Il serait quand même temps de rappeler un certain nombre de vérités à tous ces professionnels de la bonne conscience sociale et politique satisfaite de ses bonnes intentions et oublieuse de ses turpitudes. Ainsi à propos du Resolution Loans Trust (RTC), qui va reprendre les crédits douteux des établissements financiers aux Etats-Unis, ne manque-t-on pas d’ironiser à gauche en rappelant ( ils feraient mieux de se taire ) que Busch agit comme Mitterand l’avait fait en créant un Consortium de Réalisation (CDR) pour éviter la faillite du Crédit Lyonnais. Et de préciser– sans réfléchir – « c’est la nationalisation des pertes après la privatisation des profits ! » Comme si les pertes d’ une banque nationalisée française devaient être payées par quelqu’un d’autre que le contribuable! Avec cependant une différence notable » …Fannie Mae et Freddy Mac ont été renationalisés par un Etat libéral APRES une crise systémique, alors que le CDR a été établi par un Etat socialiste pour défaire les investissements hasardeux propres d’un Crédit Lyonnais déjà nationalisé. Il était piloté par un membre de la Noblesse d’Etat lui aussi socialiste… Des deux côtés, pas plus de contrôle ! Caste d’Etat ou caste libérale, même résutats. » ( Cf le blog Fugue etFouge, lire aussi le reste de l’article,épatant!… ) Sauf que, pour contrer la libérale on peut recourir à L’Etat alors que pour la première, nichée au coeur même de l’Etat central, entre caste et copinage elle déconsidère l’Etat et la politique . Cela dit, les dirigeants du Crédit Lyonnais de l’époque ont écopé d’une amende de 53 000 euros !!!, le directeur du Trésor dirige la BCE et les ministres des Finances font toujours carrière. Une conception très française de la morale dans les affaires dès lors qu’elles sont entre les mains d’une côterie dont les bonnes intentions sociales l’absolvent de tout crime ou délit. Aux Etats-Unis, aujourd’hui, le FBI enquête…
Avec l’ affaire Siné, un vieux monsieur qui vient de se faire virer de Charlie Hebdo pour avoir écrit des lignes indignes sur Jean Sarkozy, remonte à la surface un antisémitisme à prétention sociale. Celui d’une certaine gauche qui amalgame le Juif à l’argent, à la banque et au capitalisme, et Israël à » l’extermination » des palestiniens, l’Amérique impérialiste de Busch et l’oppression des musulmans. Une « gauche » qui n’hésite plus à s’afficher dans les colonnes de nos grands quotidiens et dans les commentaires de ses lecteurs. Et qui, dans notre histoire, n’est pas sans titres de bassesses. Ainsi Proudhon, le père de l’anarchisme français, écrit-t-il dans ses Carnets (1858 ) à propos de la «race juive»: «Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi […] Le Juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l’exterminer» Et le jeune Marx lui‑même, d’assurer, dans un discours douteux dans La question juive écrite en 1844 alors qu’il séjournait en France: «L’argent est le dieu jaloux d’Israël, devant qui nul autre dieu ne doit subsister» Quant à Jaurès , pourtant déjà acquis à la cause dreyfusarde, il déclare encore, en juin 1898, non sans ambiguïtés : «Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la fièvre du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d’extorsion. Mais nous disons, nous : ce n’est pas la race qu’il faut briser; c’est le mécanisme dont elle se sert, et dont se servent comme elle les exploiteurs chrétiens.» En pleine crise identitaire et dans un climat d’antisarkozisme haineux, la tentation du bouc émissaire juif ressurgit donc.Et pour la plus grande joie des émules de Maurras et de Drumont, elle vient d’une gauche radicale et intellectuelle qui, malheureusement encore, bénéficie d’un statut d’instance de légitimation idéologique. Sombre temps, les loups arrivent…