Première sortie urbaine : une demi heure seulement. Le souffle est encore court, et le masque (sanitaire) n’arrange pas les choses. Le ciel est sombre et bas. Passage devant l’hôtel de police ; une compagnie de corbeaux niche dans les platanes qui le borde : ils s’agitent bruyamment en poussant d’épouvantables croassements. On pourrait se croire dans un film d’après guerre et on s’ imagine allonger le pas : la peur que surgissent de ce commissariat des hommes vêtus de noir. Plus loin, je croise un jeune couple. La jeune femme tient en laisse – en corde ! –, d’une main, deux gros chiens ; son compagnon pareillement ; elle avance, lui à ses côtés, en serrant, dans l’autre, le guidon d’une poussette contenant deux bébés. Affolant attelage ! Je songe à leur quotidien dans un petit appartement du centre ville, dans le quartier de Bourg – je les vois souvent, de ma fenêtre, aller dans cette direction. Je pense surtout à ces enfants envers lesquels j’éprouve spontanément, à tort, peut-être, un pénible sentiment de crainte et tendresse mêlés . Il pluviote ; il est tard ; les rues sont vides : le couvre-feu ! Il est donc temps de rentrer. J’aperçois, au bas de la promenade des Barques, deux policiers municipaux : ils patrouillent, débonnaires, nonchalants. L’ordinaire d’un jour comme les autres. Pas tout à fait dependant. Finalement, ce court moment de « plein air » et d’images, contrairement aux apparences, m’aura fait beaucoup de bien – Je suis sérieux !
La charmante Maïa, 10 ans, que je vois souvent à l’occasion de repas familiaux, a reçu, lors de son dernier contrôle de géographie, dans sa classe de CM2, un enseignement moral de sa jeune maîtresse où l’ignorance, la bêtise et la vanité lui ont été présentés sous les traits d’une incontestable et désolante autorité pédagogique.
Hier soir, assis, non ! plutôt affalé dans mon fauteuil, les jambes molles, les yeux brouillés et le cerveau vide, je fixais, dans un état quasi hypnotique, les aiguilles d’une petite horloge qui indiquaient 21h30. Je ne contrôlais plus le battement de mes paupières, ni le rytme de bâillements à répétition, encore moins le mouvement réflexe de ma main droite : elle se plaisait à gratter énergiquement le haut de mon crâne.
Petite brève sur les élections régionales et cantonales de juin dans l’Aude (si elles ne sont pas reportées un peu plus tard du fait de la pandémie). En s’intéressant d’abord au dispositif mis au point cette semaine par le PS, qui détient une très large majorité au Conseil Départemental : un conseil Départemental comprenant 38 élus. Le PS et les divers gauche, se réserverait donc 28 sièges, 2 seraient offerts au PCF (dont 1 sur Lézignan), et les 8 restants proposés aux Verts. Les sortants : Nicolas Sainte Cluque ne se représenterait pas et Catherine Bossis serait sur la liste de Carole Delga aux régionales. Une stratégie d’union qui a fait débat et qui ne peut masquer les profondes divisions de doctrine et de programme entre les partis qui la composent. À suivre…
Le matin, quand le vent s’est éteint dans la nuit et qu’un ciel uniment bleu couvre la ville au midi, j’aime m’asseoir sur un banc de la promenade des Barques. Je choisis toujours celui qui m’offre la vue la plus large possible sur le quartier de Bourg – celui de mon enfance. Il se prête idéalement à de paresseuses pensées ; j’y suis aussi aux premières loges pour regarder les passants et observer toute la variété humaine que présente une petite ville de province comme la mienne.