Chronique de Narbonne et d’ailleurs. Jeudi matin, sur les Barques de Cité, un musicien fut empêché de jouer …
Jeudi matin, sur les Barques de Cité, le ciel était bleu. Je bavardais avec deux amis, à deux pas de la passerelle. Des airs joués à la trompette venaient jusqu’à nous, sans cependant agresser nos oreilles. Ce musicien, sans doute SDF, était assis sur un banc. Il ne faisait rien d’autre que cela: envoyer quelques sons dans l’espace; et peut-être demander un peu d’attention, quand deux policiers municipaux casqués, chacun sur leur scooter, se sont arrêtés à sa hauteur. Trop loin pour entendre les propos échangés, j’ai seulement constaté que mon musicien , sans un mot se levait et dignement s’éloignait, tandis que nos deux motocyclistes roulaient en direction du « Palais ». Un homme était là, plein soleil, et deux autres le lui ont retiré. Sans raison! Sans raison de faits, et de faits menaçant ma tranquillité et celle d’autrui. L’un de mes deux amis, indigné, est parti à la recherche de ces deux policiers. Peut-être est-il allé jusque dans les locaux qui les abritent, dans un immeuble près du jardin de l’Archevêché. Je lui ai promis que j’écrirai ce billet. Voilà qui est fait! Jeudi matin, peu après, sur les Barques de Cité, m’en éloignant, le ciel était moins bleu que lorsque notre musicien « chantait ». La France, elle, au même moment, pleurait. Elle pleure encore aujourd’hui, debout, au moment même où je publie enfin ce billet…
Mots-clefs : Cité, Les Barques, Police Municipale, SDF, Ville de Narbonne
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Joel Raimondi
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un musicien est d’ange heureux c’est bien connu et pratiquer la musique est un acte terroriste ! Normal que des policiers casqués interviennent sur les barques en lieu et place des quartiers sensibles ! (humour noir) Notre monde marche sur la tete !
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Eric
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Et moi j’étouffe sincèrement un sanglot. Quelle poésie! Mais il me vient à l’esprit une question. Qui du blogueur ou de l’ami indigné qui monte au filet milite le mieux pour le musicien chassé ? La plume ou l’épée Michel, j’attends votre avis. Amicalement et bonne continuation.
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Michel Santo
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Merci Éric! Chaque matin, je me dis, en écrivant de la manière la plus tenue et concise possible, qu’en me lisant , peut être , un peu de la réalité cachée pourra s’offrir à des lecteurs habituellement pressés . C’est bien prétentieux , je le sais, et ne suis pas non plus à l’abri de préjugés ou d’habiles filets, mais je le sais aussi, comme je suis tout autant convaincu de la force et de la puissance des mots. Pour ne parler que de mon musicien, au mieux ces deux agents auront été chapitrés par leur supérieur, après que mon ami soit allé à son contact, tandis qu’avec mon texte, lu par de très nombreuses personnes vivant dans ma Cité, y compris des élus en responsabilité, l’effet dans les consciences , j’en fait le pari, aura été plus fort et plus durable…
Bien amicalement …
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Alphonse
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Merci Michel de nous avoir fait partager cette émotion. Chacun sait qu’il n »y a pas d’espace pour la poésie chez les forces de l’ordre et pourtant il suffirait de peu de chose , un peu de magnanimité , un peu d’humanité aussi sans doute ,mais ceci n’entre pas dans le cadre de leur formation et plus probablement dans leur éducation . Nous avons pu le vérifier à maintes reprises .
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