Nous sommes sur la plage. Cela fait un petit moment que j’observe la petite Ninon. Nous la connaissons bien pour l’avoir vu grandir. Elle a maintenant trois ans. Ses grands-parents la gardent tous les étés. Elle est vive et parle déjà comme une « petite fille ». Tous les après-midi, vers les 16 heures, ils s’installent toujours au même endroit. Comme tout le monde ! L’homme est un « animal » d’habitudes.
9h 30 ce matin. Fin de course – presque ! Je m’arrête un instant le temps de m’imprégner de la beauté du lieu : de l’harmonie de ses formes et couleurs. Je note cette série de trois cyprès qui, en rompant une certaine unité de volumes et de lignes, lui donne toute son originalité, son caractère. Au même moment une volée de vetétistes électriquement assistés a traversé à toute allure cet incomparable, ce merveilleux bout de paysage. Casqués, le nez sur le guidon, ils n’avaient d’yeux que pour leurs « machines ».
J’ai d’abord aperçu sa tête. C’était celle d’un homme assis sous l’épaisse et lourde toiture en béton d’un blockhaus. Tout le haut de son corps semblait affaissé, comme s’il vivait au milieu d’un profond chagrin.
C’était hier et 8 heures 30 du matin ; il était temps de partir pour une longue marche en solitaire : la première, depuis des semaines d’activités, disons modérées.