Chambre 211, des couloirs et des miroirs on en trouve partout ailleurs.
Lu.9.9.2024
Il était 17h 45 quand les deux grandes portes en verre ont glissé silencieusement pour me laisser le passage. Devant moi, un long couloir vide. L’accueil et la salle du restaurant étaient fermés. Pas un bruit. Partout du gris. « Bonsoir chef ». Il a débouché des toilettes hommes sur son fauteuil roulant. Il rôde toujours près de l’entrée. Le seul endroit de la résidence où il peut voir du monde. Nous échangeons toujours quelques mots. Ça fait 8 mois qu’il roule d’étages en étages, m’a-t-il dit. Il ne paraît pas en souffrir. Je sais qu’il n’a pas de visites, à l’exception des aides soignantes et des infirmières. Il ne s’en plaint pas, non plus. Je le pousse jusqu’aux ascenseurs. Nous bavardons à voix basse. Cela lui plaît. Il monte au premier, moi au deuxième étage. C’est là qu’est la chambre 211. À droite en sortant, au fond, à gauche. Pendant une cinquante de mètres, avant d’y accéder, on marche devant un grand miroir. Un grand miroir grossissant. On marche ainsi à la rencontre de soi ; de son image plutôt. Des chambres 211, des couloirs et des miroirs on en trouve partout ailleurs. Personne n’y échappe qu’on soit riche, pauvre, intelligent ou démuni.
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