Contre-Regards

par Michel SANTO

O sole mio…

Dans Le Point.fr, ceci :

« À quoi tient un congrès du PS… Si Bertrand Delanoë avait accepté l’offre des ­socialistes marseillais, c’est sa motion qui serait arrivée en tête le ­6 novembre. Le duel de dames n’aurait pas eu lieu, les contestations qui ont suivi pas davantage. Avec des « si », on mettrait Paris (et son maire) en bouteille, mais il s’en est bel et bien fallu d’un cheveu. Mi-septembre, le chef des socialistes marseillais, Jean-Noël Guérini, a dépêché son bras droit, Patrick Mennucci, pour négocier le ralliement des Bouches-du-Rhône. Rendez-vous a été pris avec Harlem Désir, lieutenant de Delanoë, dans un café proche du siège de Solferino. Si le deal n’a pas été scellé, c’est que le maire de Paris jugeait exorbitantes les conditions des Marseillais (notamment la tenue de primaires ouvertes à toute la gauche pour la présidentielle) et qu’il ­réprouvait les pratiques d’une fédération contrôlée par Guérini d’une main de fer. « Faire de la politique, c’est avoir une ligne et des principes », commente Harlem Désir. Ségolène Royal, elle, a topé sans ­hésiter. Résultat : elle a hérité de 4 300 voix dans les seules Bouches-du-Rhône. De quoi distancer largement ses rivaux… »

Même opération mains propres (!!!) dans l’Hérault où G. Frêche a troqué les voix de ses fonctionnaires territoriaux et de ses obligés contre sa réintégration au parti.Raté! Comme quoi la rénovation des moeurs et des pratiques promu par Ségolène passe aussi par des alliances méditerranéennes aux accents disons, pour rester courtois… napolitains. Je l’imagine tenant par la main Guérini et Frêche :  » Fra…ter…ni…té… »  » Fra… … … » …

 » Moi, je vais vous dire… »

 

  » Moi, je vais vous dire…  » l’expression qui revient sans cesse et en boucle dans la bouche de Ségolène quand elle implore, interroge ou apostrophe. Ce  » moi, je  » qui signe son projet : être élue à la présidentielle, sa conception du parti: une masse de supporters opiumisés à l’image, son programme: une république de gogos adoratifs. Et ses moyens? les fédérations clientélistes du Sud et les stars du spectacle.Un oxymore social ! Bref, Ségo est  à Martine, ce que Nicolas était à Dominique. On comprend pourquoi Valls et Mignard veulent assigner devant la justice et l’opinion la félone Aubry.Et que le véritable inspirateur de madame Royal est monsieur Sarkozy… 

La marque Ségolène.

29% des voix du PS, moins que la minorité de blocage, pour l’ex et toujours candidate à l’élection présidentielle, et c’est une victoire, nous disent les  » journaux « . J’avoue ne pas comprendre, sinon que le  » parti « , pour utiliser un langage militant, est profondément divisé. Sur le fond? je ne crois pas. Sur la manière de faire de la politique? Certainement. Ce qu’à compris Ségolène, et qui prouve son intelligence politique, c’est que la vielle méthode: un programme élaboré rationnellement présenté à des électeurs faisant usage de leur raison, ça ne marchait plus!. Dans nos sociétés, on ne vend plus principalement de l’utile et du nécessaire, mais du rêve et du superflu. Elles carburent au marketing et à la pub. La marque ne signe plus le produit, le produit c’est la marque. Et la marque, le  » design » de madame Royal sont incontestablement plus adaptés à la demande de l’opinion, plus  » vendeurs  » que ceux de ses concurrents. On peut regretter ces évolutions sociétales et politiques, comme moi, mais c’est ainsi: nous sommes définitivement entrés dans l’ère de la politique spectacle où le look et l’affectif importent plus que le fond et la raison.