C’est une boulangerie de quartiercomme on en trouvait autrefois. Sa vitrine parle pour elle : on devait y entendre des accents occitans. Ce qui n’est pas le cas d’Adelyne, qui vient de loin… Chez elle, l’accueil est empreint d’attention et de simplicité : le client n’a pas d’âge, et son statut est son prénom. Comment fait elle ? Chaque matin, je me pose la question tout en admirant – le mot n’est pas trop fort – les pains de Gilou, son mari. Une variété de formes, et des croûtes, à les voir, qu’on entend sous la dent… Ah ces pains ! Les meilleurs de la ville assurément. Les amateurs ne s’y trompent pas : ils viennent d’un peu partout ; et leurs commentaires suffisent à convaincre le client de passage de venir les rejoindre. Hier matin, j’ai choisi un pain à la « peau » couleur de miel : il est fait avec de la farine de blé dur du Lauraguais. Un gâteau ! Tendre et moelleux, d’une cuisson parfaite. Il ne m’en restait plus qu’une petite moitié au terme de mon tour de ville quotidien. Cette boulangerie respire l’amour du métier et du plaisir à l’offrir en partage. On y entre ainsi comme dans un rituel : avec la certitude d’y trouver, dans la « croûte » choisie, de la bonne oeuvre. En cela, Gilou et Adelyne ont le sens de l’amitié… Si le hasard, un jour, vous emmène du côté de la place de Verdun, à Narbonne, poussez donc la porte de ma petite boulangerie !
Hier soir, tard, entre veille et sommeil, lu cette note d’André Blanchard(Entre chien et loup: carnets):
« Quand on commet des erreurs d’interprétation à propos de tel ou tel de mes comportements, comme beaucoup j’en ressens du désagrément. Que traînent des idées fausses sur notre compte, même l’humilité a du mal à ne pas se froisser. Le hic, c’est que ces erreurs proviennent en grande partie de mon fait (la désinvolture, le peu de peine que je prends s’agissant de m’expliquer clairement, mon peu d’empressement pour rectifier quand j’en ai la possibilité, et ce au nom de cet «à quoi bon ?» chéri). On comprend que, confronté à ces opinions erronées, je pique alors des colères épiques, mais après coup, et après moi ! »
Ces phrases, j’aurais pu les écrire. À l’exception de la dernière cependant . À quoi bon ces colères épiques, en effet. Rien ne peut faire que nous ne soyons à jamais exemptés d’idées fausses : en bien ou en mal ; sur notre compte et celui des autres …
Hier, je n’ai pas fêté la musique ! C’est le silence que je suis allé chercher. Pas très loin, à Boutenac , au » Domaine du Griffon « , une belle demeure vigneronne du 19 ème siècle tenue par Michel et Christophe, qui y ont aménagé cinq splendides chambres. Calme et beauté du lieu ; gentillesse et intelligence de nos hôtes; excellence de la table et des vins; et , hasard merveilleux, des convives charmants et agréables. Tout était réuni pour une belle fête de l’esprit et des palais; de la musique aussi, comme dans ce grand salon aux murs « chauds » où nous fut présenté un vin gris, tout simplement exceptionnel, du domaine de Fontsainte. Mozart et son concerto n° 23 en rehaussait ses arômes délicats pour nous faire tomber dans une douce et bienheureuse rêverie… Le bonheur ne se décrit pas, me disais je ! Tard dans la soirée , loin, si loin de la foule et du bruit, le mien avait, en cette nuit ailleurs grégaire, les couleurs, l’âme et la beauté d’une ancienne demeure où vibre encore une certaine idée de la vie. De la vie, comme éveil des sens à l’infinie bonté des êtres et des choses…
Hier avait lieu le vernissage de l’exposition (1) des oeuvres de Marc Kaprielan à la Poudrière; il y avait foule à tourner autour de ses toiles. Deux ans déjà qu’il nous a quittés ; sans prévenir ! Marc était la bienveillance et l’humilité même. La salle de son resto, la » Jument verte « , lui ressemblait : onirique et paisible. Par sa grâce – lui pourtant si solitaire – convergeaient vers elle tous ceux qui aimaient à le voir entre tables et cuisine incarner une certaine idée de la vie et de la sociabilité. Marc avait en effet ce don de rassembler. L’angoisse au coeur et la mort aux trousses, le temps lui pressait de nous donner sa part de mélancolique joie. Ses tourments, ses peurs, les toiles rassembléesà La Poudrière par Graziella et son ami Cauchy, aidés par Jacques Bascou,en témoignent de façon saisissante. Cris, corps et visages déformés, toreros aux yeux masqués d’un violent coup de brosse noir… Images d’un spleen qui lui masquait l’horizon. Voyait-il plus loin que le soir ? Qui pourra jamais répondre ? Ce dont je suis sûr, par contre, c’est qu’il savait éclairer, par sa seule présence, le nôtre. Et hier soir, à la Poudrière, si sa souffrance était ainsi montrée, ce n’était pourtant que bonne humeur. Dans l’air flottait comme un parfum venu d’ailleurs. À l’évidence, il était parmi nous. Comme avant!
« Ni fielleux, ni bilieux, il joue jusqu’au bout du rouleau la partition du désespoir gai, du nihilisme fugueur. Il est rare qu’on sente autant, en pleine lecture, la chance qu’on a d’être un lecteur. » C’est pour ces lignes de Beigbeder, que je lis en ce moment, le matin, tôt de préférence, les derniers « carnets 2009-2011 » d’André Blanchard publiés sous le titre « À la demande générale », aux éditions « Le Dilettante ». On y trouve ceci, à la page 101 :
Sur mon fil d’actus Facebook. Lu ce matin cette révélation : nous vivrions dans un « patriarcat acoustique ». Rien que ça. Quinze ans de retard, mais toujours la même ardeur pour débusquer le […]
Le mantra de Gédéon était simple, brutal : « S’il y a des problèmes avec la police, c’est parce qu’il y a des policiers. » Il en avait fait son programme. Un jour, il ferait tomber l’édifice, et son […]
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Elle est allée dans sa chambre. Elle est revenue. Elle tenait un disque. Marcel Amont. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]