Je persiste à tirer les masques!

 

« Bonjour Bernard ! Salut Michel ! »

Cela faisait quelque temps que je n’avais pas revu cet ami qui, avant qu’il ne prenne sa retraite, dirigeait le plus grand groupe vitivinicole de la région. Nous nous sommes rencontrés, mon Dieu que le temps passe vite, pour la première fois, lors d’un voyage de trois semaines au Japon organisé par le Conseil Régional. Il représentait son entreprise, j’accompagnais le Président de la collectivité régionale, et les circonstances et les caractères ont fait qu’il est peut-être un des seuls de cette escapade asiatique à me connaître un peu. Je veux dire qu’il sait d’où je viens, socialement parlant, quel fut mon parcours professionnel, et quelles sont mes valeurs à défaut de conviction dont Cioran disait qu’elle était le propre de celui qui n’a jamais rien approfondi. Bernard lit aussi mes billets. Il me le rappelle à chaque rencontre et ces remarques sont toujours bienvenues.

Aujourd’hui, deux d’entre elles sont à l’origine de ce petit texte : je serais très sévères envers les politiques et particulièrement envers la gauche en général et Hollande en particulier : « toi qui les connais bien et qui est plutôt de gauche ! « 

Eh bien mon cher Bernard, justement ! C’est parce que je les connais trop que je sais toute la part de démagogie et de ruses qu’ils sont capables de déployer pour conquérir ou garder le pouvoir. Du côté droit ou du côté gauche, que j’ai loyalement servi en bon technocrate que je fus, les mêmes ressorts et souvent les mêmes passions sont en effet mobilisés. Alors certes, en démocratie, nous ne pouvons pas exiger d’eux de s’en priver comme nous ne pouvons nous passer de leur intermédiation. Mais il y a quand même des limites ! Et j’ai décidé de ne plus les ignorer pour de seules raisons idéologiques.

Surtout en ce moment, où la conjoncture appelle des profils à la Mendès France, je ne peux pas laisser passer le «  réenchantement du rêve français » de l’un et le retour nostalgique au programme du Comité National de la Résistance des autres… Seul le présent seul me sollicite et le   » champ du débat  » est     dramatiquement simple : austérité budgétaire ou inflation généralisée, diminution de la dépense publique ou laminage du pouvoir d’achat et de l’épargne. La seconde hypothèse étant pour l’heure exclue. Je ne vois pas, en effet, dans les deux ou trois ans qui viennent, les pays du Nord de la zone euro accepter que la B.C.E fasse tourner la « machine à billet ». Comme je ne les vois pas non plus se précipiter vers une fédéralisation des politiques budgétaires et fiscales  pour redistribuer les produits de la croissance vers les Etats les plus défavorisés (ce qui est pourtant la solution de long terme).

Alors, mon cher Bernard, dans ce contexte, je persiste et je signe à toujours tirer les masques. Pour ne pas me mentir à moi-même, d’abord ! Et à ceux qui me lisent, ensuite…

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