L’exception française aux européennes !
J’en ai un peu assez d’entendre un peu partout cette contre-vérité selon laquelle la France , avec la nette victoire du FN aux élections européennes, participerait d’un vaste mouvement d’europhobie affectant toute l’Union . Une manière cynique de masquer la déconfiture totale des partis de gouvernement et la poussée du FN qui , indiscutablement sont bien , elles , des particularités bien françaises . Comme les problèmes qui en sont à l’origine .
Brice Couturier, dans sa chronique du 26 mai , le dit clairement ; je la livre ici in extenso :
Une lettre de Serge Griggio et un texte de son ami Jean Claude Pirotte .
J’ai reçu hier cette lettre de Serge Griggio . Elle fait suite à mon petit texte dans lequel j’évoquais l’amitié qui le liait à Jean Claude Pirotte ... Je vous la livre, sans commentaires !
Michel !
J’ai cette image de lui à sa fenêtre , regardant le ciel avec un très beau sourire , comme si la poésie était au dessus de tout , des maladies, de la souffrance , du médiocre . Il nous a fait grandir , il nous a amené plus loin avec son talent , avec ses rêves .
J’ai eu la chance de le rencontrer en 2002 , je préparais une exposition consacrée aux sdf et à des portraits de résidents d’un foyer , et un clin d’œil au Caravage .
Il m’avait écrit un très beau texte pour mon catalogue . Le voici :
» On entend le chant du peintre par la fenêtre entrouverte. Souvent c’est une mélodie noire où le rouge éclate et s’étreint.
On croit que des ombres qu’esquisse le Caravage écoutent au bas des marches. Ce sont aussi nos souvenirs trop familiers des heures fragiles et qu’une fileuse étrangement jeune tisse peut être a l’envers, ce sont aussi nos souvenirs qui écoutent.
Tout autour le crépuscule dérive et n’en finit pas de ralentir et d’allonger les gestes avant de lancer un trait qui fulgure. » Jean Claude Pirotte , le 2 janvier de l’an II
Je l’avais invité au théâtre de Narbonne , il avait lu des lettres de Nicolas de Staël . Un très beau moment !
Amitiés a toi
Le feu est dans la maison France ! …
État des lieux, rapide et succint – à chacun d’éventuellement le compléter – ,après le séisme électoral du 25 Mai – qui pourra désormais chanter » le joli petit mois de mai » ?…
Un président disqualifié et inaudible, une majorité divisée au bord de la rupture , une opinion désorientée et dans l’angoisse, une opposition de droite empêtrée dans ses affaires et paralysée par une guerre de chefs peu crédibles …
À Gauche, ne reste à l’exécutif que la réforme des collectivités territoriales pour marquer le restant de ce quinquennat . Voulue par l’opinion , elle est cependant très loin de ses préoccupations et de nombreux élus de gauche et de droite n’en veulent pas … Où elle se fera aux forceps contre une majorité d’entre eux ( voir mon récent billet sur la manifestation » syndicale » de la classe politique régionale ), ou elle ne se fera pas , ou à minima , et dans les deux cas ne rapportera de toute façon pas de gains électoraux à ses promoteurs .
À droite, après l’humiliation d’hier, son principal parti est en pleine crise .
Des règlements de comptes violents se préparent sur fond d’affaires financières qui pourraient mettre en péril l’existence même de l’UMP . Qui est à même de nettoyer ses écuries ? Tant que pèse l’hypothèque Sarkozy , personne ! Ou il se retire de la course de lui même ou il en est sorti par l’affaire Bygmalion … Ou il se lance sur un champ de ruines ! Quoiqu’il en soit la question demeure : l’UMP ( ?! ) sera – t – elle capable de se doter d’un leader incontestable à l’autorité nécessaire pour faire entendre au pays la vérité sur son état et pour définir les conditions propres à sa restauration. Le compte à rebours à commencé et le temps presse . Et manque ! …
Le centre … n’en parlons pas !
Quant au FN, les deux verrous de la diabolisation et du Front républicain ayant sauté , il est désormais au centre du jeu politique avec une cheffe , un discours , une stratégie ( démolir la droite de gouvernement et s’emparer de son hégémonie dans le champ politique, idéologique et moral ) … l’Élysée dans la ligne de mire !
Bref ! toutes les conditions d’une crise de régime sont réunies – même si la Constitution protège le Président et son gouvernement – dont la prochaine cristallisation électorale pourrait être , sera ? , l’échéance des régionales à l’automne 2015 . C’est à dire demain …
Le feu est dans la maison France !
Tristesse et désolation
Après ma réaction « à chaud », à la suite du résultat électoral d’hier soir, je ne ressens ce matin que tristesse et accablement:
– Ce résultat me paraît signer l’agonie du courant politique auquel je me rattache en profondeur, celui des gaullistes favorables à l’Europe unie des nations, au principe de réalité, au renouveau de la France par l’effort, l’ouverture au monde et le rejet de la démagogie. Que reste-t-il de ce courant, broyé entre le politiquement correct et la dérive extrémiste de la vie politique? Et comment peut-on le sauver?
– Le triomphe (même de surface, même exagéré) du fn me blesse profondément dans mon patriotisme, dans ma fierté nationale, au regard de l’image qu’il donne de mon pays en Europe et dans le monde, songeant en particulier aux déclarations et aux positions que ce parti incarne.
– La jubilation hystérique de la presse et des médias ce matin (« la France Front national », etc.) me conforte dans ce que je pressens depuis si longtemps : ce résultat a été volontairement favorisé par le monde de la presse et des médias en quête de sensationnel et dans l’objectif d’embrouiller le jeu politique, de diaboliser les débats de fond, de noyer le désastre politique en cours.
– Le fn en tête, avec environ 10% du corps électoral, crée une situation qui marque une nouvelle étape dans la décomposition convulsive de la vie politique, et l’éloigne toujours davantage de toute perspective de constitution d’une majorité déterminée à résoudre les problèmes de notre pays, économiques, sociétaux, institutionnels, Européens.
– Les événements en train de se produire nous montrent une classe politique qui exclut toute auto critique et remise en cause, s’accrochant à ses dogmes et ses rentes de situation. Il est tout simplement hallucinant que le président de l’ump, dont ce résultat par lequel l’ump perd le leadership de l’opposition, signe l’échec personnel, n’ait pas remis sa démission hier soir, sur le champ. Quant au pouvoir en place, qui répond en annonçant une « baisse d’impôt », mieux vaut ne même pas en parler.
– Le paysage politique français se trouve ainsi de plus en plus à la fois fragmenté et gelé, figé, cimenté dans sa propre médiocrité, n’offrant aucune issue, aucune perspective d’avenir. 10% de l’électorat ont voulu punir la classe politique pour s’être détournée des préoccupations des Français au profit de ses propres intérêts. Malheureusement, ils ont surtout atteint la France. La plongée en enfer n’est donc pas terminée…
Continuons d’échanger, essayons de garder le moral en cultivant nos projets personnels et nos vies privées, et tenons nous prêt si la grande force de l’histoire nous apporte des jours meilleurs.
Maxime TANDONNET
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