Griggio dresse ses totems comme on réveille une mémoire endormie.

C’était dans les années 2000. À Moux, dans les Corbières. Là que j’ai rencontré Serge Griggio. Dans son atelier : l’ancienne épicerie du village. Aux murs, une série de toiles : « Dyptique Griggio Pirotte ». Pirotte ! Pirotte admiré. Ici, lu, commenté. En plein cœur des Corbières. Ma surprise fut grande.

Depuis, Serge est devenu un ami. J’aime l’homme et son art. J’aime aussi l’entendre. Hier encore, sur la terrasse du Guinguet, surplombant l’ancien lavoir. Un café posé. Il me montrait son exposition de totems. Attenante au bistrot. À sa manière : ronde, sensible.

Il me racontait l’idée. Ces poutres abandonnées dans la remise d’une entreprise faillie. Vouées à la pourriture Qu’il avait décidé de relever. De travailler. Pour animer cet espace vide. Oublié. Nu.

Je lui disais alors : dans mon enfance, il grouillait de vie, ce lavoir. Les femmes y battaient le linge. Leurs voix résonnaient. Aujourd’hui, un parking. Huileux. Qui n’a rien à faire là. En bord de Robine, près de l’ancien moulin. Face à un quai qu’on rénove.

L’art, pensais-je, a cette vertu : révéler la puissance d’un lieu. Son potentiel. Le travail de Serge fait cela. Il ne décore pas. Il crée.

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