Le 30 juin, j’écrivais ceci, en conclusion d’un billet où je faisais l’analyse des conséquences, à gauche et à droite, d’une candidature de Philippe Saurel aux prochaines régionales de 2015: « En attendant un plus de lumières radicales, ce que l’on peut déjà dire est que cette nouvelle « offre » rebat les cartes du traditionnel jeu politique des régionales. Sa nouveauté, la personnalité de Philippe Saurel, ses succès politiques contre les partis traditionnels, le contexte national … correspondent en effet à une vraie demande de renouvellement politique. La probabilité qu’il fasse un « joli carton », en décembre, est donc très élevée. Et le PS, qui considérait cette grande région quasi acquise à sa tête de liste Carole Delga, doit aujourd’hui commencer à s’inquiéter. Très sérieusement! La victoire de Saurel contre son candidat officiel à Montpellier et ses succès aux cantonales sont encore dans toutes les têtes… » Aujourd’hui, je lis les résultats d’un sondage dans le Midi Libre qui confirme mon propos. 9% des intentions dans la grande région, dont 14% dans le seul Languedoc-Roussillon, alors qu’il n’a pas commencé sa campagne et que Carole Delga et le PS, dans un contexte politique national catastrophique, l’arpente dans tous les sens depuis des mois, mais ne décolle pas et plafonne à 23%. Clairement le PS n’est pas majoritaire à gauche, et rend, en toute hypothèse, son éventuelle présidence problématique. Si le PRG de monsieur Baylet rejoignait Philippe Saurel, ce que je pense, et si la coagulation des centres, de droite et de gauche, se réalisait sur son nom, comme à Montpellier, il serait en situation de « faire » la présidence de la future grande région. J’y vois aussi, dans ce scénario, une expérimentation grandeur nature de ce dont rêve un Manuel Valls: la constitution d’un grand parti démocrate. A-t-il tout fait pour dissuader Saurel de se lancer dans la course des régionales? Je ne le crois pas. Bien au contraire!
En avril, Montpellier échouait, pour la troisième fois, à l’examen de l’Idex (l’Initiative d’excellence: Idex, est destinée à faire émerger en France des pôles pluridisciplinaires d’excellence d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial, l’État mettant près de 7 milliards d’euros pour les financer.) Une claque monumentale au moment même où Philippe Saurel et Damien Alary, notamment, ne cessaient et ne cessent encore de faire valoir l’excellence de Montpellier et un équitable partage des pouvoirs avec Toulouse. Toulouse qui, elle, a obtenu son Idex en 2012! En ce mois de juin, c’est la marque Sud de France, fierté de la Région Languedoc-Roussillon – elle candidatait pour l’obtention d’un « contrat de destination » richement doté en subventions – , qui vient, elle aussi, d’être sèchement recalée par l’État.
Le rachat du groupe Midi Libre par la Dépêche du Midi, négocié depuis août 2014, sera finalement effectif fin juin. Midi Libre, propriétaire de L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, a été acheté pour 90 millions d’euros par le groupe bordelais Sud Ouest en 2007, mais sa cote a chuté de 15 à 25 millions suite à une crise historique, compensée par une vente au numéro augmentée de 10% le 1er juin par L’Indépendant. L’absorption en vue atteindra 100% de Midi Libre, contre 90% selon notre information du 13 mai et 52% d’après l’intention première du média du radical Jean-Michel Baylet. Cette prise de parts intégrale est provoquée par le retrait du partenaire Groupe Nicollin, spécialiste montpelliérain du nettoyage urbain et du traitement des déchets. Dès le mois de mai dernier naissant une éventualité d’hégémonie sur la future région regroupant le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, car il passera de 9 à 13 départements couverts. L’autorité administrative confirme cette hypothèse. Jeudi 4 juin, l’Autorité de la concurrence a enfin autorisé la transaction, mais «sous conditions», selon un communiqué. Alors que le schéma d’un unique grand journal par région distingue la France en Europe, l’Autorité avise que La Dépêche du Midi sera en «situation de monopole (…) dans les départements de l’Aude et l’Aveyron». Elle ne cite pas le Pays Catalan, où les médias alternatifs, quotidiens sur le web et hebdomadaires sur papier, sont plus abondants. Mais elle alerte sur une acquisition qui «risque de conduire à une homogénéisation du contenu des titres, au détriment des lecteurs qui subiraient une réduction de la qualité et de la diversité des journaux». L’autorité administrative souligne que le groupe «s’est engagé à ne pas procéder à l’harmonisation des contenus de ses titres» et à «maintenir des rédactions en chef distinctes». Cette promesse, contournable par le mimétisme rédactionnel, sera surveillée par un professionnel mandaté par l’Autorité de la concurrence.
Très bon article de Gerard Borras ! Pas de complaisance dans ce jugement, pour ceux qui pourraient croire aux liens qui nous unissent de l’époque où il présidait l’Union patronale de 34, ou , un peu plus tard, la CCI de Montpellier, quand j’assumais mes fonctions de DGA à la Région Languedoc-Roussillon … Non, son diagnostic est imparable ! Déjà, en 1990 , la division du monde des entreprises en trois filières institutionnelles différentes : Chambres des Métiers, CCI et professions libérales , et leur dispersion en de multiples chapelles administratives départementales étaient relevées ! Qui m’entendait alors quand je proposais une seule structure départementale, avec des aides à l’appui … Personne ! Comment pouvait-on justifier alors des services aux entreprises gérés de manière aussi cloisonnés, quand ils ne l’étaient pas dans la concurrence institutionnelle la plus absurde ?
À présent, la situation est encore plus inconfortable avec le développement des régions, des communautés d’agglomération et des futures métropoles. Aux compétences économiques étendues, et avec des moyens financiers que ces organismes n’auront jamais, ces collectivités territoriales et intercommunalités, ont déjà » avalés » une part considérable du champ couvert par ces institutions patronales ; et leur potentiel d’expansion est considérable . Un phénomène renforcé par la fin du monopole administratif et technique qui leur était de fait accordé dans la gestion des ports, aéroports et zones d’activités économiques. Le droit de la concurrence communautaire est en effet passé par là !
Devant ces réalités, la seule issue, pour elles, et leur seule utilité , serait de revenir à leur vocation d’origine d’instances de représentation et de consultation … Seulement ! Et ce serait déjà beaucoup … Mais à la condition toutefois qu’elles se bougent, et vite !
On ne peut pas , en effet , au plan national, faire le procès aux politiques de ne rien faire pour diminuer le coût de notre système institutionnel et politique, et constater que les socio professionnels, au niveau départemental et régional, ne font rien pour rendre plus cohérent et plus efficient les structures qu’ils » gouvernent » …
De quoi s’interroger sur la capacité réelle de ces chefs d’entreprises à gérer des institutions consulaires selon les mêmes critères de gestion en vigueur dans leurs entreprises. Ou peut-être malheureusement constater que le vertige de petits pouvoirs locaux annihilerait chez ceux qui les occupent tout esprit …d’entreprise . En ce cas, qu’ils ne s’étonnent pas si un jour la redistribution des pouvoirs entre eux, l’Etat et les communautés d’agglomération se fait sans eux ! Elle a déjà bien commencé, et elle va s’accélérer …
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]