l’Épictète du jour !

 imgres

« Un homme de grande considération, aujourd’hui préfet de l’annone, revenant d’exil et s’en retournant à Rome, vint me voir. Il me fit une peinture affreuse de la vie de la cour ; il m’assura qu’il en était dégoûté, qu’il ne s’y rengagerait pour rien au monde, et que le peu de temps qui lui restait à vivre, il voulait le vivre en repos, loin du tumulte et de l’embarras des affaires. Je lui soutins qu’il n’en ferait rien, qu’il n’aurait pas plus tôt mis le pied dans Rome, qu’il oublierait toutes ces belles résolutions, et que, s’il trouvait à se rapprocher du prince, il en profiterait aussitôt. Et lui, en me quittant, me dit : « Épictète, si vous entendez dire que j’aie mis le pied à la cour, dites que je suis le plus grand coquin du monde. » Qu’arriva-t-il ? A quelque distance de Rome, il reçut des lettres de César. Il ne se souvint plus de ses promesses ; le voilà à la cour plus avant que jamais, et voilà ma prédiction accomplie… « Que vouliez vous donc qu’il fît ? me dit quelqu’un. Vouliez-vous qu’il passât le reste de ses jours dans l’oisiveté et dans la paresse ? » Eh ! mon ami, penses-tu qu’un philosophe, qu’un homme qui veut avoir soin de lui-même soit plus paresseux qu’un courtisan ? Il a des occupations plus importantes et plus sérieuses. »

Extrait de : Épictète. « Pensées et Entretiens. » iBooks.

l'Épictète du jour !

Épictète du jour !

Garde-toi d’estimer heureux un homme choisi pour une charge officielle, ou très puissant, ou jouissant, pour une raison ou une autre, de l’estime publique. En effet, si l’essence du bien réside dans ce qui dépend de nous, il n’y a de raison ni d’être jaloux, ni d’être envieux. Quant à toi, ce n’est pas général, magistrat ou consul que tu veux être, mais libre ; or, pour y arriver, il n’y a qu’un chemin : le mépris de ce qui ne dépend pas de nous.

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/file/epictete_manuel.pdf

L’élégance serait elle aujourd’hui un très vilain défaut !

L'élégance serait elle aujourd'hui un très vilain défaut !

 

Le spectacle du monde s'offre à nous de plusieurs points de vue. Du haut d'une montagne ou au ras d'une rue. C'était d'une terrasse que je ce matin là, je le contemplais. Enfin! Que je l'observais plutôt sous sa forme la plus banalement humaine déambulant sur la place de l'hôtel de ville – qui pourrait être celle de n'importe qu'elle cité – par un bel après-midi ensoleillée d'avril. Une catégorie s'en détachait par son allure et son accoutrement. Les mêmes pantalons en toile synthétiques beige couverts de poches, les mêmes tennis et les mêmes appareils photographiques pour les hommes; le même ennui aux pas lourds et distraits pour toutes et tous. Le genre " touriste décontracté " – ou aventurier de pacotille, certains vont jusqu'à porter des chapeaux de brousse ! – , qui tend à devenir l'universelle attitude en tout lieu et toute heure et toute circonstance. Le nez collé à son smarphone,  il parcourt la terre entière dans son salon ou son bureau, comme il déambule dans les rues de Narbonne ou de Rio… Cela va sans doute heurter les esprits modernes et branchés qu'il nous est demandé d'être , mais , sur l'instant de ce matin là, ce monde m'est apparu dans toute sa pauvre et inélégante naïveté. Pour tout dire: vulgaire ! Le souci de donner à voir une construction de soi un tant soit peu esthétique , agréable à la vue comme aux sentiments , semble en effet l'avoir abandonné au profit d'une éthique de l'insignifiance –  il est vrai, conforme à l'esprit de notre temps … Qu'on ne se méprenne cependant pas ! L'élégance, pour moi, ne se résume pas aux seuls vêtement classiques ou de prix . Que de " précieux et précieuses " ridicules exhibants leur avidité du paraître et de l'argent ! Elle est évidemment protéiforme ; elle hait la vulgarité, la superficialité, elle transcende la simple notion de beauté sous peine de n’être qu’un beau vernis, qui toujours finit par s’écailler ; elle répond à cette question : que fais-je au monde ? Mon destin serait-il de n'avoir que faire de mon prochain, de ne pas chercher à m’élever intellectuellement et moralement, à me complaire dans mon ignorance ? La dignité, physique et comportementale, est , en vérité, l'ultime dessein de l'élégance

Texte :

« Le parfait artisan décida finalement qu'à celui à qui il ne pouvait rien donner en propre serait commun tout ce qui avait été le propre de chaque créature. Il prit donc l'homme, cette œuvre à l'image indistincte, et l'ayant placé au milieu du monde, il lui parla ainsi : « Je ne t'ai donné ni place déterminée, ni visage propre, ni don particulier, ô Adam, afin que ta place, ton visage et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. La nature enferme d'autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t'ai placé, tu te définis toi-même. Je t'ai mis au milieu du monde, afin que tu puisses mieux contempler autour de toi ce que le monde contient. Je ne t'ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, afin que, souverain de toi-même, tu achèves ta propre forme librement, à la façon d'un peintre ou d'un sculpteur. Tu pourras dégénérer en des formes inférieures, comme celle des bêtes, ou régénéré, atteindre les formes supérieures qui sont divines »

 Pic de la Mirandole. Discours sur la dignité de l'homme. 1486 ou 1487.

La politesse serait elle un vilain défaut.


La politesse serait-elle devenue un très vilain défaut ? De celui que notre époque considère, à l’inverse du sens commun, comme la « marque » des esprits libres. De ces esprits que nous offrent en spectacle certains plateaux de télévision où l’insulte et la vulgarité sont élevées au rang de valeurs émancipatrices. C’est la réflexion que je me faisais hier, me promenant dans les rues de Narbonne, après m’être fait bousculer par trois ou quatre personnes sans autres distinctions apparentes que leur âge et leur vêture. Des espèces de zombies modernes aux regards vides et pleins de ce mépris souverain à l’égard de quiconque à le malheur de se trouver sur la trajectoire de leur pauvre chemin de vie. 

Articles récents