Reproduction d’une toile de mon ami hélas décédé Gérard Calvet
Di.5.6.2022
Ce matin, me baladant en centre-ville…
Mais comment fait-elle pour refouler sans troubles apparents de conscience sa soumission et celle de son parti – EELV — à LFI, à son chef et à ses ouailles locales, en candidatant pour NUPES ? Et lui, du PS, comment fait-il aussi pour rouler avec Mélenchon et tracter pour celle qui lui refusa sa main aux dernières municipales ? Car enfin, la « vérité » de NUPES, quoiqu’en pense les naïfs et les gogos, est simple. C’est celle imposée par LFI à des partis de gauche « ruinés » lors de la présidentielle et brisés, malaxés, recyclés idéologiquement par la centrale à béton de Mélenchon. Oui, comment font-ils ces jeunes gens, me disais-je, pour promouvoir de fait et sans émoi, cet admirateur de Chavez et de Poutine (un peu moins à présent ! Et pour cause) pour diriger le gouvernement de la France, sortir de l’Europe et de l’OTAN et bâtir des alliances stratégiques avec la Russie ; comment font-ils pour laisser croire à une retraite possible à 60 ans et se taire quand sa garde rapprochée Nupesienne reçoit à Paris avec émotion et fierté ce brexiteur enthousiaste et antisémite militant qu’est Jérémy Corbyn, viré de la direction du Parti Travailliste par ses anciens camarades ? Oui ! comment font-ils donc ces jeunes gens pourtant instruits – que je connais ! – pour suivre avec aisance ce rentier de la République à l’intelligence perverse qui cultive, entretient et attise méthodiquement, frustrations, ressentiments et souffrances sociales ?
Je ne lis, ne regarde, ni n’écoute plus rien (presque) qui ait à voir de près ou de loin avec la campagne en cours des législatives. Le temps passe trop vite et j’ai passé l’âge des « idoles » du « bonheur terrestre garanti ». L’enflure rhétorique et gestuelle, l’agressivité de ton et de mots et l’arrogante bonne conscience de leurs prophètes, en effet, m’exaspèrent. Pour tout dire, je ne souhaite rien d’autre, sur un plan politique en tout cas, qu’un relatif statu quo. Ce n’est pas « flippant », je sais ! Mais n’étant ni désespéré ni maladivement pessimiste, ce qui me reste de lucidité me commande d’aimer plus encore la vie : la mienne et celle de ceux que j’aime. De m’asseoir le matin à la terrasse d’un café, de jouir de son ombre et d’y boire un café. De « bader », dirait ma mère. Sans attendre des jours meilleurs.
Illustration : lunette de soleil « Avenir radieux »
Il devait être environ 10 heures. J’aperçois trois amis assis à la terrasse d’un café. Je m’approche pour les saluer. L’un d’entre eux se lance sur la composition du nouveau gouvernement. Ce qu’il retient est la nomination de Pap Ndiaye à la tête de l’éducation nationale. « Une provocation ! ». Mais pourquoi donc ? « C’est un indigéniste ! » Ah bon ! Tu l’as lu ? « Non, mais dans le Figaro… »
Dimanche soir.
Je fais un petit tour sur les réseaux sociaux. La nomination de Pap Ndiaye focalise encore les débats. À l’extrême droite et à la droite de la droite : « C’est terrifiant ! ». À l’extrême gauche, déchaînement de haine chez « Les Indigènes de la République » : « Blanc à peau noire », « Noir de maison », essayiste « qui tire à blanc ». Et chez cette « figure » d’une certaine gauche laïque et républicaine : « un adepte de la culpabilité blanche éternelle », « un triomphe du wokisme », « un homme acquis à l’indigénisme »…
Lundi matin.
Ça va passer, mais écrivant ces quelques lignes, je constate que je suis encore un peu mal dans ma peau (peu est en trop !). Un reste de honte ! Et je me dis que s’il n’y avait qu’une raison de soutenir et d’aimer ce nouveau ministre de 56 ans, l’hostilité, la fureur et la haine dont il est l’objet serait suffisante.
La présidente de la Région Occitanie a refusé de se soumettre à l’accord de dupes imposé par Mélenchon à ce qui reste de « frondeurs » dans son ex-parti – inutile à ce stade de se voiler la face. Son premier vice-président, PRG, Didier Codorniou la suit, qui diffuse sur les réseaux sociaux son appel à combattre cette capitulation historique devant un populisme d’extrême gauche aux accents autoritaires et mensongers. Et dans mon département, l’Aude, celui aussi de Codorniou, les choses, en surface au moins, sont claires – enfin ! façon de parler. Une seule circonscription a été octroyée par Mélenchon au PS ; et c’est la conseillère régionale Sophie Courrière Calmon, au profil pourtant droitier et macroniste, qui, de fait, a été adoubée par LFI avec l’incandescent soutien de sa fédération qui, autrefois, c’est-à-dire hier, soutenait hardiment Manuel Valls. Comme me le disait un proche conseiller de Carole Delga , au détour d’un commentaire sur Facebook : « ça sent le sapin ! »
Tous les matins ou presque, je fais un grand tour de ville à pied d’environ 4 km, en mode « balade » récréative et contemplative. Tour de ville que je boucle assez souvent d’ailleurs à la terrasse d’un bistrot dans lequel j’ai mes habitudes. Mais avant, je me serai toutefois arrêté de brefs instants devant les deux boîtes à livres des jardins dits de la « Révolution » et de « Bourg ». Comme aujourd’hui où, dans la caisse de la seconde, j’ai trouvé, gisant au milieu d’une vile paperasse, cette revue du PS de 2003 « Construire la gauche du XXI siècle ». Était-ce le premier et dernier geste d’un militant perdu refusant la tutelle insoumise sur son parti « signée » cette nuit ? Le moment en tout cas aura été bien choisi par ce malheureux « anonyme », me disais-je. Sur tous les panneaux publicitaires municipaux balisant mon parcours, en effet, était promue l’exposition photo de mon ami Patrice Strazzera : « Le sommeil des épaves ».
– Je profite de l’occasion pour vous inviter à vous y rendre nombreux. Elle est magnifique !