Le bien vivre: Aristote ou Epicure?

 

 

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Mes pages.

 

Ce passage surligné ( Kindle ) dans le beau roman d’Irvin YALOM : « Le problème Spinoza »:

                                     

 

Dans les morceaux choisis de l’Éthique à Nicomaque que vous lirez cette semaine, vous verrez qu’Aristote aussi s’intéresse fort au bien vivre. Il est convaincu qu’il ne consiste pas dans le plaisir sensuel, ni dans les honneurs, ni dans la richesse. Qu’est-ce qui doit, selon Aristote, constituer notre but dans la vie ? C’est, dit-il, accomplir notre fonction intérieure unique. Et qu’est-ce qui distingue l’homme, demande van den Enden, des autres formes de vie ? Je vous pose la question. » Aucune réponse immédiate dans la classe. Finalement un élève lance : « Nous avons l’aptitude à rire que n’ont pas les animaux », ce qui déclenche quelques gloussements parmi ses camarades. Un autre : « Nous marchons sur deux jambes. » « Le rire et les jambes–est-ce là ce que nous faisons de mieux ? s’exclame van den Enden. Pareilles réponses idiotes n’élèvent pas le débat. Réfléchissez ! Quel est la fonction majeure qui nous différencie des formes de vie inférieures ? » Il se tourne brusquement vers Bento. « Je vous pose la question à vous, Bento Spinoza. » Sans prendre le temps de réfléchir, Bento répond : « Je crois que c’est notre capacité singulière à raisonner. — Exactement. D’où la conclusion d’Aristote selon laquelle la personne la plus heureuse est celle qui remplit au mieux précisément cette fonction.

 N’est-ce pas, pour un philosophe, se donner le beau rôle ? — Si, Alphonse, et vous n’êtes pas le premier à le penser. Cette observation nous amène donc à Épicure, autre penseur grec important qui est intervenu dans le débat en exprimant des idées radicalement différentes sur l’eudémonisme et la mission du philosophe. Quand vous lirez Épicure d’ici deux semaines vous verrez qu’il parle, lui aussi, du bien vivre mais en employant un tout autre terme. Il est beaucoup question chez lui d’ataraxie, ce qui se traduit par…? » Une fois encore van den Enden place sa main en conque sur son oreille. Alphonse aussitôt lance le mot « quiétude » et très vite d’autres ajoutent « calme », « tranquillité de l’esprit ». « Oui, oui, oui, dit van den Enden, manifestement plus satisfait des résultats de sa classe. Pour Épicure, l’ataraxie est le seul vrai bonheur. Et comment l’atteint-on ? Pas par l’harmonie de l’âme de Platon, ni par la conquête de la raison d’Aristote, mais simplement par l’élimination des soucis et de l’inquiétude. Si Épicure s’adressait à vous en ce moment il vous inciterait à vous simplifier la vie. Voici comment il pourrait vous parler s’il se tenait ici face à vous aujourd’hui. » Van den Enden s’éclaircit la voix et prend un ton familier : « Les garçons, vous avez peu de besoins, ils sont faciles à satisfaire et toute souffrance utile peut être aisément supportée. Ne vous compliquez pas l’existence en vous fixant des objectifs aussi terre à terre que la richesse et les honneurs : ce sont les ennemis de l’ataraxie. Les honneurs, par exemple, sont liés à l’opinion que les autres ont de nous, ils supposent que nous vivions comme les autres le souhaitent. Pour atteindre aux honneurs et les conserver, il nous faut aimer ce que les autres aiment et quel que soit ce qu’ils rejettent, le rejeter. Alors, une vie d’honneurs ? Une vie en politique ? Fuyez cela. Et la richesse ? De même ! Elle est un piège. Plus on possède, plus on veut posséder et plus profonde est la tristesse quand nos désirs restent insatisfaits. Écoutez-moi, les garçons : si c’est le bonheur que vous cherchez, ne vous gâchez pas la vie en vous battant pour ce dont vous n’avez pas vraiment besoin. »

Le fait religieux expliqué à ma petite fille.

  etoile-berger-L-cIMa6S.jpeg     A Elisa… Ne ferme pas ton cœur au mystère des choses…cherche, cherche toujours Méfie-toi toujours un peu de ceux qui te disent avoir trouvé….  

Tu as sans doute vu ces derniers temps a la télévision, des gens, dans toutes sortes de pays a travers le monde, qui défilent, la haine dans les yeux, la bave aux lèvres, qui éructent, vocifèrent, appellent au meurtre, ne rêvent visiblement que feu, cendres, plaies et bosses….Et tu t’inquiètes, tu as un peu peur…A juste titre. Tu te demandes sans doute pourquoi tant de violence, tout cela au nom d’un Dieu que, par ailleurs, ces mêmes personnes qualifient de Dieu d’amour et de miséricorde.

C’est que, vois tu, ces gens là aiment tellement leur dieu que non seulement, ils le veulent supérieur au dieu de tous les autres (ce qui, a la rigueur pourrait se comprendre) mais également, et c’est plus grave, ils refusent, qu’on puisse émettre la moindre critique vis-à-vis de lui et même, pire encore, qu’on puisse croire a un autre dieu que celui là ou ne pas croire du tout.

Mais cela, hélas tu le verras, est un phénomène bien connu…La sottise des uns nourrit la sottise des autres, l’islamophobe (celui qui n’aime pas l’islam sans d’ailleurs le connaitre) nourrit la haine de l’intégriste (qui ne le connait pas beaucoup plus et l’aime trop et mal). Chaque pole a ses extrémistes et ils se servent les uns les autres de repoussoir, on n’en sort pas…Mais tu sais, et tu l’as déjà constaté, si la bêtise n’existait pas sur la terre nous vivrions encore dans le paradis terrestre…Si Dieu existe, malheureusement, en même temps que le monde, il a crée le crétin…L’espèce s’est très bien acclimatée et a même beaucoup proliférée.

Un très vieux dicton affirme que l’homme est un loup pour l’homme…Je pense quand a moi, tu vois, que c’est méchant et injuste pour le loup car le loup, lui, n’est jamais un loup pour le loup.

L’homme, il adore un Dieu qu’il ne connait pas et il tue son semblable, le loup, il n’adore personne et il ne tue que les étrangers a sa race (et encore, ce n’est que pour manger…). Lequel est le plus nocif, a ton avis ?

Mais bon, il ne sert pas a grand-chose de déplorer tout ça, il faut faire avec et essayer, malgré tout, d’être utile…Mais comment diras tu ?

Eh bien d’abord, essayons de prendre de la distance vis-à-vis de nous-mêmes et des autres afin d’éviter les passions malsaines qui obscurcissent le jugement et, comme le philosophe, allons le nez au vent, libres et attentifs, sans aucun parti pris, regarder les hommes et efforçons nous de comprendre, sans les juger, leurs façons de faire et de penser…On y va ?… C’est parti…

D’abord, devant la religion, il y a trois sortes d’individus ce qui conditionne, bien sur, trois sortes de comportements (nous sommes tous forcément un de ces trois profils)

Primo, les croyants (très largement tous ceux qui croient en quelque chose de plus grand qu’eux, en bref ont une foi…) ; de ceux là on va parler abondamment, c’est le sujet principal de ce travail.

Secundo, les athées (de a privatif et théos Dieu) qui croient ou pensent qu’il n’y a pas de dieu…Là, il faut distinguer, tu vois, entre croire et penser, celui qui pense qu’il n’y a pas de dieu  est sans doute vraiment athée mais celui qui croit que dieu n’existe pas n’est déjà plus tout a fait athée puisque il croit a quelque chose (l’inexistence de dieu) donc il est, en quelque sorte croyant en négatif…Tu comprends ?

Cela dit, si tu dis ça a l’un d’entre eux, tu vas surement le mettre en colère…C’est pourtant logique, les mots ont toujours un sens, il faut faire très attention a la façon dont on les utilise.

Et puis, enfin, tertio, il y a les agnostiques (pour ton information c’est mon cas )…Le mot vient de a privatif, et de gnose qui, en Grec, signifie connaissance, ce qui veut dire, littéralement celui qui n’a pas la connaissance de Dieu, c’est-à-dire plus précisément, qui ne ressent a ce sujet , ni manque ni appel ni présence intime mais n’en conclut pas pour autant a l’impossibilité de l’existence d’une puissance supérieure…Simplement, ils ne se prononcent pas, ce sont les abstentionnistes de la foi, ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que beaucoup d’entre eux ne soient pas en quête

Pour résumer, le croyant croit, l’athée ne croit pas, l’agnostique n’a pas de réponse. Les deux premiers sont dogmatiques (ils ont leur vérité), le troisième ne l’est pas (il cherche la vérité)

Tu jugeras au fur et a mesure de ton évolution et de tes connaissances duquel de ces profils tu te sens le plus proche et ce sera ta liberté.

Mais après cette précision qui me paraissait importante, je reviens a la première catégorie, les croyants, puisque c’est du fait religieux (donc de la foi) que je voulais te parler aujourd’hui.

Nous avons tendance, a priori, à nous méfier un peu de ces gens qui nous expliquent a leur manière quelque chose que personne ne comprend très bien (le monde) par quelque chose que l’on comprend encore moins (Dieu) et qui paraissent, en plus, pour beaucoup d’entre eux tellement pleins de certitudes.

Tu te rappelles de Socrate…Hein ? « Je sais seulement que je ne sais rien » eh bien, eux, ils prétendent savoir plein de choses. Tu vois là la différence fondamentale entre le philosophe et le religieux, entre les sages et les fanatiques (soyons justes, ils ne le sont pas tous, mais un certain nombre, hélas le sont)

Mais enfin, me demanderas tu peut être, ce sentiment du religieux, quand a-t-il commencé ?

Tu sais, parmi les problèmes que les hommes se posent depuis toujours figurent d’abord, bien sur, la peur devant l’inconnu et ensuite, l’insatisfaction…En effet l’être humain ne se contente jamais de ce qu’il a, la vie, l’amour, la possibilité d’en jouir a sa guise mais en plus, il ne se contente pas non plus de ce qu’il est…Petit, fragile, mortel… Vois-tu, c’est le seul animal qui très vite a su faire du feu et enterrer ses morts (ce qui est sans doute la première manifestation du religieux) mais surtout a su s’abstraire de sa vie physique immédiate pour avoir le sentiment, seul parmi les êtres vivants, de l’inexistence ou de l’invisible. Il lui fallait donc, pour transposer ses frustrations, quelque chose de plus complet, de plus grand, de plus fort et comme il fallait nommer cette chose, il l’a appelé Dieu.

Ce fut d’abord par une sorte de magie quand les premiers hommes, dans les cavernes, essayaient de se concilier les puissances occultes et anonymes qu’ils percevaient comme effrayantes (le tonnerre, les éclairs, la dureté du climat, les grands fauves etc.).

La religion, proprement dite commença quand l’homme voulut se concilier aussi une divinité personnelle qui veillerait sur lui, le protégerait, prendrait en compte son désarroi devant l’incompréhensible et le rassurerait.

C’est comme cela que l’homo sapiens, notre très lointain ancêtre devint « homo religiosus » formule que j’emprunte a Régis Debray, un philosophe contemporain)

Après donc avoir défini le principe, il fallait évidemment le codifier.

Pour cela se sont manifestés des guides habilités, médiateurs et intercesseurs…Ce furent d’abord, dans les premiers temps, des devins, des sorciers, des mages, des chamans. Ensuite, au fur et à mesure que les doctrines se précisaient, des yogis, des brahmanes, des prêtres, des imams voire des commissaires du peuple (pour une religion dont je te parlerai plus tard et qui s’appelle le communisme.)

Sont venues ensuite les techniques censées t’amener à la connaissance ou à la reconnaissance de ce principe transcendant (transcendant, ça veut dire au dessus de toi)

Pour les uns ( les chrétiens), cela se traduisit par des jeunes, des macérations, toutes sortes de souffrances que le croyant s’inflige en forme d’expiation d’un certain péché originel commis au début du monde par de lointains ancêtres…Ces gens là adorent se faire mal depuis toujours.

Pour les musulmans ce fut la soumission totale, absolue, sans murmure a leur Dieu (musulman ça vient de muslim en arabe qui veut dire soumis…Alors tu vois…)

Pour les hindouistes il s’agit de se mettre en état de réceptivité extrême, quasiment hors de soi même, pour opérer le grand retour sur soi et se fondre dans le grand tout.

Les bouddhistes, quand a eux, cherchent à se débarrasser d’une individualité considérée comme illusoire, à se détacher complètement du monde visible pour retrouver un état de grâce immatériel perçu comme unique réalité. (Tu vas me dire que pendant qu’ils font tout ça, il y en a heureusement qui travaille…Hein ? Et tu auras raison)

Les juifs, dont la religion, le judaïsme, fut la mère des deux autres grandes religions dites du livre (christianisme et islam…) Le livre c’est, bien sur, la bible, mais je t’expliquerai cela plus tard), ils adorent un dieu, Jéhovah, qui n’a jamais arrêté, tout au long de l’histoire de leur faire toutes sortes de misères, mais ils trouvent ça parfaitement mérité, plus il leur fait de vacheries plus ils l’aiment…L’un d’entre eux l’a même écrit, il y a très longtemps :

« Dieu est juste, il veut que je souffre, il sait que je suis innocent »

Ne cherche pas à comprendre, c’est un peu compliqué, moi-même, j’ai un peu de mal…!

Et tu vois, tous ces gens, les uns comme les autres, se prosternent, se balancent, tournent sur eux-mêmes, s’agenouillent, psalmodient des prières…

Les uns portent une croix, d’autres mettent un turban, certains se rasent la tête, d’autres encore couvrent les cheveux de leurs femmes et se laissent pousser la barbe, quelques uns se font des papillotes aux cheveux, pendant que d’autres laissent pousser une natte…Les uns détestent le cochon, d’autres adorent les vaches…Il ya des chants et des liesses, des cris de haines et d’adoration, des larmes de douleur et d’extase…

Cela peut te paraitre assez drôle , et ça l’est quelquefois en effet, mais cela ne l’est pas vraiment même si, c’est vrai, je t’explique tout ça de façon un peu légère, car, vois tu, cela traduit l’immense désarroi de l’homme devant sa condition ainsi que cette espérance irraisonnée de croire en quelque chose qui lui donnera la clé de son existence….Cela montre aussi l’infinie diversité de toutes ces croyances écloses au cours de l’histoire dans des lieux et au cours d’époques différentes, croyances prêchées par des individus également différents mais qui ont toutes en commun d’essayer de trouver un sens et de percer le mystère incompréhensible du monde et de la vie. Et puis, c’est vrai, les religions permettent cette fusion des cœurs dans une même espérance, elles donnent un sens a la fuite du temps et des jours par cette pratique rituelle de toutes sortes de cérémonies et de dévotions qui permettent à chacun de retrouver chacun et à tous de retrouver tous.

Le religieux occupe l’espace de la vie en la sacralisant, tu comprends, et puis, tu le sais, rien n’est jamais sorti de rien, si les religions existent c’est qu’elles sont l’émanation du désir et de la volonté des hommes…C’est comme cela depuis toujours, les hommes ne sont vraiment ensemble que quand ils peuvent communier dans une même adoration…Tu le vois, c’est un Dieu ou un prophète mais cela peut être aussi (bien que sur un autre plan ) un chanteur a la mode, un footballeur qui marque beaucoup de buts, un homme politique (celui que tu veux selon que tu es de droite ou de gauche ) voire même une princesse quelconque d’un royaume d’opérette…C’est comme un tic, une seconde nature, ils faut qu’ils se prosternent, s’agenouillent, se fustigent, inventent des louanges, des prières, des invocations, bref, qu’ils se soumettent.

Peut être, tout simplement, parce qu’ils ne se suffisent pas a eux-mêmes et donc se projettent vers d’autres eux-mêmes idéalisés et fantasmés…Avec le temps, la plupart des idoles s’effondrent mais les idolâtres, eux, demeurent.

L’homme vraiment libre ne se prosterne devant rien, il est debout…Solidaire de ses semblables, pleinement parmi eux mais droit…Il n’en adule aucun, il n’a pas de manque, il se suffit a lui-même. Voilà l’idéal mais, comme tout idéal, il a la particularité d’être très rarement atteint, il faut être très fort pour être totalement libre, Cela n’empêche pas de toujours le viser !

Cela dit, chacun a son idée de la divinité…Les monothéistes (mono, un théos dieu) pensent qu’il n’y en a qu’un et  c’est le cas des chrétiens, des juifs et des musulmans.

Les polythéistes croient qu’ils y en a plusieurs (comme les hindous, par exemple).

Les panthéistes (pan c’est l’universel) pensent que Dieu est partout en chaque chose de sa création tandis que les animistes(en Afrique, surtout) imaginent Dieu comme l’âme du monde (anima c’est l’âme en latin)

Tu le vois, a chacun sa conception mais tous ont cependant un point commun…Ils prêtent a Dieu la même forme et les mêmes sentiments que les leurs.

Un philosophe Grec (encore un Grec !) disait, à peu près, que pour le cheval, si le cheval pouvait penser son dieu, celui-ci aurait forcement une forme de cheval, pour la fourmi il aurait forme de fourmi…Pour le chameau ce serait un dieu avec deux bosses, le dieu du dromadaire n’en ayant qu’une comme chacun sait…Cela veut dire que notre dieu nous ressemble, bien sur, puisque c’est nous qui l’avons crée a notre image et pas le contraire, donc, nous lui prêtons aussi nos réactions, nos sentiments, nos colères motivées par des circonstances qui n’ont rien de divin mais tiennent, simplement, a toutes nos contradictions et a toutes nos faiblesses.

Cette tentation d’identifier Dieu a notre personne humaine s’appelle l’anthropomorphisme (anthropos c’est l’humain, morphos c’est la ressemblance), elle est, elle aussi, d’essence uniquement religieuse car la philosophie, lorsqu’elle se penche sur le concept de Dieu ne le fait jamais de cette façon.

Tu vois donc comme cela est complexe et varié en même temps que multiple !

Tu sais ce qui serait formidable ? Rêvons un peu…Ce serait que tous les dieux, de partout, du sud au nord et de l’est a l’ouest, les uniques et les multiples, tous, se réunissent quelque part au plus haut des cieux (au besoin, en se faisant la courte échelle )…Ils nommeraient Allah, le dieu des musulmans président de séance parce que c’est celui qui, visiblement, a le plus de mal a tenir ses troupes actuellement.

Ensuite ils prendraient un énorme sifflet (divin, bien sur), ils demanderaient a Eole (c’est le dieu du vent, donc celui qui a le plus de souffle) de siffler la fin de la récréation dans cette cour d’école où tout le monde se tape dessus !

Stop…ça suffit…tout le monde en rang par deux et en classe pour apprendre enfin à vivre une vie meilleure, plus intelligente et plus belle !

C’est ça qui serait bien…Non ?

Mais trêve de plaisanteries, tu vois, je crois qu’il faut essayer de ne pas être des béats stupides confits en dévotions ni, non plus, des ricaneurs plus ou moins malins, se croyant au dessus des angoisses humaines.

Un grand écrivain, qui s’appelait Paul Valery a écrit « que deviendrions nous sans le secours de ce qui n’existe pas »…Un autre, encore plus grand, Fédor Dostoïevski, lui, a écrit « Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis », et ils n’étaient profondément croyants ni l’un ni l’autre, simplement ils posaient la question dans toute sa dimension au-delà des facilités intellectuelles de tous les dogmatiques.

Il faut bien réfléchir là-dessus, vois tu…C’est, encore une fois, par les écrivains, les poètes, les philosophes et les artistes que l’on peut trouver certaines pistes.

Cela dit, bien sur, les croyants peuvent croire en toute liberté en ce qu’ils ont envie de croire…Ils n’ont simplement pas le droit de chercher à nous imposer leur croyance…Cela parait évident et pourtant, tu le verras avec surprise, cela parait compliqué pour certains d’entre eux de l’admettre.

Dans notre pays, il a fallu attendre 1905 (a peine un peu plus d’un siècle) pour que l’état Français, très sagement, décide par une loi, que l’on appelé loi de séparation de l’église et de l’état, que tout ce qui était du domaine de la gestion des affaires publiques devait être totalement séparé du religieux.

Autrement dit, l’état s’occuperait des gens, de l’organisation pratique temporelle de leur vie en commun tandis que les églises s’occuperaient de leur âme, de leur vie spirituelle et de leur relation à l’au-delà…Les deux choses ne se mélangeant pas. L’état respecterait toutes les croyances, domaine privé de chaque individu, en retour, les religions devraient respecter l’état souverain qui fairait ses choix hors de toute influence dictée par une croyance religieuse quelconque.

Cela parait d’une grande logique, non… ? Eh bien, tu vois, il y a toujours des gens, y compris chez nous en France, qui ne veulent pas comprendre ni admettre ça ! Il appartiendra à ta génération de le réaffirmer toujours, sans aucune faiblesse, et de le faire respecter, il en va d’une des libertés les plus précieuses de l’homme…Celle de penser.

Voilà, mon bouchon, j’arrive au bout de ce petit voyage ou je voulais t’emmener pour essayer de te faire mieux comprendre ce phénomène religieux si présent dans la vie des hommes depuis toujours…J’ai quelquefois été un peu moqueur, un peu ironique en te décrivant certaines choses, mais je voudrais que, au-delà de ces formes un peu critiques, tu prenne aussi en compte dans ta réflexion certaines choses qui me paraissent très importantes afin d’avoir une vision équilibrée et complète du phénomène.

Il ne faut, en effet, ne jamais perdre de vue que, pour beaucoup de pauvres gens dans le monde, cette idée qu’ils se font de Dieu, cette croyance en son existence, c’est un peu ce qui reste quand on a tout perdu…

Les paumes douces et chaleureuses qui recueillent l’oiseau blessé, la litière odorante où pourra se coucher le cheval fourbu, le baume apaisant et la cache secrète où la bête meurtrie viendra lécher ses plaies…C’est tout cet amour donné et reçu, déposé là dans le monde si on veut bien le voir et puis le prendre et qui, étonnamment grandit toujours au fur et a mesure qu’on en use…

Peu importe, finalement, comment on définit cet éternel miracle de l’amour ici bas, l’essentiel n’est il pas que cela existe ? Que cela nous donne si souvent tant de joie dans le cœur et quelquefois des larmes de bonheur dans les yeux ?

Peut être, toi aussi, sentiras tu un jour, dans le plus profond de ton être, naitre une croyance, un appel de quelque chose de plus fort, de plus grand que toi et reconnaitras tu alors, dans une de ces religions dont on vient de parler, la traduction de cette aspiration…Cela ne regardera que toi et, si cela devait te faire alors une vie plus belle, plus grande, plus haute, si cela devait répondre de façon satisfaisante a ces questions lancinantes que tout homme se pose, j’en serais extrêmement heureux pour toi et je le respecterais totalement et profondément…

Mais, vois tu, si cette croyance, cette foi, devait t’amener au fanatisme et au mépris des autres…Si elles devaient t’amener a penser qu’il est inadmissible de croire et de ressentir autre chose que toi…Alors, je le condamnerais avec toute la force dont je serais encore capable, je crois même que j’aurais alors du mal a t’aimer autant que je t’aime aujourd’hui…Parce que l’intolérance, tu vois, c’est le cancer absolu de l’âme humaine, c’est une des rares choses, peut être, contre laquelle tout être doué de raison doit prendre les armes.

Toute l’histoire de  l’humanité est jalonnée d’horreurs, de drames, de crimes causés par cet ignoble chancre de l’esprit et, cela parait fou, mais il y a encore des hommes ou des femmes qui ne veulent toujours pas le voir ou le reconnaitre ! Tu vois, contre ces gens là, après avoir tout essayé pour les convaincre de rejoindre la voie de la raison et si on n’y arrive pas, il deviendra légitime de se battre !

Mais heureusement, nous n’en sommes pas là, simplement il ne faut leur laisser aucune brèche ou ils pourraient s’engouffrer…A vous d’être vigilants !

Voilà, mon petit bouchon, nous venons de nous promener un peu, le nez au vent, la main dans la main, comme des êtres pensants, comme des êtres libres parmi le plus intime et le plus profond des hommes…Sans doute, ne comprendrons nous jamais le monde mais au moins savons nous en savourer l’ineffable et extraordinaire beauté.

Il suffit parfois d’avoir dans sa main la main de quelqu’un que l’on aime pour comprendre et pour vivre intensément l’immense bonté des choses…

Alors, qu’on le nomme Dieu ou raison, hasard ou nécessité, qu’on l’appelle miracle ou bien cadeau…Peu importe, après tout, le nom qu’on donne a l’escabeau, l’essentiel c’est qu’il t’aide à monter…

Et là haut, tout là haut…ton étoile t’attend…

Texte signé de mon ami Jacques Raynal.

 

 

La caverne de Platon racontée à ma petite fille…

 

 

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A   Elisa aimée, afin qu’elle ouvre toutes grandes les fenêtres et laisse entrer la lumière.

 

Je voudrais te raconter une histoire vieille de 2400 ans.

Celui qui l’a écrite était ce que l’on appelle un philosophe (philosophe cela veut dire « qui aime la sagesse ») et, tu vois, si je tiens beaucoup à te la raconter c’est que, bien que très, très ancienne, elle est de tous les temps…Les choses vraies qu’elle exprimait a cette époque sont tout aussi vraies aujourd’hui et les leçons que l’on peut en retenir pour  enrichir sa vie en sont aussi précieuses aujourd’hui qu’autrefois… Parce que la philosophie, tu vois, se moque des modes, des tendances… Les sociétés évoluent, le monde change, les hommes sont, certes, de plus en plus savants, ils pensent de plus en plus dominer leur destinée…Tu en rencontreras beaucoup, pleins d’assurance, d’autorité paraissant pleins de certitude sur tout et surtout sur eux-mêmes, mais en réalité, ils sont faibles, ils ont peur… Parce qu’ils ne peuvent pas répondre aux seules questions véritablement importantes auxquelles personne encore n’a jamais répondu… Qui suis-je et pourquoi suis-je ici…?

Tu l’a déjà compris, les hommes ont évidemment besoin de nourriture pour vivre et aussi d’amour et de tendresse mais il y a surtout autre chose dont ils ont tous besoin (même s’ils en parlent peu), c’est de savoir qui ils sont et pourquoi ils vivent.

Les philosophes sont des gens qui essaient de répondre a ces questions… La plupart  (les plus sérieux) savent qu’ils n’y arriveront pas. L’un d’entre eux, qui s’appelait Socrate et qui était le maitre de Platon, l’auteur de l’histoire que je vais te raconter, l’avait même énoncé en disant… « Je sais seulement que je ne sais rien »…

Cela parait bizarre de dire ça, hein ?…Alors que l’on sait bien qu’il connaissait des tas de choses…Et pourtant, en réfléchissant bien, tu vas t’apercevoir qu’en disant cela, il disait l’essentiel de ce que l’on doit savoir…Que l’on ne sait rien, même si on se croit très savant, parce que, pour un problème qu’on arrive a résoudre  dix autres viennent tout de suite se poser auxquelles on n’a pas de solution. Mais que cependant, il faut toujours chercher parce que, devant ce monde qui nous parait tellement incompréhensible, la seule dignité qui nous est offerte, c’est de chercher quand même à comprendre.

On t’a donné à ta naissance un merveilleux outil, ton esprit…Tu dois t’en servir, c’est un devoir, sinon ce serait du gaspillage, comme un beau jouet qu’on t’aurait offert et que tu laisserais dans un coin sans jamais t’en servir.

Depuis le début des temps, les hommes vivent dans une sorte d’obscurité et d’ignorance…Un grand poète Anglais qui s’appelait Shakespeare a écrit que «  leur vie était une histoire pleine de bruit et de fureur racontée par un idiot et qui n’avait aucun sens ».

Et c’est vrai que souvent, tu le verras, nous avons un peu l’impression d’être comme des petits esquifs ballotés par la tempête sur une mer démontée. Il nous faut une lumière pour nous guider et pouvoir accoster dans un port et cette lumière, tu pourras, si tu le veux et si tu sais exercer ta pensée, l’apercevoir chez les philosophes, les poètes, les artistes, chez tous ceux qui se font une autre idée de la vie que celle des bovins que tu vois dans les prés ruminer leur brin d’herbe avec le regard vide de l’autosatisfaction.

Et, tu vois, parmi tous ces gens qui te rendent fière d’être leur semblable et que tu vas découvrir peu à peu (et tu vas voir le bonheur que c’est) Platon est un des plus grands… Il est le plus illustre représentant, avec Aristote son élève, de la civilisation la plus étonnante, la plus brillante, la plus géniale que l’humanité ait jamais connue… La civilisation Grecque.

Cela va peut être t’étonner mais depuis ce temps là, on n’a rien trouvé de réellement nouveau qui touche a la condition humaine et, malheureusement dans beaucoup de domaines on a même fait machine arrière (surtout depuis que les religions on été inventées)

Raison de plus, donc, pour aller s’y ressourcer.

Mais, j’y arrive enfin, voilà l’histoire que je voulais te raconter.

Imagine donc une caverne creusée dans la montagne et des hommes (ou des femmes, comme tu veux, c’est pareil)…Ces hommes (ou femmes) sont assis devant une paroi, le dos tourné a la lumière qui émane d’un grand feu derrière eux. Ils sont là, cou enchainé, pieds et poings entravés et ils ne peuvent voir que ce mur devant eux…Derrière, derrière le feu, évoluent des formes, des objets, on ne sait pas trop qui projettent leur ombre vacillante sur le mur de la caverne…La seule chose qu’ils peuvent donc voir c’est ce théâtre d’ombres mouvantes et, comme ils n’ont pas bougé de là depuis qu’ils sont nés, ils pensent , bien entendu, que ces ombres sont la seule réalité au monde (un peu comme, si tu regardais la télé du matin au soir, tu penserais que le monde est seulement ce que tu y vois )

Alors, la première chose que l’on peut se dire à ce stade du récit, tu vois, c’est que nous comprenons le monde comme nous le percevons et que peut être, nos sens (la vue, l’ouïe, l’odorat etc.) ne nous donnent qu’un reflet déformé de la réalité et que peut être, après tout, il pourrait exister toute une échelle de perceptions…Hein ?

C’est déjà une première question très importante de la philosophie, mais on ne va pas l’explorer maintenant, cela serait encore un peu compliqué pour toi.

Maintenant, imagine que, on ne sait trop comment, un des habitants de la caverne parvienne à se libérer… D’abord la tête, ensuite les mains, puis les pieds… Pouvant enfin regarder derrière lui, il va d’abord se demander d’où proviennent ces ombres projetées sur le mur et il va voir le feu…Bien sur, il va être ébloui, il aura un peu peur aussi de ces formes dont, jusque là, il n’avait vu que des ombres.

Supposons toujours que, dominant sa crainte, il réussisse à franchir le feu  et a sortir a l’air libre…Il va être encore toujours plus ébloui, cela faisait si longtemps qu’il vivait dans l’ombre ! Alors, tout en se frottant les yeux, il va être frappé par la beauté de tout ce qui l’entoure, il va distinguer pour la première fois des formes et des couleurs aux contours nets et précis, il va comprendre qu’il est dans un monde dont l’ombre, dans la caverne, n’était qu’une pale copie et surtout, il va voir le soleil, dispensateur de lumière, qui permet la vie et la contemplation de tout ce qui existe alors que le feu, dans la caverne, ne permettait d’apercevoir que l’ombre de cette rayonnante réalité…

Maintenant arrêtons nous un instant, veux tu, et voyons un peu ce que cela veut dire…

D’abord, que l’on n’est prisonnier de l’ombre que si on le veut bien ; notre condition n’est ni désespérée ni figée, on peut toujours se libérer a condition de le vouloir…

Mais se libérer de quoi, vas-tu me dire, hein … ?

Eh bien, des idées toutes faites (tu sais, celles que l’on répète par habitude sans trop y réfléchir), de la paresse intellectuelle quand on se contente de penser ce que pense le plus grand nombre, de la torpeur abêtissante, de l’engourdissement de l’esprit.

Subitement, on fait basculer les certitudes, on s’éveille et surtout, on prend conscience que tout ce que l’on prenait pour la réalité n’était peut être qu’une illusion dansante sur un mur…On est seul, on a quitté les autres là bas, en bas, mais on est libre enfin, et on respire…

Mais revenons en à notre aventurier, il n’en est encore qu’aux balbutiements… Certes, il est debout, il a fait quelques pas (en titubant un peu) mais il n’a fait qu’apercevoir le chemin et il est seul pour prendre cette route… Il a encore plein d’ombres dans le regard et pour voir bien comme il faut, il faut, justement se libérer des opinions, des préjugés, de la facilité…Il a un peu peur, c’est normal, il ne sait pas avec certitude ce qu’il y a au bout de ce parcours. Il est tenté de revenir en bas, avec les autres, après tout, c’est vrai que c’était sécurisant, qu’on était bien tranquille !

Il voit maintenant que deux choix existent, celui de l’ombre et celui de la lumière…Il sait aussi qu’il est libre de son choix…Parce que, d’abord et avant tout, et ce sera une autre des grandes questions de la philosophie, on est fondamentalement libre de devenir ou pas ce que nous sommes, l’homme est ce qu’il se fait (ça c’est un autre grand philosophe plus récent, qui s’appelait jean Paul Sartre, qui l’a dit).

Mais c’est vrai, également, que cette lumière si nouvelle et si crue peut faire mal aux yeux, c’est vrai aussi que de connaitre désormais ces choses rend notre homme plus solitaire ; et il a évidemment besoin des autres, ces ex compagnons d’esclavage qui sont restés en bas… Bien sur, il a compris que tout ce a quoi il croyait précédemment n’était qu’une illusion… Mais tellement sécurisante et, qu’au moins il pouvait la partager avec ses compagnons d’infortune.

La tentation est grande de tout abandonner, de redescendre… C’est difficile et il faut du temps pour s’habituer a la lumière… Mais il domine sa faiblesse et, bravement, il emprunte le chemin abrupt et là, tu vois, plus il monte plus il se sent bien, il découvre de nouveaux et splendides territoires dont il n’imaginait pas qu’ils puissent exister, il jouit avec délectation de sa liberté reconquise, il est dès lors immensément, formidablement heureux…

Puis soudain, il se met à penser aux autres demeurés là bas et il veut leur faire partager son bonheur.

Donc, empli de bonnes intentions, il redescend et essaie de les convaincre que ces ombres qu’il regardent sur le mur ne sont que les reflets pales et vacillants d’une autre réalité éblouissante de beauté que lui, désormais, connait… Mais personne ne le croit, ils le prennent même pour un fou, ils montrent le mur du doigt et les ombres qui s’y meuvent, en affirmant que cela est la seule chose vraie au monde, que le reste n’est qu’une chimère de malade et, devant son insistance, ne supportant plus qu’il perturbe ainsi leurs certitudes, eh bien, ils le tuent… Carrément.

Là, tu vois, Platon pense sans doute a son maître Socrate que les Athéniens (la ville ou il vivait s’appelait Athènes, en Grèce) ont obligé a se suicider en avalant un poison, la cigüe, parce qu’ils ne pouvaient plus supporter de l’entendre sans cesse leur rappeler des choses qui les dérangeaient… Tu le verras, l’histoire des hommes est pleine de gens qui voulaient porter a leurs semblables une vérité de lumière et que ceux-ci ont préféré tuer parce qu’ils ne pouvaient pas supporter d’entendre cette vérité (Jésus Christ, entre autres, est l’un d’entre eux)

Alors, tu vas peut être me dire, tout cela est un peu triste et un peu décourageant, non…?

Tu sais, tu dois comprendre que cela n’est qu’une allégorie, une parabole…C’est-à-dire un court récit imagé destiné à te faire comprendre certaines choses très compliquées de la façon la plus simple.

Ce qu’il faut comprendre dans tout ceci c’est d’abord et avant tout deux choses :

La première c’est qu’il faut s’affranchir des préjugés pour gagner sa propre liberté, et cette démarche est d’abord solitaire, elle demande donc beaucoup de courage…

La seconde est que l’on doit partager, quel qu’en soit le prix, cette connaissance et cet acquis avec ses semblables parce que l’on n’est jamais seul… Un grand poète Anglais John Donne a écrit « nul n’est une île », nous sommes toujours rattachés aux autres, nos semblables, nos frères. Que nous le voulions ou pas.

Donc, pas d’égoïsme, pas de nombrilisme, on ne vit jamais seul, il n’est de progrès pour l’homme que collectif… Mais pas d’illusions non plus, tout le monde n’avance pas au même rythme et beaucoup  préfèrent même ne pas bouger du tout… C’est leur choix, tant pis pour eux, mais tu ne dois ni les mépriser ni les ignorer, ils sont tes semblables…

Et puis, il faut en avoir conscience, et c’est une autre leçon, celui qui revient de la lumière vers l’obscurité s’expose a une autre forme d’aveuglement, se retrouver maladroit, décalé devant la vie au quotidien avec toutes les obligations que cela comporte… On peut aussi, s’il oublie d’adopter une bonne attitude de gentillesse et de simplicité lui reprocher cette lucidité que l’on prendra pour de la prétention ou de l’orgueil mal placé…

Mais cependant il est nécessaire de ne rien garder pour soi et si tu as pu acquérir un peu plus de sagesse et de compréhension que les autres en faire offrande a ceux qui sont restés dans la nuit…même si ceux-ci n’en veulent pas.

Vois tu, la vraie sagesse doit conduire a l’humilité… Si tu penses pouvoir tirer gloire des quelques bribes de connaissance que tu as pu acquérir c’est que tu n’as rien compris…Et tu peux tout recommencer !

Rappelle toi de Socrate « Je sais seulement que je ne sais rien » …Et, même si tu as vu (ou cru voir) le soleil, n’oublie pas que tu ne sais toujours pas par quel miracle il est là, ni pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien,  ni même ce que veut dire ta présence en ce monde… Si ce n’est pour que l’on puisse t’aimer, moi le premier.

Voilà, mon petit bouchon, J’arrive à la fin de ce que je voulais te dire aujourd’hui…

Je voudrais te demander de réfléchir a cette merveilleuse phrase d’un grand sage Africain qui s’appelait Amadou Hampaté Ba…

« Tout ce que tu as gardé pour toi est perdu a jamais,

Tout ce que tu as donné est a toi, pour toujours »

Et puis, essaie de toujours te rappeler de ce que te dis Platon a travers cette histoire…

Il faut essayer de vivre autant qu’il est possible dans la vérité, même si c’est difficile… et la vérité, sa vérité, c’est de se reconnaitre comme l’on est, sans déguisement, sans mensonges, sans illusions ou tromperies…Il faut essayer d’appliquer dans sa vie les valeurs ou les principes que l’on a pu comprendre.

La philosophie se juge dans la vie du philosophe. La vérité des livres est certes précieuse mais stérile (et pourtant tu sais comme j’aime les livres !), elle n’est pleine et entière que lorsque on vit sa vie conformément a cette vérité.

Il nous faut toujours croire que nous sommes tous, nous les êtres humains, beaucoup plus que ce que la majorité se contente d’être par résignation ou par paresse.

Tu vas prendre ta canne et t’avancer d’un pas ferme sur le chemin de ta propre découverte… Ne t’arrête pas à la première difficulté… elle est longue et quelquefois rude la route qui conduit a soi même mais elle est si belle … !

Si je peux t’aider à parcourir ce merveilleux chemin de lumière que doit être toute vie, j’aurais fait et ce, pour mon plus immense bonheur, mon métier de grand père.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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