Olivier Bot est un ami! Je l’ai connu quand il dirigeait la rédaction du Midi Libre à Narbonne. Un esprit brillant et une belle plume. Il exerce à présent son talent à la Tribune de Genève. Il y dispose d’un espace réservé à son blog où il nous offre en partage ses lectures sur la marche du monde.
En janvier de cette année 2014, il nous livrait une « critique » du livre de Cécile Amar, sous le titre « Hollande, la politique de gribouille ». Sans concession sur le style de sa consoeur, mauvais, il insistait, à juste titre, ce sur quoi elle aurait du appuyer : les rapports intellectuels, politiques et affectifs « compliqués » de Hollande avec Jacques Delors et sa fille Martine Aubry.
Voici son texte, qui n’a pas perdu une virgule depuis qu’il a été mis en ligne.
« Jusqu’ici tout va mal: tout est dit dans le titre. Le début de quinquennat de François Hollande a été émaillé de ratés, d’affaires et de mauvaises nouvelles. Dans son livre, Cécile Amar revient sur ces épisodes, depuis le tweet de Valérie Trierweiler intervenant dans la législative où sa rivale Ségolène se présentait jusqu’à la piteuse gestion de l’affaire Léonarda. Il manquait encore le soap-opéra en scooter et la rupture avec Valérie. Mais cela fait-il un livre? Pas de révélations, quelques off sans grand intérêt. Pourtant, Cecile Amar tenait un bon sujet.
Car on apprend quelque chose d’important dans son livre: le tournant annoncé lors de la dernière conférence de presse du président français était au programme de la candidature avortée de Jacques Delors. Dans ses mémoires, ce dernier écrit: « il fallait dresser un cadre pour un assainissement rapide des finances publiques (Etat et Sécurité sociale) et stimuler la baisse négociée des charges sociales, et donc un allègement du coût du travail en contrepartie de la création d’emplois et du développement de la formation professionnelle ouverte aux chômeurs, aux jeunes sortant de l’école sans employabilité suffisante et aux travailleurs menacés par les mutations nécessaires de nos structures économiques. » Delors pensait que le PS n’accepterait jamais ce programme. C’est le déloriste Hollande qui le met en pratique aujourd’hui. Mais apprend-t-on aussi dans le livre de Cécile Amar, François Hollande qui partage avec Nicolas Sarkozy la certitude d’être le meilleur et de ne rien devoir à personne, n’a jamais payé sa dette à Delors qu’il ignore. Il l’a utilisé comme tremplin, sans jamais le remercier de l’avoir aidé à monter. Ce traitement inélégant tient-il de la haine recuite d’Hollande pour la fille, Martine Aubry?
La charge présidentielle isole. Hollande décide seul, se recroqueville à l’Elysée, écrit Cécile Amar. Et le grand mou pique de plus en plus de colère contre ministres et collaborateurs. Car l’image de Hollande ne correspond pas sur ce point à la réalité. Le mensonge de son ministre Cahuzac sur ses comptes en Suisse ne fera que le conforter dans l’idée qu’il ne peut faire confiance à personne. Seul. Il décide et s’énerve de ce que les autres font. Un président de la Ve encore plus monarchique qu’à l’habitude, se méfiant de sa cour. En revanche, le mi-chèvre mi-chou de ses décisions est largement illustré par le mauvais scénario du début de mandat. Léonarda, accueillie mais sans sa famille, et le prisonnier gracié à moitié, El Shennawy étant les meilleurs exemples de cette politique de gribouille. Il n’est pas frontal, dit de lui son premier ministre Jean-Marc Ayrault. Fuyant?
Hollande est persuadé que le mariage pour tous de son quinquenat restera dans l’histoire. Il fait remarquer que partout, la crise a mis le peuple dans la rue en Europe. Sauf en France. De quoi se satisfaire? Il donne rendez-vous à la fin de son mandat pour son bilan, répète que la courbe du chômage va s’inverser mais repousse l’échéance.
Tout cela est dans le livre. Son auteur ne brille pas par son style. On aurait aimé que Raphaelle Bacquet ou Florence Aubenas s’emparent du sujet. C’eut été autre chose. Ce qui est drôle d’ailleurs, c’est que le passage le plus et le mieux écrit est signé…. François Hollande. Quand il écrivit sous le nom de Caton une partie du livre consacrée à Delors et Rocard. Extrait: Delors, c’est un être retenu à force d’être réservé, un faut doux, un gentil qui titille et peut devenir méchant. Il a l’orgueil de ceux qui n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur. Il se réfugie dans les idées, les nuages d’où un Dieu quelconque viendrait le décrocher ». C’est autrement plus imagé et enlevé que le style de Cécile Amar. Ca va mieux en le disant, non?
Je reprends ici, in extenso, la « critique » de mon ami blogueur Argoul (son site est ici ) du petit – 122 pages à peine – mais passionnant, livre de Clément Rosset: Principes de sagesse et de folie. Un peu de respiration philosophique, en compagnie d’Horowitz à l’écoute, ne peut pas faire de mal en ces temps troublés…
Voici un philosophe du réel, qui se méfie de l’illusion. Il croit avec Parménide que «ce qui existe existe, et ce qui n’existe pas n’existe pas».
L’être humain est condamné à la seule réalité : être, c’est ne rien être d’autre, exister ici et maintenant. Il ne peut changer les choses, faire que ce qui est advenu n’ait pas eu lieu. «Mais que diable allait-il faire dans cette galère ?» se lamente Géronte, dans Les Fourberies de Scapin.
Le tragique est de s’apercevoir de l’enchaînement des conséquences – mais trop tard- et de l’accepter, puisqu’on ne peut pas faire autrement. Le sentiment de l’existence est «un coup de foudre , le «sentiment fulgurant d’une présence».
Clément Rosset analyse trois modes d’appréhension affective de l’existence : la nausée, la jubilation, la surprise.
J’ai, avec Charles Juliet, des amis communs : mon boulanger et ma boulangère. Avant de s’installer à Narbonne, ils lui vendaient du pain, dans le petit village de Jujurieux, rue de l’Église, dans l’Ain. Dans une chronique de septembre 2014, j’ai raconté comment – mon boulanger suivant mes écrits –, nous nous étions trouvés dans cette compagnie de coeur, si je puis dire. Toujours est-il que Charles Juliet a répondu à la petite lettre d’Adelyne, qu’elle avait accompagné d’un de mes textes le concernant.
Elles ont l’air d’avoir une vie propre et sont parcourues de menus tressaillements. Les ongles carrés sont coupés au ras de la chair, on voit leur épaisseur, on voit que c’est net, Joseph entretient ses mains, elles lui servent pour son travail, il fait le nécessaire. Les poignets sont solides, larges, on devine leur envers très blanc, charnu, onctueux et légèrement bombé. La peau est lisse, sans poil, et les veines saillent sous elles…
Photo: Philippe TAKA. Reportage photographique du marché aux truffes de Narbonne. Le site de l’auteur (ici)
Texte: Marie-Hélène LAFON. Extrait de son dernier roman « Joseph ». Présentation de l’auteur et de son oeuvre (ici)
– Je l’ignore, répondit Crapaudin. Personne ne sait ce que pense Lelombric, dans les ténèbres de son cerveau. Ceux qui ont eu l’occasion de l’apercevoir sont fort peu nombreux. D’habitude, il passe son temps à hiberner. Il dort d’un long sommeil, pendant des dizaines et des dizaines d’années, dans les ténèbres et la tiédeur du fond de la Terre. Alors, naturellement, ses yeux s’atrophient, son cerveau se ramollit, se met à fondre dans son sommeil, et il se transforme en toute autre chose. Pour parler franchement, je suppose, moi, qu’il ne pense rien du tout. Je crois qu’il absorbe simplement des échos et des vibrations venus de très loin, et les emmagasine dans son corps. Ensuite, il en restitue la plupart sous forme de haine, après un processus de transformation chimique complexe. Je ne sais pas comment ça se produit exactement, je serais bien incapable de l’expliquer en détail.
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