Dans ma petite ville, ce matin-là, j’ai cru voir Fernando Pessoa…

   

S’il faisait jour, la lumière était grise et le vent froid. Il était 7h 30. Je me rendais dans un laboratoire pour un contrôle de routine. À jeun. Sans ma dose de café. Pressé d’en finir. Cet homme, marchait loin devant moi.

Sur la promenade des Barques : « Il y aurait tant à dire d’une journée apparemment vide… »

 
 
 
 

Canal de la Robine. Promenade des Barques. Ensemble monumental.

Il y aurait tant à dire d’une journée apparemment vide, songeais-je, assis, « au soleil », sur un banc de la promenade des Barques d’où j’observais, distraitement, l’agitation et les déplacements de flâneurs, pour la plupart jeunes, insouciants et très légèrement vêtus. Les garçons portaient d’amples tee shirts et des jeans informes, les filles de minuscules débardeurs et des pantalons très moulants.

Premières jonquilles ; désir de printemps…

     

Des jours que nous vivions sous un ciel épais couleur de plomb. Un vent marin de pluie, violent, noyait les plages ; en ville, giflait les murs ; courbait les ombres de fantomatiques passants, déchirait leurs coiffes, brisait leurs rêves, leurs désirs. Les nuages étaient encore bas ce matin. Mais la « tempête » s’est enfin tue. Miraculeusement est aussi venue dans ma fenêtre une marchande de jonquilles. Elle habite le quartier, je le sais. Sur sa bicyclette, dans une cagette, les premières narcisses de la saison.  D’un jaune éclatant. Splendides. Fraîches. Je les aime ! Elles annoncent le printemps. Comme chaque année, avec quinze jours d’avance, me dit-on. Elles ont la couleur du soleil ; celle de l’aurore précisément. Mystérieuse aurore, incertaine encore dans la grisaille du temps…

   

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Rencontres et souvenirs attachés à la Maison Médicale de Garde de Narbonne…

 

 
 
5h 30, ce matin ! rêveries autour d’une « cafetière » de café avec ces images de ma dernière sortie – de plein air et active – qui date de samedi dernier ; images persistantes et noyées dans mes habituelles lectures matinales de trois ou quatre textes brefs de Perros ou de Thomas, Grenier… notamment. Des images dont je ressens le besoin, à présent, de les mettre en mots ; de les fixer dans le temps.

Assise au bord de son petit lit, Émilienne pleure.

 
Émilienne et Manuel, son mari : sur ses genoux, Laurent…
   

Assise au bord de son petit lit, Émilienne pleure. Ses mains jointes sur ses genoux serrés, sa tête légèrement penchée et ses yeux remplis d’eau jusqu’au bord, elle me fait penser à une petite fille qu’on vient de réprimander. Tous les soirs, à la même heure, Émilienne est ainsi : une petite valise à plat sur le côté, elle attend celui ou celle qui viendra la chercher pour l’emmener « dans sa maison ».

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