Contre-Regards

par Michel SANTO

Qui s’intéresse encore au congrès de Reims?

Eh bien le voilà le plan en 3 volets  (prises de participations dans les banques, isolement des dettes pourries et aides au marché interbancaire) coordonné au plan européen que voulait le  » marché « . Echaudés par la faillite de Lehman Brothers et la non intervention de l’administration américaine, tous les détenteurs de fonds de placement avaient vendu leurs titres placés dans le secteur  bancaire et financier. Leur objectif était de bloquer la circulation monétaire et celle des crédits pour obliger les Etats à garantir leur retour sur ce marché. C’est fait, et la purge peut commencer. Si, au plan financier le  » marché « a gagné, au plan politique, et en Europe, c’est le couple Sarko-Brown. Le second parce qu’il fut le premier à concevoir et mettre en place un plan complet de crise ( et pour cause, l’industrie financière anglaise est une des plus importantes de la planète ). Le premier,  pour s’être appuyé sur le second et l’imposer au reste de l’Europe, en deux temps et moins de 15 jours. Fallait le faire! Enfin, cerise sur le gâteau, l’opposition socialiste va probablement voter le volet français…Au fait qui s’intéresse encore au congrès de Reims?…

La bourse chute! et alors…

Toutes les bourses chutent, et alors! Le problème n’est pas là, et ce pour une raison simple: toutes les entreprises, toutes, voient leur valeur fondre et sont donc, toutes, potentiellement achetables. Et l’étant toutes aucune ne le peut, acheter. Par contre, il est bien vrai que les vendeurs d’actions qui se précipitent sur des obligations d’Etat à trois mois perdent du capital. Et alors! cette perte d’aujourd’hui est un gain dans le futur pour les nouveaux acheteurs. Toute cette masse de valeur n’est pas partie en fumée, en effet, comme se plaît à le raconter une presse paresseuse et ignare. Il s’agit tout simplement d’ un transfert de valeur entre vendeur et acheteur. Ce qui, entre parenthèses, permet à ces nouveaux entrants en général jeunes, d’accèder  à des  » biens  » jusqu’alors réservés aux  » vieux « . Non, ce qui pose surtout problème une fois la garantie des dépôts et l’absence de faillite bancaire assurées, c’est le gel des cédits interbancaires au jour le jour et l’assèchement consécutif des ménages et des entreprises pour financer leurs trésoreries et/ou leurs investissements. Les banques qui ont du casch ne prêtent plus à celles qui ont les caisses vides et les prix des produits dérivés de crédit offrant une « assurance » contre le non-remboursement d’un crédit ( de l’ordre de la dizaine de milliers de milliards) s’envolent, traduisant ainsi, tout simplement, la probabilité perçue de non-remboursement des dettes des entreprises bancaires. En conclusion, tant que les Etats ne garantiront pas, après les dépôts des particuliers et l’absence des faillites bancaires ( par le rachats d’actifs pourris et des nationalisations partielles ou totales ) ces prêts interbancaires, on ne sortira pas de la crise. La totale quoi! Un rêve de militant socialiste réalisé par des gouvernements libéraux…

Liberté et morale (ouh! le vilain mot )

Philippe Thoreux, dans son commentaire de mon dernier billet:  » Haut le coeur  » m’écrit ceci: » Hélas les fameuse régulations qui sont souvent un boulet pour l’initiative, ignorent tout bonnement ces comportements irresponsables… » Il a raison! Aucune loi, aucune régulation, aucune administration étatique de l’économie et des entreprises, à la chinoise, à la coréenne, à la française ne pourra empêcher que les détenteurs du pouvoir politique, juridique, économique ou des trois à la fois se  » payent  » ce genre de frivolités. Et je connais des présidents d’agglomérations et de régions de gauche, qui aujourd’hui s’étranglent en fausses indignations et se drapent dans les plis de la vertu, s’en allaient hier en compagnie de courtisans et faire valoir de toute engeance en  » voyages d’études » (?) aux quatre coins de la planète.. Dans l’ordre de la morale, de l’ éthique de la gouvernance dans le langage contemporain, le jurico-politique est en effet en grande partie impuissant. Des solutions pourtant existent, comme la mise en place de chartes de déontologie ( certaine entreprises s’en sont dotées ). A la condition toutefois qu’elle soit rendues publiques et que leurs comptes-rendus d’application le soient tout autant. Si la crise a un sens, indépendamment de la mise à jour de défauts de régulation, c’est bien aussi celui là. Celui d’une certaine moralisation des comportements et des pratiques de ceux qui nous gouvernent.Dans l’ordre économique comme dans l’ordre politique…La liberté d’entreprendre et la libre admistration de nos collectivités publiques ne doivent plus être le cache sexe des abus et des excés de pouvoir…De tous les pouvoirs!  

Haut le coeur !

 » Sauvée en urgence par l’état belge et à peine rachetée par BNP-Paribas, la branche assurances de Fortis a invité 50 personnes à un « événement culinaire » dans l’un des restaurants les plus chers de Monaco : le Louis XV. On compte parmi les convives, essentiellement des courtiers externes et quelques membres de la direction. Coût de l’opération : 150.000 euros, révèle le quotidien belge De Morgen. »  Soit 3000 euros par personne ! Au Louis XV !
Si l’info donnée par le Figaro.fr est exacte, la première décision de BNP-Paribas devrait être de virer cette anonyme « direction des assurances de Fortis » et de lui faire rendre gorge ces 3000 euros pour atteinte à la dignité des personnes touchées et blessées par la crise.Dans leur conscience comme dans leur vie.C’est à dire vous et moi.

Accoyer déconne.

Accoyer déconne. Dans un climat anxiogène où la moindre des plus petites phrases produit des ravages financiers, psychologiques et politiques, le voilà, bonasse et irresponsable qui nous balance son idée d’amnistie fiscale pour nos immigrés de la  » haute  » . Idée qui, non seulement est stupide au plan financier, mais qui, de surcroît, nous indigne au plan moral. Après Fillon et sa faillite, et Sarkozy ouvrant sa chasse au bouc-émissaire, il ne manquait plus que le patron de l’Assemblée pour perdre ses nerfs. C’est dans les périodes de crise que se révèlent les  » hommes d’état « . Mais à droite on perd la boule, à gauche la tête et chez tous le Nord… Un miracle que, dans ce contexte, 79 % des français gardent confiance dans la solidité de leur banque. La preuve, peut-être, d’un sang froid et d’une lucidité dont devraient faire preuve nos agités du bocal politique.