Je voudrais vous donner quelques nouvelles de la guerre qui fait rage dans le monde et qui ici et là est arrivée jusque sous vos fenêtres. J’en ai eu quelques échos. Les fenêtres de nos voisins ne vous concernent peut-être pas mais, quand même, quand un immeuble s’effondre dans le fracas c’est tout le quartier qui est ébranlé.
« Je ne me saurais empêcher pourtant de vous dire un mot des beautés de cette province. On m’en avait dit beaucoup de bien à Paris ; mais sans mentir on ne m’en avait encore rien dit au prix de ce qui en est, et pour le nombre et pour leur excellence. Il n’y a pas une villageoise, pas une savetière qui ne disputât de beauté avec les Fouilloux et les Menneville. Si le pays de soi avait un peu plus de délicatesse, et que les rochers y fussent un peu moins fréquents, on le prendrait pour un vrai pays de Cythère. Toutes les femmes y sont éclatantes, et s’y ajustent d’une façon qui leur est la plus naturelle du monde ; et pour ce qui est de leur personne,Color verus, corpus solidum et succi plenum (1).Mais comme c’est la première chose dont on m’a dit de me donner garde, je ne veux pas en parler davantage : aussi bien ce serait profaner une maison de bénéficier comme celle où je suis, que d’y faire de longs discours sur cette matière. Domus mea domus orationis (2). C’est pourquoi vous devez vous attendre que je ne vous en parlerai plus du tout. On m’a dit : « Soyez aveugle. » Si je ne le puis être tout à fait, il faut du moins que je sois muet ; car, voyez-vous ? Il faut être régulier avec les réguliers, comme j’ai été loup avec vous et avec les autres loups vos compères. Adiousas. »
(1) « Un teint naturel, un corps ferme et plein de sève. »
(2) « Ma maison est une maison de prière. »
Jean Racine, Lettres d’Uzès, 1661.1662, le parefeuille (pages 16-17).
Longtemps j’ai écouté, tous les samedis matins, sur France Culture, loin de Narbonne, la ville natale de son père et la mienne, Francis Crémieux et son émission le Monde contemporain, animée conjointement avec Jean de Beer. Deux talents, deux personnalités aux fortes convictions ; deux voix politiquement très opposées et cependant profondément respectueuses l’une de l’autre. Journaliste communiste écarté de l’antenne en novembre 1948 en raison de sa participation à une manifestation devant les studios de la Radiodiffusion française, Francis Crémieux n’est réintégré dans son poste de rédacteur en chef qu’en 1981. Jean de Beer, lui , était gaulliste et chrétien. Ancien secrétaire général du Pen Club français, il est l’auteur de plusieurs essais tel le Tombeau de Jean Giraudoux (1952), une étude sur Montherlant ou l’Homme encombré de Dieu (Grand prix de la critique 1963) et l’Aventure chrétienne, en 1981, sur les débuts du christianisme.
Tous deux ont disparu, mais j’ai encore présente à l’esprit, non la teneur de leurs échanges, bien évidemment, mais la vivacité de ton avec laquelle ils défendaient leurs arguments et convictions.
Avec des petits trucs pour vivre et des petits trucs pour gagner sa vie, on va au jour le jour. Si on se trouve devant une obligation de grandeur, on biaise, on l’évite, on s’écarte par la tangente. Si on souffre trop, on fait un discours, ou on écoute un discours; car on est peut-être capable d’inventer le truc du téléphone, de la T.S.F. et de l’avion, mais on n’est pas capable de trouver des raisons individuelles de grandeur.
Ce matin, petite investigation sur ce rayon-là de ma bibliothèque:
En tire ceci:
L’ouvre au hasard, et lis ce texte de Pierre Sansot:
Ces images de cet univers des jardins ouvriers sont de Julie Ganzin. Elles nous montrent que le plus triste et le plus prévisible ne sont pas toujours sûrs, qu’il existe en certains hommes ordinaires la capacité d’inventer autre chose, de réordonner à partir de peu ( ce sont , en effet, des « gens de peu » ). Et me revient l’image de Pierre Sansot, sur la plage des Chalets, l’été, à Gruissan, sur le coup des 18 heures. Il y faisait l’aller-retour. Sa queue de cheval battant le haut de son dos. Il portait à la main gauche un sac en plastique d’un bleu indéfini. Ses chaussures, à l’intérieur, peut-être! Son caleçon de bain et son tricot n’étaient pas non plus de la première fraîcheur. Il marchait, indifférent aux regards…
Il tirait parti, lui aussi, de ce qu’il avait sous la main.
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