Contre-Regards

par Michel SANTO

Pathétiques primaires à l’UMP !

 

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Cette dernière semaine se sont déroulées les primaires de l’UMP pour désigner celui ou celle qui affrontera la candidate désignée à la succession de Bernard Delanoë, Anne Hidalgo. A cette heure, on ne connait pas le résultat du vote des militants. La seule chose que l’on sache est que cette consultation fut et restera comme la marque des tensions idéologiques et culturelles qui traversent ce parti. Peu importe qui en sortira vainqueur, le résultat est pathétique… Contestations, bugs, fraudes pour certains ; et la presse, ravie, appelée en témoin intéressé…comme Marine le Pen, ce matin , sur Radio Classique, aux anges, si on peut dire… Sans vouloir jouer les devins, je prédisais ce scénario. Paris est en effet la scène emblématique d’un combat qui n’est pas seulement celui des ambitions et des talents. J’écrivais ceci le 22 mai: 

 » Tout juste commence-t-on a mesurer l’amplitude des tensions et des clivages idéologiques au sein de l’UMP. Le  » débat  » sur le mariage pour tous , la mobilisation de la quasi totalité des troupes militantes et de nombre de ses élus pour en empêcher le vote, témoignent à l’évidence d’un repli conservateur ( au sens politique du rejet du libéralisme, à tout le moins sur les moeurs et les valeurs ) . L’offensive, en interne, des tenants d’une ligne droitière affirmée sont à la manoeuvre et tente de conquérir des positions de pouvoir ou de faire battre des personnalités de sensibilité libérale. Paris et les primaires pour désigner le candidat ou la candidate de l’UMP pour tenter de ravir la mairie au PS, sont , à cet égard, particulièrement emblématiques de cette lutte fratricide. Le jeune leader de la  » Droite forte « , G. Peltier, vient ainsi d’appeler tout récemment ses soutiens à tout faire pour que NKMorizet n’ait pas l’investiture de son parti. Ce qui, compte tenu du faible engouement des militants pour ces primaires et de la forte mobilisation des anti NKM risque fort de se produire; et assurerait de ce fait l’élection d’Hidalgo quasiment sans combat. Les  » chefs  » de l’UMP ont perçu le danger et ont illico condamné cette manoeuvre. Mais au delà de la scène parisienne, se joue en réalité un autre combat beaucoup plus important pour l’avenir de ce parti: celui des tenants d’une ligne  » à droite toute « , qui veulent faire la jonction avec des thématiques jusqu’ici exclusivement proposées par Marine Le Pen, et ceux qui, tout en prenant en compte ces dernières, veulent  préserver son noyau libéral, y compris sur le plan des moeurs… Les investitures pour les prochaines municipales seront un test grandeur nature du rapport de force entre ces deux grands courants, sous la pression des organisateurs des grandes manifs contre le mariage pour tous; voire la naissance d’une sorte de Tea Party à la française. Décidément, on n’a pas fini d’en parler ! « 

Je ne retire ni n’ajoute une seule ligne

Mon programme pour Narbonne ou pour ailleurs en 2014 !

 

 

 

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Bientôt vont apparaître dans nos journaux les premières déclarations des candidats aux municipales de 2014. Joseph Francis, s’est lancé sur Montpellier en se payant une pleine page de pub dans Midi Libre. Dans sa lettre ouverte, il dévoile ses premières intentions. Je suggère à tous les opposants aux maires en place de la région de les reprendre; ce serait en effet désespérer des électeurs qu’ils ne les entendent pas. Qu’on en juge ! 

Montpellier a besoin de quelqu’un de neuf et de désintéressé, écrit Joseph Francis, qui dit s’appuyer sur des milliers de témoignages et les travaux d’une équipe d’hommes et de femmes de tous horizons; et de présenter ainsi son projet :  »  Diminution des impôts locaux de l’ordre de 50 millions d’euros ; baisse de 30 % du prix de l’eau ; allégement d’un tiers de la facture payée par chaque foyer pour l’enlèvement des ordures ménagères ; création de dizaines de milliers d’emplois…  » Les points de suspensions signalent que la liste n’est évidemment pas close. Pour ma part, et pour Narbonne, à ce modèle standard, je rajouterai la gratuité pour tous les stationnements automobiles ( ou pas: chevaux, ânes…) en centre ville; le remboursement des frais de carburants ( paille, avoine…) pour tout achat qui y serait effectué; la suppression des rues piétonnes, des sens interdits et de toute entrave à la libre circulation de tous les moyens de déplacements présents et à venir; l’extinction définitive du vent du Nord, et accessoirement du Marin, afin d’élargir la saison touristique et calmer les nerfs de nos paisibles concitoyens… A défaut, et à Narbonne Plage, je proposerai en outre, par voie référendaire, le remplacement du sable fin par de lourds galets d’Etretat…

Je précise à la concurrence que ce programme a été breveté auprès de l’Institut National des Démagogues Démasqués. Quiconque s’en approprierait tout ou partie pourrait donc faire l’objet de poursuites devant les tribunaux de la bêtise en bandes organisées. Bon dimanche !

Leipzig, Rodez, Bruxelles, Paris ou la trajectoire du flou .

 

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Longue séquence allemande pour Hollande. Leipzig la semaine dernière; Paris, hier, avec Angela; Rodez, mercredi, chez Bosch. Jeudi, il dit à Madame Merkel, qui ne cesse de le répéter, qu’il fallait plus d’intégration européenne, harmoniser nos systèmes fiscaux , la politique sociale, les minima salariaux et améliorer la compétitivité. Elle le prend évidemment aux mots ! Comment comprendre alors, la veille, en Aveyron, qu’il fesse la Commission pour  avoir oser adresser aux pays membres des recommandations allant dans ce sens ? Ce n’est pas Bruxelles qui menace notre souveraineté; mais bien plutôt notre endettement et notre déficit de compétitivité. Sauf à imaginer que notre Président est à l’esprit l’idée saugrenue d’imposer aux Etats membres, par ce qu’il appelle un gouvernement économique européen, nos propres standards sociaux et salariaux, bref notre exceptionnel !!! modèle, pour égaliser les niveaux de compétitivité. La bonne blague! Toujours la même histoire finalement: un discours dans chaque poche. Plus d’Europe à Paris et Bruxelles; et moins à Rodez ou à Brive. Mais a-t-il vraiment le choix ? Ne rien dire contre la Commission à un an des élections européennes, c’est en effet laisser le champ libre aux souverainistes de droite et de gauche, et vivre le cauchemar de 2005 quand il dirigeait le PS… On se met deux secondes à sa place ( oui, j’ose ! ) et on se dit qu’il n’a pas d’autres choix. Un grand écart quasiment imposé.

 

 

Notre actualité et celle d’Anton Tchékhov…

 

 

 

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Quand même, je me mets quelques instants, allez au hasard, dans la peau d’un ami résidant à Catane qui lirait mes journaux quotidiens. Les évènements relatés ne l’étonneraient guère tant ils correspondent à ceux que les français dénoncent comme une singularité proprement italienne. Une véritable rafale d’affaires à mourir de honte ! Un ministre de la République en charge du budget de l’Etat pris la main dans un compte en Suisse; une affaire Tapie à 400 millions d’euros qui, par miracle, ressurgit ce matin, où certains voient déjà la patte de Nicolas Sarkozy; le même Sarkozy mis en examen par un juge Gentil grâce à l’expertise d’une amie médecin expert auprès de son tribunal; une député socialiste marseillaise condamnée pour détournement de fonds, un syndicat de juges dressant un mur de cons à abattre; des élus vauclusiens qui auraient fait élire une Le Pen pour faire tomber un UMP ; un Claude Guéant et ses tableaux de petits maîtres hollandais ; un ancien maire d’une commune du Nord dénonçant ses amis de la fédération socialiste du Nord pour de prétendus détournements de fonds… Et cette pluie qui ne cesse de tomber sur Hollande quand il sort de ses appartements élyséens pour annoncer une inversion d’une courbe qui n’en finit pas de grimper…

Hier soir, je terminais, sur ma Kindle, cette noire nouvelle de Tchékhov : la salle n°6 ( pour ceux qui ont une liseuse, disponible sur le site de la Bibliothèque libre de Québec, c’est gratuit ! ). Un univers glauque où règnent, dans le petit monde d’un asile de « fous » symbolisant la société russe de l’époque, la corruption, la tyrannie et l’absurdité. Evidemment , nous n’en sommes heureusement pas là. Quoique ! Le décor n’est certes pas le même, ni les conditions sociales et politiques. Mais des hommes, de leurs bassesses, de leurs envies, de leurs désirs de puissance et de vengeance… et de leurs peurs ? De toute éternité, ils sont ! Alors retenons surtout de cet immense écrivain ce qu’il disait de lui même et de son projet :  »  Je voudrais être un artiste libre […] Je hais le mensonge et la violence sous toutes ses formes […] Le pharisaïsme, la stupidité et l’arbitraire ne règnent pas seulement dans la demeure des marchands… Je tiens les étiquettes et les marques de fabriques pour des préjugés. Mon Saint des Saints, c’est le corps humain, la santé, l’intelligence, le talent, l’inspiration, l’amour et la liberté la plus absolue, la liberté vis-à-vis de la force et du mensonge où qu’ils se manifestent ». Un programme un peu fou, certes ! Mais quoi d’autre…Je m’y essaie !

 

 

Hollande sur le chemin de Blair, Clinton et Schröder .

 

 

 

 

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«Je garde de la social-démocratie le sens du dialogue, la recherche du compromis et la synthèse permanente entre la performance économique et la justice sociale», a déclaré François Hollande à Leipzig. C’est à Bad Godesberg, en 1959, que le SPD « a franchi le pas», a-t-il rappelé , ajoutant: « Tout n’est pas transposable. » Mais de saluer cependant les réformes engagées il y a plus de dix ans par la gauche allemande: « Le progrès, c’est aussi de faire des réformes courageuses pour préserver l’emploi et anticiper les mutations sociales et culturelles, comme l’a montré Gerhard Schröder», a-t-il insisté. Ah ! ce Schröder, qu’il avait superbement ignoré quand il était premier secrétaire du PS et Jospin premier Ministre du gouvernement, préférant recevoir alors Oskar Lafontaine, le Mélenchon allemand de l’époque ; Schröder, qui était assis au premier rang à l’écouter l’ironie aux lèvres et se remémorant sans doute le conseil alors prodigué aux socialistes français  » faites donc les 35 heures Lionel, ce sera très bien pour les entreprises allemandes « … On connait la suite. Plus sérieusement, si cela se peut, nul ne saurait contester la mutation du socialisme français qu’est en train d’engager Hollande. Et ce discours de Leipzig en est l’acte fondateur. Le problème est que le modèle social-démocrate vanté, fondé sur le couple croissance-redistribution à la hausse pour tous, l’augmentation des prestations sociales et la préservation des acquits sociaux, est dépassé. La gauche allemande et Schröder pris en exemples, c’est déjà, en réalité, un social libéralisme assumé et pratiqué; et encore un gros mot, pour beaucoup de socialistes français ! Les mois qui viennent seront cependant décisifs et devraient accélérer ce passage, par dessus la social démocratie, à un social libéralisme français de fait. Les réformes de structures : retraites, assurance chômage, prestations sociales, en seront les marqueurs et sa vérité. Au grand dam de la gauche de la gauche et des écolos, mais, grâce à la solidité des institutions de la cinquième République, sans risques politiques majeurs pour le Président et son premier ministre. La France étant le pays le plus redistributif de l’ OCDE, pour la première fois dans son histoire, la gauche, qui détient tous les pouvoirs, va donc être conduite à engager des réformes sociales à la baisse…De sorte que l’on peut déjà affirmer, en ce début de l’an II de son règne , que François Hollande ne peut espérer se faire réélire qu’avec des voix du centre et… d’une partie de la droite. Les mêmes, mais en beaucoup plus grand nombre, qui ont fait défaut à Sarkozy… Si l’UMP et ses alliés n’arrivent pas à se doter d’un programme et d’un leader, ils en sont très loin, c’est jouable. Reste l’hypothèse d’un come-back de NS !… On en reparlera!