Il devait être environ 10 heures. J’aperçois trois amis assis à la terrasse d’un café. Je m’approche pour les saluer. L’un d’entre eux se lance sur la composition du nouveau gouvernement. Ce qu’il retient est la nomination de Pap Ndiaye à la tête de l’éducation nationale. « Une provocation ! ». Mais pourquoi donc ? « C’est un indigéniste ! » Ah bon ! Tu l’as lu ? « Non, mais dans le Figaro… »
Dimanche soir.
Je fais un petit tour sur les réseaux sociaux. La nomination de Pap Ndiaye focalise encore les débats. À l’extrême droite et à la droite de la droite : « C’est terrifiant ! ». À l’extrême gauche, déchaînement de haine chez « Les Indigènes de la République » : « Blanc à peau noire », « Noir de maison », essayiste « qui tire à blanc ». Et chez cette « figure » d’une certaine gauche laïque et républicaine : « un adepte de la culpabilité blanche éternelle », « un triomphe du wokisme », « un homme acquis à l’indigénisme »…
Lundi matin.
Ça va passer, mais écrivant ces quelques lignes, je constate que je suis encore un peu mal dans ma peau (peu est en trop !). Un reste de honte ! Et je me dis que s’il n’y avait qu’une raison de soutenir et d’aimer ce nouveau ministre de 56 ans, l’hostilité, la fureur et la haine dont il est l’objet serait suffisante.
Sur la route du retour, en voiture, écoute de Proust : Sodome et Gomorrhe, sur Audible, avec la voix de Guillaume Gallienne. C’est éblouissant ! Je connaissais le texte, mais l’entendre ainsi lu avec tant d’intelligence ne peut jamais s’oublier. À ce moment, par exemple, le fou rire m’a pris :
« La marquise douairière ne se lassait pas de célébrer la superbe vue de la mer que nous avions à Balbec, et m’enviait, elle qui de La Raspelière (qu’elle n’habitait du reste pas cette année) ne voyait les flots que de si loin. Elle avait deux singulières habitudes qui tenaient à la fois à son amour exalté pour les arts (surtout pour la musique) et à son insuffisance dentaire. Chaque fois qu’elle parlait esthétique, ses glandes salivaires, comme celles de certains animaux au moment du rut, entraient dans une phase d’hypersécrétion telle que la bouche édentée de la vieille dame laissait passer au coin des lèvres légèrement moustachues, quelques gouttes dont ce n’était pas la place. Aussitôt elle les ravalait avec un grand soupir, comme quelqu’un qui reprend sa respiration. Enfin s’il s’agissait d’une trop grande beauté musicale, dans son enthousiasme elle levait les bras et proférait quelques jugements sommaires, énergiquement mastiqués et au besoin venant du nez »
Fort heureusement, quand Gallienne rendait ainsi merveilleusement tout le ridicule « savant » et comique de la marquise de Cambremer, j’entrais à très faible allure sur l’aire d’une station service. À « La Junquera », précisément.
Il y a deux jours à peine, je signalais ici même, que Didier Codorniou, le premier vice-président, PRG, de Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, avait diffusé le communiqué de cette dernière appelant à refuser et à combattre l’accord imposé par Mélenchon à ce qui reste encore de « frondeurs » dans son ex-parti. En toute logique, là où Didier Codorniou jouit d’un capital personnel et politique non négligeable : son Département, l’Aude, sa circonscription, la deuxième (Narbonne…), on devrait donc s’attendre à une initiative en cohérence avec sa prise de position au niveau régional. Concrètement, il me parait donc évident que, face à la candidate Verte de NUPES, madame Viviane Thivent, il ne peut pas ne pas y avoir un candidat PRG, certainement Edouard Rocher, le maire de Coursan, soutenu par… Carole Delga et de nombreux autres élus du Ps. À suivre…
La présidente de la Région Occitanie a refusé de se soumettre à l’accord de dupes imposé par Mélenchon à ce qui reste de « frondeurs » dans son ex-parti – inutile à ce stade de se voiler la face. Son premier vice-président, PRG, Didier Codorniou la suit, qui diffuse sur les réseaux sociaux son appel à combattre cette capitulation historique devant un populisme d’extrême gauche aux accents autoritaires et mensongers. Et dans mon département, l’Aude, celui aussi de Codorniou, les choses, en surface au moins, sont claires – enfin ! façon de parler. Une seule circonscription a été octroyée par Mélenchon au PS ; et c’est la conseillère régionale Sophie Courrière Calmon, au profil pourtant droitier et macroniste, qui, de fait, a été adoubée par LFI avec l’incandescent soutien de sa fédération qui, autrefois, c’est-à-dire hier, soutenait hardiment Manuel Valls. Comme me le disait un proche conseiller de Carole Delga , au détour d’un commentaire sur Facebook : « ça sent le sapin ! »
Patrice Strazzera est un ami passionné de plongée et d’histoire. Dès qu’il le peut, il quitte son atelier d’artisan-bijoutier pour explorer les fonds marins en quête d’épaves du siècle dernier : machines de guerres, avions et bateaux. De ces voyages dans ce monde du silence peuplé de cadavres de fer et d’acier, il en revient avec de superbes argentiques en noir et blanc. Des images troublantes et puissantes de gorgones autour desquelles évoluent des nuages de pescaille. Qu’on ne s’y trompe pas, cependant, Patrice Strazzera, ne voyage pas dans ces « eaux » en touriste. Sa quête passionnée est le fruit d’une longue et patiente préparation physique et intellectuelle. Et sa recherche, un chemin de vérité. Les épaves aux contours froissées par la tragédie et ridées par le temps qu’il nous montre sont les traces résiduelles d’un temps de violences. Il nous rappelle aussi que ces machines de guerre qui gisent enveloppées de mystère et de beauté au fond des mers, sommeillent dans les profondeurs de notre inconscient. Sans jamais tomber dans l’oubli ! Les feux et les bruits de canons entendus aujourd’hui aux frontières de l’Europe en témoignent. Avec cette exposition, Patrice Strazzera nous invite enfin à garder la mémoire vive et nos sens en éveil. Une œuvre salutaire en ces temps somnambuliques.
Patrice Strazzera « Le sommeil des épaves » : du 4 mai au 26 juin, à la chapelle des Pénitents-Bleus. Narbonne.
La pluie tombait. J’étais près de la fenêtre. La rue était vide. Des feuilles mortes couvraient la chaussée, mouillées. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]
Lu ce matin dans « L’Opinion », un papier très juste d’Antoine Oberdorff. Ce qu’il décrit n’est pas une colère.C’est une convergence. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime […]
Premier dimanche de Hanouka.Sydney. Une plage.Plus d’un millier de Juifs réunis pour allumer la première bougie.La lumière. Les chants. Les enfants. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime […]
Sur mon fil d’actus Facebook. Lu ce matin cette révélation : nous vivrions dans un « patriarcat acoustique ». Rien que ça. Quinze ans de retard, mais toujours la même ardeur pour débusquer le […]
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