Je crois deviner un sourire…
Ma.2.1.2023
Elle dort dans un lit médical. À demi assise, sa tête repose sur le côté d’un coussin d’appoint. Son visage s’est encore creusé. Elle n’a plus de joues. Et de bouche. Ses paupières palpitent nerveusement sur des yeux vides qui s’enfoncent dans le bas de son front. Ses mains tressées d’épaisses veines sombres reposent mollement sur une couverture jaune, drap mêlé, qu’elle a repoussée à sa taille. Une chemise de nuit blanche constellée de petits motifs géométriques bleus l’habille. Je suis assis au pied de son lit et l’observe. En silence. Elle ne me voit pas. Ne peut sentir ma présence. J’accorde cependant ma respiration à la sienne. Nos poitrines battent au même diapason. Lentement. La porte de sa chambre est ouverte. J’entends un filet de voix sortant d’une radio lointaine. Le temps passe, muet. Deux dames en blanc font une rapide apparition. « Elle a de la fièvre » Sur mon écran de téléphone une pastille me signale un message. Des photos. Mes petits-enfants et arrière-petits-enfants avec leurs parents en vacances de neige. Il fait beau. Ils rient. J’aimerais qu’elle les voit. 17 heures déjà. Elle ouvre enfin ses yeux. Je quitte ma chaise, approche mon visage du sien, lui parle à voix basse, chair contre chair. Elle me prend la main, la caresse. Nos doigts se croisent. Je crois deviner un sourire. Le soir tombe. Il est temps de partir.
Rétrolien depuis votre site.
KRISDEN
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Le choix de la musique que vous avez voulu nous faire partager est sûrement le reflet de l’expression des sentiments qui vous animent dans la rédaction de votre texte….. ces derniers se coulent ainsi dans une mélancolique beauté.
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Michel Santo
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C’est cela ! Musique et texte forment un seul bloc…
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