Il est 10 heures 30, ce matin. À travers la grande baie de mon bureau surplombant les toits, la place et les rues qui font ma géographie quotidienne, j’observe, par intermittence, plus ou moins distraitement, et après que j’eus tapé quelques mots sur mon écran d’ordinateur, la circulation de passants, pour la plupart d’entre eux anonymes et plus ou moins pressés, ainsi que les déplacements et gestes d’ouvriers oeuvrant sur le grand chantier de rénovation urbaine ouvert au bas de mon immeuble du centre ville.
M. est un ami. Il me dit ne pas pouvoir rester assis à la terrasse d’un bistrot plus de 15 minutes ; et s’étonne toujours que je puisse y passer « deux heures » sans m’ennuyer. Comme hier où le temps était favorable à cette immobile et prenante activité.
Devant chez moi, un gros chantier de rénovation urbaine : réfection et embellissement des trottoirs, chaussées et places du quartier délimité par précisément la place des Quatre Fontaines, l’ancienne Place au Blé et la rue des Trois Pigeons. Depuis quelques jours, et pendant encore quelques semaines, ces voies de circulations, ces espaces d’agréments et de stationnement ne sont plus.
En 1840, dans « De la Démocratie en Amérique », Alexis de Tocqueville décrit le « despotisme nouveau » qui gangrène, à ses yeux, la démocratie naissante. Nos penseurs qui se plaisent à rejeter tout ce qui nous vient du passé, devraient pourtant s’interroger sur cette surprenante analyse d’un aristocrate normand du XIX siècle qui nous dépeint si bien. Et dans un style d’une qualité d’expression parfaite que l’on aimerait trouver chez nos obscurs contemporains
La littérature doit-elle se soucier de ne point heurter la sensibilité des lecteurs ? Aux EtatsUnis, le sujet fait débat et pour éviter des procès en sexisme, racisme, grossophobie, homophobie, et autres phobies culturelles ou religieuses, auteurs et éditeurs font désormais appel — l’auto censure ne suffisant manifestement pas — à des « lecteurs en sensibilité ».