Un petit hommage à Gérard Bobillier.

bobillierLe directeur et fondateur des Editions Verdier, à Lagrasse, Gérard Bobillier, est mort, lundi. Je ne le connaissais pas et sa disparition me rend pourtant très triste. Je ne le connaissais pas mais ma bibliothèque est pleine de ses livres. Quand Gil Jouanard et Anne Potié, des amis chers, dirigeaient le Centre Régional des Lettres de Montpellier, je me rendais régulièrement dans leurs locaux pour me plonger dans les cartons remplis des nouvelles éditions que leur adressait Gérard Bobillier. Que d’heures passées à feuilleter et  lire, seul, dans cette grande pièce à l’odeur prégnante de papier…Et que d’auteurs découverts en ces occasions : Bergougnioux, Michon, Delibes, Llamazares… Erri de Luca et son « Une fois, un jour » que je ne quitte plus depuis et qui après quelques années de prison est devenu maçon pour gagner sa vie. Un maçon qui, tout au long de ses années de vie d’ouvrier, feuilletait « les Saintes Ecritures et leur hébreu ancien une heure avant de partir au travail. » (Première heure. Rivages poche page 7) «  en homme qui ne croit pas », sans être pour autant athée… Pour y constater que le métier de maçon y était même un titre honorifique, comme le prouve le prophète Isaïe lorsqu’il écrit à propos d’un homme juste : « Et je t’appellerai maçon de brèche, celui qui répare les chemins pour vivre. (Is 58,2) » (Page 18). Gérard Bobillier était lui aussi du métier, si je puis dire. Il lui en a fallu en effet du courage et de l’obstination pour construire, au cœur des Corbières, loin des bavardages mondains et médiatiques, une «  maison » qui «  refusait obstinément – et quoi qu’il lui en coûtât – la pénombre de la Caverne et le jeu des apparences trompeuses… pour s’approcher de la lumière des idées »

Claude Marti à Narbonne.

marti
« Immigré » à Paris dans les années 1970, deux repères ont longtemps guidé ma vie : la pratique du rugby et la voix de Claude Marti. Que les narbonnais vont enfin pouvoir entendre ce soir. Une voix chaude et sincère qui porte au-delà des convictions et des engagements du chantre de l’Occitanie. Et qui, par sa profondeur et son vibrato, vous entraîne dans ses régions de l’imaginaire où la singularité d’une culture se fond dans l’universel de l’expérience humaine. «  Pour nous, la chanson occitane, ce n’était pas pour cloisonner le monde. Je me suis toujours dit que le seul horizon qui vaille est celui qui s’efface à mesure que l’on avance pour aller à la rencontre des autres. » dit-il à Jean Paul Chaluleau , dans l’émouvant entretien qu’il lui a accordé hier , dans l’Indépendant. Une autre façon de dire que celle de Miguel Torga,  qui affirmait  » que l’universel était le local moins les murs « . Un même souci du monde et des autres…

Articles récents