« Franchement, Michel ! à quoi bon tout ça ! », me disait aussi une petite voix…
Recommandant la lecture quotidienne d’une ou deux « pensées » de La Rochefoucauld ou de La Bruyère pour exercer sa lucidité et ne point être dupe de certaines postures sociales, je citais ce dernier : « nous faisons par vanité ou bienséance les mêmes choses que nous ferions par inclination ou par devoir ». Un penchant auquel nul n’échappe, en effet : le rédacteur de ce billet, le premier ! Et pour figurer, de manière pourtant très abstraite, la citation de La Bruyère en question, j’écrivais notamment ceci : « Un tel qui n’a jamais quitté le confort social et moral de sa petite-bourgeoise côterie professionnelle se défendra d’en être pour se draper dans les plis caritatifs d’une oeuvre en faveur de jeunes gens dans la détresse et sans emplois… ». Mais voilà qu’un ami m’adresse aujourd’hui dimanche le vif reproche d’avoir « visé » intentionnellement une de nos relations communes en écrivant cela. Comment donc éviter ce genre de « blâme », me disais-je, venant d’une personne pour qui, de surcroît, j’ai de l’affection ? Comment éviter qu’une personnalité « en vue » — et une seule ! —, de mes connaissances, se soit reconnue dans ce portrait-type au point d’en être blessée ? À tort, je pensais qu’en distinguant clairement mes billets traitant d’évènements propres à la petite société narbonnaise d’autres textes de portée disons plus générale, je levais cette difficulté. À l’évidence, je me trompais : un écrit publié (sens et intentions réunis) échappe définitivement à son auteur pour devenir, de mains en mains — ou plutôt d’oreilles en oreilles — l’objet d’interprétations singulières. Que faire ? — « Franchement, Michel ! à quoi bon tout ça ! », me disait aussi une petite voix… » Oui, à quoi bon tout ça…
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Aimé COUQUET
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Michel, ne devenez pas, l’amer Michel !
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Michel Santo
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Ah Aimé… Cela aura eu le mérite de me faire réfléchir sur ce que trop lucidité peut avoir pour conséquence, et nous mener à la solitude…
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phthoreux
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Vous savez bien Michel, qu’il n’y a que la vérité qui blesse…
La preuve donc que vous avez fait mouche !
De nos jours, on trouve toujours au moins un péquin pour s’offusquer du moindre trait d’humour, or ce sont des foules qui se pressent derrière le « caractère » que vous avez narquoisement brossé. Beaucoup peuvent donc se sentir « stigmatisés » par votre propos.
Tant pis, continuez, car après tout, « sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur… »
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Michel Santo
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Merci pour cet amical message Pierre-Henri !
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Dumas Michel
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Voilà la mise à l’épreuve du dicton Corse appliqué à l’écriture :
« Ce que tu ne dis pas ou n’écris pas, t’appartient, ce que tu écris ou dis, appartient à ton ennemi ».
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Martinez
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Cher Michel lucide et intelligent. Merci pour ce mot je ne désespère plus , tu vas peut-être enfin me comprendre. Bonne journée.
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