Dans un de mes billets précédents, je rappelais la figurede Miguel Torgapour exprimer cette conviction que l’universel de l’humanité pouvait se penser dans l’observation des mœurs en usage dans son village ou sa cité. Où qu’ils se trouvent. Dans la pauvre et secrète province de Trás-os-Montes, dans le dur et sec massif des Corbières ou la capricieuse et molle plaine narbonnaise. Ainsi de l’universelle mauvaise foi qui, dans la bouche des politiques, s’expose sans pudeur dans toutes les langues, avec un identique pathos. Comme à Narbonne, précisément, où son député-maire-président d’agglomération… adversaire déclaré du cumul de mandats mais partisan décidé de n’en manquer aucun, se lançaitlundi dernierdans un plaidoyer sur l’art de l’anticipation alors même que dans l’opposition il pratiquait celui de la conservation. A l’instar de celle obstinée et systématique concernant l’entrée de Port la Nouvelle dans l’agglomération de Narbonne aujourd’hui présentée comme la marque de son ambition visionnaire. Des exemples de ce genre, un lecteur choletais ou polynésien pourrait m’en fournir « à la pelle ». A la condition toutefois d’échapper à cette maladie chronique de nos sociétés du « zapping » qu’est l’amnésie politique. Cette forme d’oubli de soi et du monde entretenu à loisir par tous les spécialistes de l’enfumage médiatique. Et qui requiert, pour s’en protéger et la dénoncer, la plus grande attention. Celle qu’on accorde à la recherche de la vérité. Quel qu’en soit le prix. Même au risque de se tromper…
Les éditorialistes voient toujours le monde en noir et blanc. La nuance et la mise en perspective sont, disent-ils, « invendables ». Hier, Martine Aubry gouvernait un bateau à la dérive, aujourd’hui, le voilà aux mains d’une « patronne » (!!!). La raison ? Pour l’essentiel son ralliement à l’organisation de primaires à gauche pour sélectionner le meilleur candidat pour les futures présidentielles. Ce qui suppose l’adhésion des principaux partis de l’ex gauche-plurielle à cette procédure. Le PC, qui a déjà donné en se noyant dans le « programme commun de gouvernement » , n’est pas prêt à repasser à la tronçonneuse. Et les autres, instruits par l’histoire ont déjà envoyé à Martine une fin de non recevoir. De sorte que ces primaires ne concerneront probablement que le PS qui, par ce dispositif, essaiera en réalité de régler son incapacité collective à désigner son leader. Difficulté qui le fait échouer lors des grandes consultations nationales. C’est dire que cette question, la seule dans une élection présidentielle au suffrage universel, est loin d’être réglée. Et qu’on n’a pas fini d’en parler…En reprenant et tendant habilement ce leurre des primaires (1), Martine Aubry a donc fait un joli coup et momentanément rappelé ses oiseaux de proies. Mais jusqu’à quand resteront-ils sur son bras, le bec fermé?
(1) leurre,définition : Bout de cuir rouge servant à rappeler l’oiseau de proie apprivoisé. Sens figuré ( Artifice pour tromper, illusion ).
Allez, ne mégottons pas notre plaisir ! Cette deuxième éditiondu « Festival Trenet » est plutôt réussie. Comme l’ensemble des « animations ». Quelques petits réglages ça et là, et, sur la durée, une forme, enfin cohérente et de qualité, devrait émerger et donner à Narbonne un visage estival reconnu au-delà de ses » frontières naturelles « . Si l’essentiel du passé a été heureusement conservé : jazz, musique baroque, encore fallait-il renouveler et dynamiser le reste d’une programmation assez banale et usée.Lui donner une orientation plus festive. Les « années folles » et » Trenet » y ont incontestablement réussi. Et, de surcroît et à la manière du » fou chantant » , le ciel n’aura pas été gris. Il aura fallu certes se lever, se laver, se vêtir.Chanter mêmequand on n’avait plus rien à dire. Mais, finalement, je crois que ce rêve d’août a eu du bon…Comme le dit la chanson!
Il y a des jours, comme ça, où on croit rêver. Où on se dit qu’il n’est plus possible de prendre au sérieux les paroles, les indignations et les leçons de vertus de certains hommes politiques. Sauf à considérer que dans ce « champ » tout est permis. Que la conquête et la préservation du pouvoir justifient tous les moyens. Que l’éthique, l’honnêteté intellectuelle et morale sont affaires de « gogos » de mon espèce. Dans cette catégorie de parvenus de la politique, il en est un qui m’insupporte particulièrement. Un jeune loup,comme le présente le Midi Libre de ce jour,qui n’hésite pas à déclarer: « On en a tous plein le dos de l’immobilisme. » en réponse à Martine Aubry qui écrivait hier dans une tribune du Monde : « Réinventer la démocratie, c’est changer profondément les pratiques et les règles politiques au sein de notre parti, notamment sur le non-cumul des mandats et sur l’organisation de primaires ouvertes pour la désignation de notre candidat. ». Faut quand même oser de la part d’un Arnaud Montebourg, cet autoproclamé « rénovateur » et pourfendeur du cumul des mandats qui, au lendemain des dernières élections, a cumulé tout ce qui se présentait devant son féroce appétit. Avec cet argument d’un cynisme consternant : « Je suis croyant mais pas pratiquant ». Religion que pratique sans troubles apparents de conscience nombre de ses amis, notamment en Languedoc-Roussillon,à la manœuvre pour, contre le désir de Martine Aubry, replacer dans son fauteuil « le meilleur d’entre eux » : Georges Frêche…Un modèle du genre en effet !
Vincent Peillon a-t-il vraiment, comme le prétend, pour s’en réjouir,Laurent Joffrin dans son édito de Libération :« En réunissant un arc-en-ciel politique qui va du Modem au PCF, en passant par les Verts et les Radicaux de gauche, cristallisé la seule orientation stratégique qui puisse rendre un début de crédibilité au camp du changement social : la Grande Alliance, celle-là même que nous réclamions dans ces colonnes après les européennes. » ?Je n’en suis pas certain. Déjà, placer sur l’arc en ciel de cette nouvelle alliance Robert Hue (qui ne représente que lui-même, comme en son temps Charles Fiterman – quelqu’un a-t-il de ses nouvelles au fait ?) et madame Taubira ( pour qui j’ai le plus grand respect- mais qui, a désespérément chercher une structure d’accueil, finira bien par se perdre) c’est prendre le bateau de Noë auquel fait allusion l’éditorialiste de » Libé » pour un bateau ivre. Quant à Daniel C.B et Martine de S, un esprit mieux inspiré (restons dans les références bibliques de Joffrin…) aurait pu relever qu’en leur faisant cadeau de cette tribune marseillaise, dans un contexte politique interne au PS marqué par une dispersion frisant l’anarchie, Vincent Peillon leur offrait sur un plateau l’occasion de gagner des parts de marché dans un électorat de gauche déboussolé tout en aggravant la pagaille dans son parti. Car on n’aurait garde d’oublier que l’enjeu pour le MODEM reste toujours d’arriver en deuxième position à la prochaine présidentielle et que les Verts « cohnbétisés » ne rêve que de casser l’hégémonie des socialistes aux futures élections régionales. Dans cette course à » la direction » des gauches et du centre , contrairement à ce qu’affirme la » vox médiatique « , c’est Peillon qui s’est fait instrumentaliser. Et« son coup de génie » ,selon Midi Libre, pourrait bien s’avérer n’être qu’un maladroit« coup de pied de l’âne. »…
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