Région « Occitanie-Pyrénées-Méditerranée ». Questions sur une « omerta » médiatique et politique concernant la condamnation pour « abus de confiance » d’une Vice-Présidente PS de la Région…
Il a donc fallu que l’hebdomadaire de Montpellier l’Agglorieuse, sous la plume de Tristan Cuche, et le site d’actualité Lengadoc Info, la révèle, mercredi 27 juillet, pour que l’on sache enfin que madame Béatrice Négrier, Vice-Présidente PS de la Région « Occitanie », par ailleurs maire de Plaissan, dans l’Hérault, a été condamnée, fin mai, à 4000 € d’amende par le tribunal correctionnel de Montpellier pour « abus de confiance ». Un jugement devenu, depuis, définitif.
L’extraordinaire est que cette décision de justice concernant une élue de haut rang n’a fait, jusqu’à ces derniers jours, l’objet d’aucun commentaire. Et pour cause, les « grands » médias régionaux, en général très alertes sur ces affaires d’abus ou de détournements de fonds, avaient délibérément choisi d’ignorer précisément celle-là. On se demande bien pourquoi! Le principe de précaution moral et juridique n’est pas habituellement, dans ces circonstances, un réflexe conditionné chez des professionnels qui, au contraire, en font ordinairement leurs choux gras.
Une question d’autant plus légitime que madame Négrier a reconnu sa faute à l’audience, et accepté la sanction du tribunal. S’agirait-il alors d’un pêché d’ignorance malencontreux, la conséquence de trop fortes pressions sur la rédaction du Midi Libre, notamment, à qui il serait demandé d’insupportables efforts de productivité, d’une faute professionnelle – et intentionnelle? Qui, sérieusement, peut le croire ? Je note que, depuis, le Midi Libre s’est courageusement rattrapé et a repris, élégamment, le scoop de nos deux médias montpelliérains, sans les citer … deux jours après.
L’affaire est pourtant loin d’être anecdotique. La somme « détournée » par madame Négrier s’élèverait, d’après Lengadoc Info, à 340 000 €, mais ayant tout remboursé et ne s’étant pas enrichie, aucune peine d’éligibilité n’a été requise contre elle, comme le précise « un magistrat ayant suivi le dossier », rapporte le même Midi Libre. Soit! Et selon la savoureuse formule hypocritement consacrée, je ne commenterai donc pas cette décision de justice, somme toute bien clémente, on en conviendra aisément. (3 août: la réaction officielle du MRC, cité dans cette affaire, en cliquant sur ici)
Cela dit, le fait que cette « dame » ait traversé une année noire ce que je veux bien croire, soit excipé par elle et son avocat pour expliquer son geste délictueux et la dédouaner de toute responsabilité morale et politique me semble à tout le moins offensant envers les électeurs de cette région, en général, et les siens en particulier. Même si je sais qu’il n’existe pas de tribunaux autres que la « conscience » de l’intéressée pour décider de la conduite à tenir dans cette circonstance, la responsabilité politique de celle qui dirige la Région « Occitanie-Pyrénées-Méditerranée » est toutefois indirectement engagée. Ce qui devrait l’amener, à s’expliquer sur cette condamnation pour « abus de confiance » de sa 8e vice-présidente en charge de l’Emploi, de la formation professionnelle et de l’Apprentissage, qui plus est!
J’observe, enfin, que le président du groupe PS au Conseil Régional, Christian Assaf, d’habitude exagérément bavard et toujours sans nuances, a accepté de s’exprimer pour affirmer laconiquement, dans une langue de bois aussi maîtrisée qu’un gourdin, « qu’il ne ferait aucun commentaire sur une décision de justice ». Alors que la question qui lui était posée était d’ordre essentiellement politique…
Reste encore à élucider un point nullement évoqué dans la « littérature » médiatique concernant cette affaire, à savoir le rôle joué par les instances fédérales du parti socialiste de l’Hérault.
En effet, madame Négrier a été élue, sur le contingent du PS, aux dernières régionales, dans l’Hérault, sur une liste conduite par Virginie Rozière (PRG), et dans laquelle figurait Hussein Bourgi, le 1er secrétaire fédéral du parti socialiste de ce département, lui aussi élu à la Région dans cette fournée. Or madame Négrier a été condamnée pour des faits datant de 2010! Qui peut donc croire, là encore, que ces faits et leurs caractères délictueux étaient alors ignorés de cette instance fédérale? Ou qu’elle en sous-estimait de bonne foi les conséquences judiciaires? Personne, à l’évidence. Prétendre le contraire serait en effet prendre ses dirigeants pour de « gentils » amateurs ou de fieffés imbéciles. Ce qu’ils ne sont évidemment pas! De sorte qu’ils portent aujourd’hui une part importante de responsabilité dans le sort médiatique et politique, peu enviable il est vrai et parfois inutilement agressif, réservé à madame Négrier, comme dans les difficultés actuelles dans lesquelles se trouve empêtrée madame Delga, la présidente du Conseil Régional.
Le moment venu, s’il vient un jour, peut-être saurons nous qui, et pour quelles raisons, a pris ce risque de proposer une candidature moralement et politiquement plus que contestable. À moins qu’on la considère comme tout à fait normale, et désespérer ainsi ceux qui croient toujours et encore, malgré tout ce qui aujourd’hui la contredit, à la noblesse de l’engagement politique…
Mots-clefs : Béatrice Négrier, Carole Delga, Christian Assaf, Hussein Bourgi, Midi Libre, Philippe Saurel, PS, Région "Occitanie-Midi-Méditerranée", Virginie Rozière
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