Le vrai-faux-chic.

                                    
Les bobobos-copie-1.jpgbos, qu’il soient des villes ou des champs, aiment se vêtir de «  Marcel » et rouler à vélo. Comme les beaufs ! Qu’ils méprisent, pourtant. La pétanque et le pastis aussi seraient tendance. C’est le « Nouvel Obs » qui le dit ! Quant au bon vieux camping, il ne saurait tarder. Rattrapés par les beaufs nos bobos ! Mais sans l’ Huma. Ils préfèrent visiter les usines plutôt que d’y travailler,Télérama sous le bras. Et comme ils pullulent dans la com, ils nous inondent de leurs fantasmes de petits bourgeois décalés. Un mélange capricieux de bonne conscience et de haine de soi. Du vrai-faux-chic…

La nuit des noirs motards.

Ce soir, Narbonne est livrée aux motards. Cuirs, tatouages et santiags donnent des couleurs au cours Mirabeau d’où s’échappe un violent vacarme sonore, un concert rectifie la rumeur publique, accompagné de hurlements de type paranoïde.Du hard rock de la tendance « je suis débile et tout va bien », qui nous fait même regretter les lourdes et gentillettes polkas bavaroises de la semaine dernière.Une overdose de mégas décibels. Du bruit et de la fureur.De l’animation culturelle dirait le « créateur d’évènements ». Pendant ce temps,du côté du théâtre, on nous garantit, pour bientôt,un quartier à zéro CO2!

C’est quand le bonheur…

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Chassez les automobilistes du centre ville et vous verrez arriver de nouveaux prédateurs. De l’espèce bistrotière surtout. Sympathiques au demeurant mais particulièrement voraces en trottoirs, places et voies fermés à la circulation motorisée à quatre roues, ils prolifèrent pendant la saison chaude dans les cœurs de nos villes méditerranéennes. Cœurs de ville qui, le jour, ressemblent à des champs de sièges et de tables dont la fantaisie des formes et des couleurs n’a d’égale que la  désespérante monotonie de leur esthétique de bazar et qui, à la fin de la nuit, se muent en de hideuses petites montagnes aux formes les plus baroques. A cette « extension horyzontale du domaine de la canette », s’ajoute la débilité sonore, et expansive, de leurs prétendus concerts qui vous envoient dans les oreilles, malgré des vitrages isolants surpuissants, et dans un rayon de plus de 300 mètres, des âneries beuglées du style « c’est quand le bonheurrrr… c’est quand…. »  sur un rythme composé de deux ou trois accords appris dans des revues à un euro. L’avenir des centres villes classés serait-il désormais lié à celui de la profession cafetière ? Il ne resterait plus alors d’autre choix, pour les résidents, que de se transformer en figurants  d’un spectacle permanent qu’elle orchestrerait ou de quitter ce qui ne ressemblerait plus qu’à un parc touristique urbain. Utopie ? Pas sur! Guy Debord ne nous a-t-il pas enseigné que : «Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.»   

Salles d’attentes

Toutes les salles d’attente se ressemblent. Qu’on y attende un avion, un train ou son médecin, partout le même mobilier minimaliste et fonctionnel, la même atmosphère saturée d’angoisse et d’ennui, les mêmes murs fatigués aux peintures griffées et noircies.  
Dans certaines y trônent des tables basses sur lesquelles gisent des magazines et des revues informes et sans âge, aussi vaines que ridicules.
Celle dans laquelle j’attendais qu’on me soigne, hier, était de surcroît…vide.

Je t’écris de Narbonne.

Mon cher Louis,

Je t’écris de Narbonne, cette petite ville qui fut, autrefois, bien grande. Assis à la terrasse ombragée d’un café situé sur la place de l’hôtel de ville, je peux d’ailleurs en apprécier quelques beaux restes. Ce qui me distrait et me console de la laideur déambulatoire de ces promeneurs d’un type bien particulier que sont les « touristes ». Habillés de la tête aux pieds par Décatlhon, ils traînent leur ennui estival et leur marmaille rebelle, vêtus des mêmes informes bermudas multi-poches sur lesquels flottent ce qui semble s’apparenter à d’inusables « Marcel » décolorés par des lessivages à répétition. Parmi eux, on distingue les Anglais, excentriques à souhait, avec leurs éternelles chaussettes grises, et les Allemands à leurs invraisemblables bobs aux couleurs indéterminées . Nos compatriotes, eux, ayant manifestement un faible pour la casquette américaine, souvent celles de leurs entreprises. À noter cependant que la classique « Ricard » fait toujours de la résistance. Elle attend sereinement son heure, celle de la pétanque, juste après l’apéro,  au camping, où elle règnera, souveraine, en maîtresse absolue des lieux…

Au fait, quoi de neuf en Avignon, Louis? Qu’en disent tes chers « critiques » de Télérama et du Monde. Les commentaires doivent aller bon train sur la dernière sortie de Mouchkine? J’y vais, j’y vais pas au Collège de France. Finalement, elle y va.Nommée par un décret signé Nicolas Sarkozy. Elle en est malade, la pauvrette! Suis ou ne suis je pas une traîtresse, c’est la question, ne cesse-t-elle de se répéter. Pathétique! Un vrai numéro de mauvais théâtre de boulevard. Tu me diras que :  » n’est pas Sartre qui veut  » , n’est ce pas?

Finalement, je le trouve plus authentique mon théâtre de rue narbonnais sans acteurs ni metteur en scène. Mon humeur suffit à distribuer les rôles et mes lectures à imaginer dialogues et actions. Mais il est déjà près de midi! Il fait un soleil de plomb et la place me manque pour continuer. Il est donc temps de te quitter pour commander un pastis: « garçon, s’il vous plaît! ». Pas commode le cabaretier, et d’une mauvaise foi. Son prénom? Je te le donne en mille: Jean Paul…

Bien à toi,

Michel

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