Dans son très intéressant article : « Fake news, post-vérité… ou l’extension du domaine de la propagande » [1], Patrick Chastenet, Professeur de science politique à l’Université de Bordeaux ,après avoir défini ce qu’il entendait par fake news , à savoir, au sens large, non seulement des fausses nouvelles mais des informations volontairement falsifiées et trompeuses, indépendamment de la nature du media utilisé, montre en quoi ils ont « partie liée avec la manipulation, ce qui les inclut – en tant que simple technique – dans un phénomène beaucoup plus vaste et par ailleurs millénaire : la propagande… utilisée par le tyran Pisistrate dès le VIe siècle av. J.-C… »
Allez traîner sur les réseaux sociaux et sur les sites médias des journaux, repérez les mots clefs et changez vite leur identité première, ou spontanée (nuance !). Comme »identité » (qui ne vaut que pour la carte ou les minorités) ; « France » (qui fait un joli prénom : trait d’union Lyse) ; « frontière » (pour la liberté seulement : qui n’en a pas !) ;
Après un lourd tapis de bombes médiatico-politique sur le « bétonnage » fantasmé de nos littoraux, après que l’Assemblée eut voté un amendement (très encadré) relatif aux désormais célèbres « dents creuses » [1], nous voici à présent soumis à une deuxième vague d’aussi forte intensité concernant le glyphosate et l’autorisation donnée d’en poursuivre l’utilisation pendant encore trois ans. « Irresponsabilité, mise en danger d’autrui, cancers etc… nous dit-on » ; « on continue à nous empoisonner, à nous tuer à petit feu », rajoute Corinne Lepage.
La plage des Coussoules à La Franqui (le blog de l’Aude Pays Cathare)
À lire certaines tribunes, articles ou déclarations, le littoral serait à nouveau livré aux appétits financiers des promoteurs immobiliers et menacé par de nouvelles vagues de « bétonnisation ». La cause ? l’article 9 du projet de loi Élan (Évolution du logement, aménagement et numérique), modifié par un amendement voté en Commission, qui permettrait l’urbanisation des « dents creuses ». Ce qui, sans explications précises, autorise en effet les interprétations les plus farfelues (les titres de nos quotidiens en rendant compte de façon alarmiste – afin de séduire leurs lecteurs qui, en général, d’ailleurs, se limitent à leurs seules lectures.) : « Loi Littoral : comment les «dents creuses» pourraient bétonner nos côtes », pour le Parisien ; « Loi littoral : cette réforme qui pourrait bétonner les bords de mer » selon Capital ; « Le gouvernement va-t-il ouvrir des brèches dans la loi littoral ? » pour la Croix etc. Qu’en est-il exactement ?
Pour bien comprendre les enjeux, commençons par rappeler ce que disent aujourd’hui la loi de 1986 et sa jurisprudence. D’abord qu’il est interdit de construire sur une bande de cent mètres à partir du rivage en dehors des zones déjà urbanisées, et que « L’extension de l’urbanisation doit se réaliser soit en continuité avec les agglomérations et villages existants, soit en hameaux nouveaux intégrés à l’environnement « . En conséquence, les constructions peuvent être autorisées dans les communes littorales en continuité avec les zones déjà urbanisées, caractérisées par une densité significative des constructions, mais qu’aucune construction ne peut en revanche être autorisée, même en continuité avec d’autres constructions, dans les zones d’urbanisation diffuse éloignées des agglomérations. »
Quelles sont à présent les conséquences des amendements du gouvernement et des députés votés hier soir :
que le « comblement des dents creuses » (des parcelles vides situées entre deux bâtiments construits dans un même hameau) ne pourra s’appliquer ni dans la bande des cent mètres du littoral ni dans les espaces proches du rivage,
qu’il sera réservé aux « logements et aux services publics »
et que seront exclus les projets « de nature à porter atteinte à l’environnement ou aux paysages ».
J’ajoute que les critères élaborés par le Conseil d’État, au fil de sa jurisprudence, pour définir un « hameau » : plusieurs bâtiments suffisamment proches les uns des autres pour être regardés comme groupés, sont, de plus, très contraignant. C’est ainsi que la plus haute juridiction administrative a exclu dans son appréciation de cette notion des constructions éparses distantes de 30m seulement…
On voit donc bien que cette modification législative est très loin d’ouvrir le littoral à la spéculation et à la promotion immobilière, comme j’ai pu le lire, encore ce matin, notamment sur les réseaux sociaux. En réalité, il s’agit de résoudre des cas très particuliers. Le coeur, l’essentiel de la loi de 1986 n’est pas touché, et le risque invoqué de son « détricotage » relève plus de la polémique politicienne que d’un jugement raisonné. De sorte que, sous réserve d’une étude plus appronfondie, ne connaissant pas de « dents creuses » sur le littoral par exemple, ces modifications législatives, ne devraient rien changer à l’état présent des aménagements permis…
href= »https://contre-regard.com/wp-content/uploads/2018/05/e05703f_17435-2xax1i.g6lp7.jpg » target= »_blank » rel= »noopener »> President Sergio Mattarella at the Quirinal Palace in Rome, Italy, May 23, 2018. REUTERS/Remo Casilli. @lemonde.fr[/
Ce n’est pas dans mes habitudes de reproduire l’intégralité d’un article ou d’un texte publié sur Facebook, mais cette analyse de Renaud Girard, correspondant de guerre et chroniqueur international du Figaro, par sa clarté d’exposition et la pertinence de ses arguments, me semble devoir être connu du plus grand nombre de mes lecteurs. Qu’on la partage ou pas, elle est une source de réflexion utile en ces temps où les mots ne s’accordent plus avec le réel…
Pour la première fois depuis la guerre, l’Italie va connaître deux élections législatives la même année. Cela témoigne du dysfonctionnement de la démocratie italienne ; mais cela annonce aussi une grave crise en gestation pour l’Union européenne (UE).