Contre-Regards

par Michel SANTO

La bourse chute! et alors…

Toutes les bourses chutent, et alors! Le problème n’est pas là, et ce pour une raison simple: toutes les entreprises, toutes, voient leur valeur fondre et sont donc, toutes, potentiellement achetables. Et l’étant toutes aucune ne le peut, acheter. Par contre, il est bien vrai que les vendeurs d’actions qui se précipitent sur des obligations d’Etat à trois mois perdent du capital. Et alors! cette perte d’aujourd’hui est un gain dans le futur pour les nouveaux acheteurs. Toute cette masse de valeur n’est pas partie en fumée, en effet, comme se plaît à le raconter une presse paresseuse et ignare. Il s’agit tout simplement d’ un transfert de valeur entre vendeur et acheteur. Ce qui, entre parenthèses, permet à ces nouveaux entrants en général jeunes, d’accèder  à des  » biens  » jusqu’alors réservés aux  » vieux « . Non, ce qui pose surtout problème une fois la garantie des dépôts et l’absence de faillite bancaire assurées, c’est le gel des cédits interbancaires au jour le jour et l’assèchement consécutif des ménages et des entreprises pour financer leurs trésoreries et/ou leurs investissements. Les banques qui ont du casch ne prêtent plus à celles qui ont les caisses vides et les prix des produits dérivés de crédit offrant une « assurance » contre le non-remboursement d’un crédit ( de l’ordre de la dizaine de milliers de milliards) s’envolent, traduisant ainsi, tout simplement, la probabilité perçue de non-remboursement des dettes des entreprises bancaires. En conclusion, tant que les Etats ne garantiront pas, après les dépôts des particuliers et l’absence des faillites bancaires ( par le rachats d’actifs pourris et des nationalisations partielles ou totales ) ces prêts interbancaires, on ne sortira pas de la crise. La totale quoi! Un rêve de militant socialiste réalisé par des gouvernements libéraux…

Liberté et morale (ouh! le vilain mot )

Philippe Thoreux, dans son commentaire de mon dernier billet:  » Haut le coeur  » m’écrit ceci: » Hélas les fameuse régulations qui sont souvent un boulet pour l’initiative, ignorent tout bonnement ces comportements irresponsables… » Il a raison! Aucune loi, aucune régulation, aucune administration étatique de l’économie et des entreprises, à la chinoise, à la coréenne, à la française ne pourra empêcher que les détenteurs du pouvoir politique, juridique, économique ou des trois à la fois se  » payent  » ce genre de frivolités. Et je connais des présidents d’agglomérations et de régions de gauche, qui aujourd’hui s’étranglent en fausses indignations et se drapent dans les plis de la vertu, s’en allaient hier en compagnie de courtisans et faire valoir de toute engeance en  » voyages d’études » (?) aux quatre coins de la planète.. Dans l’ordre de la morale, de l’ éthique de la gouvernance dans le langage contemporain, le jurico-politique est en effet en grande partie impuissant. Des solutions pourtant existent, comme la mise en place de chartes de déontologie ( certaine entreprises s’en sont dotées ). A la condition toutefois qu’elle soit rendues publiques et que leurs comptes-rendus d’application le soient tout autant. Si la crise a un sens, indépendamment de la mise à jour de défauts de régulation, c’est bien aussi celui là. Celui d’une certaine moralisation des comportements et des pratiques de ceux qui nous gouvernent.Dans l’ordre économique comme dans l’ordre politique…La liberté d’entreprendre et la libre admistration de nos collectivités publiques ne doivent plus être le cache sexe des abus et des excés de pouvoir…De tous les pouvoirs!  

Haut le coeur !

 » Sauvée en urgence par l’état belge et à peine rachetée par BNP-Paribas, la branche assurances de Fortis a invité 50 personnes à un « événement culinaire » dans l’un des restaurants les plus chers de Monaco : le Louis XV. On compte parmi les convives, essentiellement des courtiers externes et quelques membres de la direction. Coût de l’opération : 150.000 euros, révèle le quotidien belge De Morgen. »  Soit 3000 euros par personne ! Au Louis XV !
Si l’info donnée par le Figaro.fr est exacte, la première décision de BNP-Paribas devrait être de virer cette anonyme « direction des assurances de Fortis » et de lui faire rendre gorge ces 3000 euros pour atteinte à la dignité des personnes touchées et blessées par la crise.Dans leur conscience comme dans leur vie.C’est à dire vous et moi.

Accoyer déconne.

Accoyer déconne. Dans un climat anxiogène où la moindre des plus petites phrases produit des ravages financiers, psychologiques et politiques, le voilà, bonasse et irresponsable qui nous balance son idée d’amnistie fiscale pour nos immigrés de la  » haute  » . Idée qui, non seulement est stupide au plan financier, mais qui, de surcroît, nous indigne au plan moral. Après Fillon et sa faillite, et Sarkozy ouvrant sa chasse au bouc-émissaire, il ne manquait plus que le patron de l’Assemblée pour perdre ses nerfs. C’est dans les périodes de crise que se révèlent les  » hommes d’état « . Mais à droite on perd la boule, à gauche la tête et chez tous le Nord… Un miracle que, dans ce contexte, 79 % des français gardent confiance dans la solidité de leur banque. La preuve, peut-être, d’un sang froid et d’une lucidité dont devraient faire preuve nos agités du bocal politique. 

La crise des idées, à gauche…



A la question posée par la rédaction du Monde « Y a-t-il de vraies différences d’approche entre les deux candidats ( Obama, McCain ) quant au traitement de cette crise financière, qui devient de plus en plus une crise économique globale ?  » Voici la réponse de Marie-Pierre Ripert :  » On voit que les réponses des deux candidats à la crise financière sont finalement assez proches. Ils ont été favorables tous les deux au plan présenté par Paulson et voté par le Congrès, mais n’apportent pas, outre ce plan, de réponse originale, alternative à la crise. En tout cas, dans le débat d’hier soir, il n’y avait guère de nouvelles mesures destinées à régler la crise financière actuelle. » Et H. Hamon le leader de la gauche du PS, lui, de proposer un programme économique et social inspirer d’Obama. On croit rêver! Quant aux autres, pataugeant dans la même confusion, ils égrènent un chapelet de clichés du style :  » il faut changer de système » ( Aubry ) » la solution c’est le socialisme «  ( Delanöe…). Nous voilà bien avancés! Spectacle désolant d’un parti de gouvernement incapable d’offrir une alternance politique crédible, et qui résulte de son parti pris de n’avoir point d’ennemis sur sa gauche et à l’extrême gauche . En ces temps de crise financière, cela saute dorénavant à la figure: le PS est en pleine confusion idéologique .Reste que le seul de ses dirigeants audible, en ce moment, est le patron du FMI, Dominique S.K. Nul doute que durant les années difficiles qui viennent, on l’entendra encore plus souvent…Car c’est au FMI que reviendra la responsabilité d’exercer une surveillance financière et monétaire, une régulation financière plus importante correspondant à l’économie mondialisée du XXI siècle…Une situation et une expérience qui le prépare, plus que tout autre, dans son parti, à l’exercice des plus hautes responsabilités, en France…