L’humour de Chine.

On connaît le Giono romancier du « Hussard sur le toit », « d’Angelo » et du « Bonheur Fou », mais on connaît moins bien le Giono chroniqueur avisé de son temps ( Les trois arbres de Palzem ) . Je veux dire du nôtre. Voici un échantillon de ce qu’il écrivait dans les années 50/60 : « On aimerait voir les speakers de la radio et de la télévision prendre du plaisir au sens des mots. En une semaine, je leur ai entendu dire : « L’escalade de la baisse (à propos du froid) continue sauf dans le midi. »…Et enfin, de l’inauguration de je ne sais quelle pouponnière de stade ou quel stade de pouponnière, où un édile coupait un ruban : «  Le jeu vorace d’une paire de ciseaux sur un ruban. » A ce point-là, j’ai cru pendant un instant que c’était de l’humour. » (page 200)

C’est précisément ce que je me disais, un soir de cette semaine, devant notre PPDA national l’écoutant nous annoncer que : «  La neige est enfin arrivée. Elle est tombée en couches épaisses. » Pour former sans doute des gros flocons ! Ah ! le sabir journalistique… J’ai même entendu, sur France-Culture, Nicolas Demoran, qui n’est pourtant pas un idiot, nous informer que « les spécialistes suivent à la loupe (sic) le déplacement des oiseaux migrateurs. » C’était en octobre… Les politiques ne sont pas en reste qui, depuis le passage de Lang à la culture et sa promotion du parler rapt au rang des beaux arts, nous cassent littéralement les oreilles de barbarismes. Le dernier en date « bravitude » nous vient de Chine, repris en cœur par la gent journalistique gauloise éblouie par tant d’audace. Quand on voyage le sac vide de propositions politiques, il ne reste plus en effet qu’à enfiler des perles sémantiques de ce genre. A ce point-là, c’est vraiment de l’humour.

A vau-voeux.

Est-il donc établi que la conscience soit à gauche et le cynisme à droite ? Qu’au spectacle du monde un soupir attristé suffise à divertir nos âmes ? Qu’aux malheurs des autres un regard désolé nous libère du courage ? Que de grands discours nous dispensent de franches vérités ? Qu’une victoire dans les urnes soit plus belle que des cœurs en détresse? Que le Père Noël soit rouge et le petit Jésus blanc ? Que le béton soit à droite et la pierre à gauche ? Que les blacks soient « trops »… et les harkis « riens » ? Que les mots soient pour Sarko et le sens pour  Ségo ? Que la langue de bois soit goûteuse et la sauce piquante ? Que 2007 ne soit pas 2006 ? Que la vie va trop vite et  le temps pas assez ? Que ma plume s’affole et les signes m’enivrent ? Qu’il suffise d’un espoir pour que se forment des vœux ?

   

Noir ou Rouge…

Tout le monde s’en prend à Marcel Raynaud, notre président cathare. Il accorderait des faveurs à ses proches amis politiques. Ce que faisaient aussi certains papes, et que la langue a consacré par le substantif : népotisme. Pour le premier des cathares audois, se faire ainsi admonester au motif d’abus quasi papal au profit de membres de sa famille politique a dû le crucifier. En l’espèce, le procès en inquisition qu’on lui fait est injuste. Où a-t-on vu, en effet, un sénateur recruter une assistante parlementaire par concours et qui, de surcroît, serait une adversaire politique ? Dans les « guignols de l’info », peut-être ! La démagogie à ce niveau de mauvaise foi se rapproche dangereusement du journalisme « people ». Non, plus sérieux me semble le reproche, qui lui est aussi adressé, de cumuler les mandats de  sénateur et de président du Conseil Général. Il est vrai qu’avant, Marcel, en bon progressiste, était contre. Et qu’aujourd’hui, en nouveau conservateur, il est pour. Danger ! C’est avec ce genre de comportement que l’on donne à nos concitoyens l’idée que la politique n’est qu’un théâtre d’illusions. Une farce… Et que pourraient leur venir à l’esprit d’envoyer tout ça « cul par dessus tête  » en plongeant dans le vide abstentionniste.Pour le plus grand profit des partis de l’extrême. Noir ou Rouge…

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