Dans ma petite ville, ce matin-là, j’ai cru voir Fernando Pessoa…

   

S’il faisait jour, la lumière était grise et le vent froid. Il était 7h 30. Je me rendais dans un laboratoire pour un contrôle de routine. À jeun. Sans ma dose de café. Pressé d’en finir. Cet homme, marchait loin devant moi. Nous étions les seuls êtres vivants dans cette rue déserte. Sa haute silhouette m’était familière. Non pas celle d’un ami, d’une connaissance ou d’un voisin. Je la croyais plutôt sortie de ma mémoire et pensais à un personnage de roman, un auteur ; ou un de ces êtres fictifs, sans identité, fruit de mon  imagination. Cet homme bien réel pourtant était vêtu d’un long manteau. Il portait un chapeau à larges bords et avançait lentement, la tête basse. Ses bras étaient croisés dans son dos ; il semblait « dans ses pensées », concentré. Las, peut-être ! Comme s’il sortait d’une nuit sans rêves et les cherchait à ses pieds, pour soudainement disparaître dans une sombre allée au moment où je l’approchais. Quelque minutes plus tard, j’ai suivi une jeune infirmière jusque dans son minuscule local éclairé par une lumière urbaine d’un blanc clinique. Elle fit parfaitement les gestes attendus. Pas un mot ne fut échangé. Sur le chemin du retour, j’espérais du hasard qu’il me fit rencontrer cet homme au long manteau noir, à présent perdu. Nous aurions bu plusiers cafés, ensemble. Je lui aurais dit aussi qu’il ressemblait étrangement à cet homme qu’un jour je vis, immobile, rêveur, au bas d’un escalier desservant le quai d’un fleuve aux eaux tumultueuses. C’était dans une petite ville du Portugal…

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Commentaires (1)

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    Albert CORMARY

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    Petite devinette : quels sont les hétéronymes de Michel Santo ?

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