Ces gens si pleins de leurs idées, qu’il n’y a plus de place pour celles d’autrui…

 
 
 
 
 
 
J’ai souvent vérifié, à la lecture de textes publiés sur un réseau social, notamment, ou de commentaires sur ceux qu’il me plait, sur le même support, de rédiger, comme en ce moment, la constance, ou plutôt ce travers de l’esprit que les psychologues nomment : le biais de confirmation. Un penchant naturel de notre cerveau, si j’en crois ces derniers, dont la découverte ne date cependant pas des dernières avancées des sciences de l’esprit. Déjà, La Bruyère, dans son inégalable style, n’en décrivait-il pas les symptômes ? :
« Les hommes ne se goûtent qu’à peine les uns les autres, n’ont qu’une faible pente à s’approuver réciproquement : action, conduite, pensée, expression, rien ne plaît, rien ne contente ; ils substituent à la place de ce qu’on leur récite, de ce qu’on leur dit ou de ce qu’on leur lit, ce qu’ils auraient fait eux-mêmes en pareille conjoncture, ce qu’ils penseraient ou ce qu’ils écriraient sur un tel sujet, et ils sont si pleins de leurs idées, qu’il n’y a plus de place pour celles d’autrui. »
Caractère bien commun, s’il en est. Combien de fois, me suis-je senti obligé, en effet, de préciser : « vous êtes hors-sujet ; je n’ai pas écrit cela : lisez donc ce texte en son entier ; n’isolez pas une nuance de la proposition principale pour en travestir le sens ou lui faire dire le contraire ; etc . » Toujours en vain ! Comme si chacun de ces appels à la raison, ou à l’honnêteté intellectuelle, confortait mon interlocuteur sur sa trajectoire de pensée.
Mais le plus pénible, dans ce genre de piège rhétorique est qu’il demande beaucoup trop d’énergie pour tenter d’en sortir. Très vite, j’abandonne donc en pariant sur la lucidité de ceux qui liront ces échanges ; insatisfait et frustré, laissant, hélas ? , mon interlocuteur dans l’idée, fausse, mais, qu’y puis-je ?, que j’exprimerais ainsi, à son égard, une « forme de mépris »…

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