Quelques réflexions, sans doute impertinentes, sur le Parc naturel régional de la Narbonnaise
On sait que les limites du PNR ont fait l’objet, lors de son lancement par la Région alors présidée par J. Blanc, d’âpres discussions .Je ne suis pas sûr que la préoccupation principale, en ce temps là, ait été de donner au territoire concerné une identité claire. Je pense plutôt que, dans la mosaïque des territoires de la Narbonnaise, aucun d’entre eux n’a été sérieusement étudié, et retenu, en fonction de sa plus grande sensibilité aux risques environnementaux et de l’homogénéité de ses caractéristiques naturelles.
Quand on regarde la carte de la Narbonnaise, on observe, en effet, que la « frontière » actuelle du PNR, est, en gros, structurée par l’ Y autoroutier, avec, du côté littoral, un axe Fleury-Leucate, et du côté Piémont un axe Boutenac-Fitou. On ne manquera pas de constater aussi un certain nombre de « trous » et de contournements :la partie bâtie de Narbonne, Gruissan, Port la Nouvelle et Treilles.
Un ensemble territorial, donc, particulièrement hétérogène, coupé en deux par l’axe autoroutier le plus chargé en trafic de camions de l’hexagone avec, d’un côté, une zone lagunaire remarquable et extrêmement fragile, mais sans Gruissan ( ?!), et, de l’autre, de la plaine et du Piémont.
J’observe, en outre, que, pour ce deuxième ensemble, il n’y a vraiment aucune raison objective pour le limiter à l’axe Boutenac- Fitou. Le périmètre pourrait, en effet, sans obstacles politiques (il n’y en a théoriquement plus à présent) remonter jusqu’à Lagrasse, Mouthoumet… Voire au-delà !?
J’ajoute enfin que, si on prend en considération les communes dites « associées » au P.N.R, on se retrouve au total avec trois sous-ensembles découpés par deux voies autoroutières. Et très différents du point de vue de leurs « valeurs » et de leurs sensibilités environnementales. Au total, un véritable patchwork !
On voit bien, aujourd’hui, que la seule logique qui a présidé à cette définition géographique est une logique principalement institutionnelle. Une logique qui consistait à prendre la plus grande « part de marché » possible dans le champ du développement local. Une logique enfin qui avait aussi forcément à voir avec les objectifs politiques du pouvoir régional de l’époque, notamment l’extension de son champ d’influence?Disant cela , je ne formule aucun jugement de valeur. Il est après tout « normal » que les politiques aient le souci d’accroître leur hégémonie.
La conséquence en est que le PNR se retrouve, dans un nouveau contexte profondément modifié par la mise en place des intercommunalités (communauté d’agglomération, communautés de communes, pays et SYCOT) dans une position où ses moyens et ses actions, définis principalement dans une perspective territoriale et institutionnelle extensive, viennent « perturber » ces nouvelles intercommunalités. Intercommunalités dotées de moyens fiscaux importants et de compétences clairement définies par la loi (environnement, eau, économie etc…)
Les « coûts » internes au PNR engendrés par cette situation ne sont pas négligeables : sureffectifs, prosélytisme tout azimut pour financer la structure.Auxquels il faut ajouter d’autres effets générateurs de coûts comme la « gestion des conflits » entre structures, la concurrence « communicationnelle » etc.
Le plus surprenant, dans cette affaire, est que le nouveau pouvoir régional ait laissé les choses inchangées. A croire que la seule chose qui importait était de changer de vice-présidents ! Sauf à considérer que le dispositif mis en place par J.Blanc ne souffrait d’aucune imperfection ! Et qu’il convenait de le garder en l’état – pour poursuivre les mêmes objectifs !?
Mon point de vue, au contraire, est qu’il importe de changer le périmètre géographique du PNR afin de remédier aux incohérences relevées dans les chapitres précédents. Pour ce faire, il faut donc le réviser pour n’en conserver que le seul territoire lagunaire. Ce territoire est, en effet, le plus emblématique, le plus homogène et le plus sensible de la Narbonnaise.
Un PNR resserré au plan géographique et environnemental et, lui « tournant le dos », circonscrit par la seule A 9, devrait aussi revoir le champ de ses actions pour les adapter à ce nouveau territoire. Les autres actions, elles, pourraient, sans grandes difficultés, être transférées, avec leur personnel, aux nouvelles intercommunalités (C.A.N, Pays, communautés de communes et SYCOT.)
Ainsi, affecté d’une plus grande lisibilité géographique, environnementale et institutionnelle, le PNR gagnerait beaucoup en intensité. Ce qui compenserait largement ce que certains pourraient interpréter, à tort, comme une perte de substance. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, il est bien établi que l’efficacité n’est pas proportionnée à la taille.
Le débat est donc ouvert. Non par goût de la « dispute », mais parce qu’il me semble nécessaire et utile.Je le souhaite riche. Pour cela,deux conditions doivent être réunies : la franchise et la sincérité. On ne pourra pas me faire le reproche d’en avoir manqué.