Contre-Regards

par Michel SANTO

Notable donc coupable.

C’est le titre de l’excellent téléfilm que je viens de voir sur la 2. Des acteurs épatants , notamment C. Berling, un scénario simple et bien construit, un montage vif et nerveux, et le tout au service d’un sujet passionnant : le pouvoir de manipulation des médias. L’histoire? Prenez deux prostitués mythomanes, un gendarme évangéliste, un tueur en série ; mettez-les dans une grande ville de province où un grand quotidien régional veut la peau de son ancien maire; agitez ces ingrédients sur un fond de sauce politicien et lancez quelques rumeurs bien salées. Enfin, après avoir laisser reposer à feu doux, lâchez la meute médiatique. Résultat: un coupable idéal ! C’est un homme politique de premier plan, il est plutôt beau gosse, a une belle femme, une belle maison et détient un pouvoir forcément pervers … Fatalement coupable… La suite demain et déjà une première leçon: la manipulation des esprits et le lynchage public sont l’inconscient collectif de ceux là mêmes qui prétendent au devoir d’informer. C’est sur une chaîne de télé du service public que cela nous est dit.Un retour sur soi lucide et salutaire, mais qui ne nous fera pas oublier sa participation à la curée médiatique dont furent victimes certaines personnalités d’une grande capitale régionale voisine…

Cox à Narbonne

 Cox
Trois jours d’Espagne à Narbonne. Comme promis, lors de mon séjour à Cox (province d’Alicante), Carmelo, son maire, et Tayo, son adjoint, sont venus à la rencontre des nombreux narbonnais d’origine espagnole venus de cette petite cité située entre Murcia et Alicante. Ils n’étaient pas seuls! Musiciens de la  » Armonica « , parents, et mon cousin Manuel Santo, les accompagnaient. Que d’émotions pendant cette fin de semaine. Surtout samedi après midi, pendant le concert, dans une salle des Synodes bondée où se massaient de nombreuses personnes qui m’ont connu enfant, leurs yeux brillants, exprimaient la joie de ces retrouvailles avec leur village, leur province.. Des Vicente, des Morales, des Rives, des Santacruz… Le début d’une relation promise à de nombreux développements, comme s’y sont engagés Michel Moynier, le maire de Narbonne, et Carmelo Fulleda, le maire de Cox. Michel Moynier qui m’avait donné « cartes blanches » pour ce faire, et qu’il convient de remercier ici. A cette heure, mes amis sont sur la route, et dans quelques minutes j’irai voir mon père. C’est son anniversaire aujourd’hui: 82 ans. Hier au soir, immobilisé sur son lit, il discutait en espagnol avec son cousin Manuel, 82 ans, comme lui aussi… Leur dernière rencontre sans doute… Étrange coïncidence… Ah! Manuel, sans le savoir, quel cadeau ! Buen viaje con todos… Gracias, Carmelo y Tayo.Y hasta pronto…

Vendanges amères.

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Nous sommes en pleine vendanges. A Narbonne comme dans toutes les autres régions viticoles.C’est aussi la rentrée des politiques locaux et du député, qui en profite pour visiter les caves coopératives de l’arrondissement. Mais pour un autre genre de cueillette.Celle des voix, des voix électorales s’entend.Car celle de ses amis socialistes parisiens et régionaux, bonjour ( soyons gentils ) l’ambiance! L’aimant s’affole  » sur la boussole du PS  » et Ségolène en perd la boule. La voilà qui se prend à présent pour Jésus et Jeanne d’Arc réunis, confirmant ainsi le jugement de Jospin :  » personne de second rang « . Ce qui n’est pas, comme dirait l’autre, forcément un handicap en politique.Quant à  » sa garde rapprochée  » locale, qui fut , hier, bien bavarde et qui, à présent, la voit s’en aller sur les voies du Seigneur  » sans pouvoir en évaluer les conséquences « , elle se tait. A croire que l’opposition à Michel Moynier, le maire de Narbonne, s’est mise « en quarantaine ». Dans le pressoir! Espérons quand même que l’épreuve ne sera pas trop longue et qu’il en sortira un bon  » jus « . Il n’est pas sain, en effet, que le seul Midi Libre local, un modèle de journalisme et d’objectivité, s’y substitue. Au risque d’en récolter d’amères désillusions.

Suerte Manuel!

corida.jpgLa journée a bien commencé. Manuel Valls était l’invité d’Ali Baddou, l’animateur des Matins de France Culture. Ce jeune dirigeant socialiste est à peu près le seul qui sache retenir mon attention et qui pourrait redonner de l’espoir à ceux qui ne se satisfont pas d’un PS proche du  » chaos ». Ce qui est mon cas. La vie démocratique de notre pays n’a rien à gagner en effet à ce genre de situation. Elle a , au contraire, besoin d’une véritable et forte opposition. Il fallait donc l’entendre, Manuel, sur  » la globalisation », « la crise de l’Etat-Providence », »l’immigration », »le libéralisme »… »l’autorité », » le travail ». Quels coups de balais dans la cour des vieilles idées! L’entendre aussi revendiquer sans complexes son social libéralisme et appeler ses amis à s’inspirer des leçons et des expériences des travaillistes anglais et des démocrates américains…L’entendre enfin déclarer qu’il fallait  » débarrasser le camp du progrès de ses oripeaux gauchistes ». Et son ami, Denis MacShane, le député travailliste britannique, présent au micro, d’en rajouter une couche en lui suggérant de renvoyer ses intellectuels de gauche à l’Université et de les y confiner. Bref, ce matin était un vrai festival de la pensée; une pensée exprimée  de surcroît dans une langue qui , contrairement à l’habitude, n’était pas de bois… Suerte Manuel!