour qui cette soirée demeure sombre, ceux qui souffrent, ceux qui sont seuls, ceux qui sont loin de chez eux, loin des leurs…