Dans les rues de Narbonne, une fin d’après-midi de dimanche, fin novembre…

   
   

Dimanche, 16h. Vent froid et violent. Les rues sont désertes, ou presque. Je marche pour marcher. À l’aveugle. Sans but. Pour le plaisir ! Physique : le visage dont la peau s’étire. Psychologique : les idées dont les lignes se tendent. Je croise de rares promeneurs couverts d’épais vêtements. Ils avancent la tête aux pieds pour éviter la morsure du vent. Je descends la rue Droite, qui ne l’est pourtant pas, et tombe sur Y. et sa femme, que je n’ai pas vus depuis très longtemps. Il connaît mes textes, ne les commente jamais, mais me dit son sentiment. Il goûte les plus personnels, moins les autres : ceux qui touchent à la politique – peu nombreux toutefois. J’aime sa franchise ! On échange des nouvelles sur des amis communs, nos enfants et petits enfants. Les mêmes mots, comme souvent dans ces moments. Et ce temps qui passe toujours trop vite. Plus bas, un énorme sapin, nu encore, trône sur la place de l’Hôtel de Ville. Pas une âme autour. Les rues sont jonchées de feuilles mortes. À certains endroits, elles forment des tas capricieux, inconstants. Sur le cours Mirabeau, les forains ont monté leurs manèges. La nuit étend ses ombres sur ces squelettes d’acier. Deux alignements de petites baraques en bois, volets clos, leur font face sur la promenade des Barques. Comme un décor de cinéma à l’abandon. Il est temps de rentrer. — Les jours fuient devant moi comme les feuilles au vent.

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